Violences basées sur le genre : l’autre pandémie

Le nouveau rapport d’Oxfam « L’autre pandémie : les crises interconnectées des violences basées sur le genre et de la Covid-19 » montre que les violences basées sur le genre ont augmenté en flèche dans le monde entier pendant la pandémie.

Dans de nombreux foyers, le coronavirus a exacerbé l’anxiété sociale et l’angoisse, le stress et la pression économique, l’isolement (aux côtés notamment de proches ou partenaires violents) et la consommation d’alcool et de drogue, des conditions qui, réunies, ont aggravé les violences domestiques. Face à cette violence accrue : le silence des gouvernements.

Communiqué de presse

Une montée en flèche des violences basées sur le genre dès le début de la pandémie

Le nouveau rapport d’Oxfam révèle que le nombre d’appels à des lignes d’écoute spécialisées dans la prise en charge des violences domestiques a augmenté de 25 à 111% dans certains pays. On découvre par exemple une hausse de 25% en Argentine et au Royaume-Uni, 50% en Chine et en Somalie, et 73% en Italie. C’est en Malaisie que l’augmentation est la plus inquiétante (111%).

Dans d’autres pays, les décès consécutifs à des violences domestiques ont triplé lors des premiers confinements. 

La forte hausse des violences a affecté de manière disproportionnée les personnes qui étaient déjà le plus susceptibles de se retrouver confrontées à ce type de violences : celles qui se trouvent à l’intersection de plusieurs oppressions basées sur le genre, la race, la classe sociale ou l’orientation sexuelle. Les femmes résidant en contextes fragiles ou zones de conflits sont également concernées. Une enquête du Comité international de secours réalisée dans 15 pays a montré que 73 % des femmes réfugiées et déplacées ont signalé une augmentation des violences domestiques pendant la pandémie de COVID-19, et que 51 % ont signalé une augmentation des violences sexuelles.

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Violences basées sur le genre : une pandémie, avant la pandémie

Bien avant l’arrivée de la COVID-19, les femmes – y compris les filles et les femmes transgenres, ainsi que les personnes LGTB faisaient face à une pandémie tout aussi dévastatrice, mais passée sous silence.

A l’échelle mondiale, les violences basées sur le genre figurent parmi les causes de décès, de blessures et de souffrances mentales et émotionnelles les plus courantes. Une femme sur trois, soit 736 millions, sera confrontée à des violences physiques ou sexuelles de la part d’un conjoint ou d’une autre personne au cours de sa vie.

Le rapport d’Oxfam met en lumière le fait que, sur la seule année 2018, plus de 245 millions de femmes et de filles ont été confrontées à des violences sexuelles ou physiques au sein du couple, un chiffre qui dépasse celui du nombre mondial total de cas de coronavirus entre octobre 2020 et octobre 2021 (199 millions).

Face aux violences basées sur le genre, des gouvernements silencieux

Cette violence accrue est en grande partie une conséquence directe des décisions prises par les gouvernements et autres décisionnaires. Pendant la crise, les organisations de défense des droits des femmes ayant pour mission de soutenir les femmes, les filles et les personnes LGBTQIA+ confrontées à des violences ont été plus susceptibles de subir des coupes budgétaires, au moment même où leur travail était le plus urgent.

Si 146 États membres des Nations Unies ont par ailleurs exprimé leur soutien à l’intégration de la lutte contre les violences faites aux femmes dans leurs plans de reprise et de réponse à la COVID-19, peu ont tenu leur engagement. Sur les 26 700 milliards de dollars de fonds mobilisés par les gouvernements et les bailleurs pour répondre à la pandémie en 2020, 0,0002 % seulement ont été investis dans la lutte contre ces violences.

L’urgence d’adopter des approches tenant compte des questions de genre

Pour lutter véritablement contre les violences basées sur le genre, Oxfam recommande notamment :

  • Les gouvernements et les bailleurs doivent allouer plus de fonds aux organisations de défense des droits des femmes et aux mouvements féministes dont la mission est d’éradiquer les violences basées sur le genre et de venir en aide aux personnes ayant été confrontées à des violences
  • Mettre en place des approches systémiques, intersectionnelles et multisectorielles dans leurs stratégies de lutte contre les violences basés sur le genre
  • Adopter des plans de relance entièrement féministes qui prévoient les moyens suffisants pour lutter efficacement contre les violence à l’égard des femmes – y compris les filles et les femmes transgenre – ainsique de ceux et celles appartenant à la communauté LGBTQIA+.
  • Investir davantage dans la collecte de données plus pertinentes et l’analyse des statistiques nationales ventilées par genre, afin de s’assurer que les interventions sont étayées par des données probantes.

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Auteur :

Oxfam

Date de parution : 

Novembre 2021