Pas tou·te·s à la même enseigne !

Comment la pandémie a enrichi la grande distribution et fragilisé les travailleuses

Dans un nouveau rapport, Oxfam montre comment la pandémie a creusé les inégalités dans les chaînes d’approvisionnement mondiales des supermarchés en enrichissant les grandes fortunes de la planète au détriment des travailleurs et des travailleuses.

Les femmes, majoritaires dans les emplois peu qualifiés et mal rémunérés des grandes chaînes d’approvisionnement, sont plus durement touchées par les impacts de la crise.

Communiqué de presse

Les plus grands supermarchés mondiaux ont enregistré des bénéfices records pendant la crise

Selon Oxfam, les principaux supermarchés côtés en bourse aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas ont distribué 98% des bénéfices réalisés pendant la crise à leurs actionnaires et augmenté les dividendes et les primes de 123 % entre 2019 et 2020.

Dans le même temps, l’exploitation et la discrimination basées sur le genre et les inégalités dans les chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales sont toujours monnaie courante. Au Brésil par exemple, dans de nombreuses chaînes de la grande distribution de la production de café, une étude menée par Oxfam entre novembre 2020 et février 2021 met en lumière des conditions de travail s’apparentant à de l’esclavage moderne.

Les femmes du monde entier, qui travaillent dans ces chaînes d’approvisionnement, ont par ailleurs vu leurs revenus stagner, voire baisser entre 2019 et 2020.

Lire le rapport (en anglais)

Lire le résumé en français 

En France, la grande distribution alimentaire affiche également des gains faramineux

En France en 2020, le secteur de la grande distribution alimentaire enregistre une croissance de 6,3% du chiffre d’affaires alors qu’en 2019 les ventes avaient progressé de moins de 1%.

Le groupe Carrefour, côté en bourse, a ainsi vu ses bénéfices augmenter de 107% entre 2019 et 2020 et a augmenté ses dividendes de 114%. Pourtant, les inégalités criantes au sein du groupe sont toujours légion. Son PDG, Alexandre Bompard, gagne 430 fois plus que le salaire moyen de son entreprise ! Et les primes COVID versées aux salarié.e.s de Carrefour ne représentaient que l’équivalent de 2% des salaires du groupe.

Ces chiffres illustrent une tendance mondiale : face aux bénéfices records, les plus grands supermarchés ont préféré rémunérer leurs actionnaires plutôt que d’investir pour améliorer leur chaîne d’approvisionnement à plus long terme et protéger les travailleurs et travailleuses.

Dans les chaînes d’approvisionnement alimentaires, les femmes sont plus durement impactées

Les femmes, surreprésentées dans les emplois peu qualifiés et mal payés des grandes chaînes d’approvisionnement, ont été plus durement touchées par la crise. Le rapport d’Oxfam révèle ainsi que :

  • En 2018, il fallait plus de 4 000 ans à une ouvrière travaillant dans une usine de transformation de crevettes en Thaïlande pour gagner ce que le directeur général d’un supermarché américain gagne en moyenne en un an. Ce chiffre est passé à plus de 5 700 ans en 2020.
  • Au Brésil, les productrices de café gagnent 16 % de moins que leurs homologues masculins alors qu’elles ont en moyenne un niveau d’éducation plus élevé.
  • En France, 76% des employé·e·s de caisse sont des femmes. Entre 2017 et 2019, 55% des employé·e·s de caisse étaient à temps partiel. 37% gagnaient moins de 1 250 euros net par mois, 77% moins de 1 500 euros net, et le salaire net médian était de 1 300 euros net par mois.

Oxfam appelle à un plan de relance féministe

A l’occasion du Forum Génération Egalité (30 juin – 2 juillet 2021), Oxfam appelle la France à s’engager en faveur de mesures fortes pour corriger l’aggravation des inégalités entre les femmes et les hommes à travers le monde, avec notamment les mesures suivantes :

  • Contraindre les grandes entreprises à adopter de toute urgence une politique globale en matière d’égalité des sexes et des plans d’action pour garantir le respect des droits des femmes dans leurs propres activités et dans leurs chaînes d’approvisionnement.
  • Revaloriser des métiers à prédominance féminine et remédier à la sous-représentation des femmes à la tête des entreprises.
  • Soutenir une législation européenne sur le devoir de vigilance et la gouvernance d’entreprise durable contraignant les entreprises à respecter les droits humains, à commencer par l’égalité entre les hommes et les femmes sous peine de sanction juridique, et à investir suffisamment à long-terme dans les chaînes d’approvisionnement, au lieu de maximiser les versements aux actionnaires.
  • Empêcher les entreprises de verser des dividendes tant que des mesures n’ont pas été prises pour verser un salaire décent aux travailleurs et travailleuses de leurs principales chaînes d’approvisionnement. Moins de 1 % des dividendes versés par les supermarchés aux actionnaires en 2020 permettrait de payer un salaire décent à tous les travailleurs du plus grand État producteur de café du Brésil.

Vous aussi, mobilisez-vous à nos côtés pour un plan de relance féministe !

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Auteur(s) :

Oxfam

Date de parution :

Juin 2021