Journée internationale contre les violences faites aux femmes : les femmes de RD Congo en première ligne !

A l’occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes le 25 novembre, Oxfam France souligne le lourd tribut payé par les femmes et filles en République Démocratique du Congo (RDC).

Le conflit en cours en RDC a déjà fait plus de 5.4 millions de morts. En particulier à l’Est, les exactions commises contre les civils continuent et les femmes en sont les premières victimes. Le viol est devenu une arme de guerre systématique et un vecteur de transmission accélérée du VIH / SIDA. Oxfam France attire l’attention sur la gravité des violences actuelles sur la vie des femmes congolaises :

  • Une femme est violée au moins toutes les 38 minutes
  • Un accouchement a lieu dans des conditions sanitaires et médicales indécentes toutes les minutes ; une femme ou son enfant meurt en couche toutes les 23 minutes dans les régions de l’Est les plus exposées au conflit (deux fois plus qu’à l’échelle nationale)
  • 7 femmes meurent du VIH toutes les heures, soit une femme toutes les 9 minutes

Oxfam France salue l’engagement de la France en faveur de la résolution passée jeudi dernier au Conseil de Sécurité des Nations unies autorisant le déploiement de 3 000 soldats et officiers de police supplémentaires au sein de la MONUC (Mission des Nations unies en République Démocratique du Congo). Cependant, cette action du Conseil de Sécurité ne permet pas de répondre immédiatement à l’urgence de la crise qui se déroule en ce moment sur le terrain : Oxfam France demande le déploiement immédiat de forces supplémentaires, notamment européennes.

« A cause du conflit, les femmes continuent à être violées, déplacées, contaminées par le VIH Sida, et à mourir en couche. Les populations de RDC ne peuvent attendre les trois à quatre mois que le déploiement de nouvelles troupes prendrait en temps normal. La situation sur le terrain requiert immédiatement davantage de soldats et seule l'Union européenne est capable de répondre rapidement à ce genre de crises » affirme Nicolas Vercken, d’Oxfam France. Le déploiement de troupes doit être associé à la définition d'une ligne politique claire pour améliorer la mise en œuvre du mandat de protection des civils par la MONUC. Des instructions sans ambigüité doivent être données de manière urgente pour prévenir et réduire les menaces auxquelles les populations font face.

Le conflit actuel et l’impunité dont bénéficient les groupes armés représentent une menace réelle pour des millions de femmes. Les témoignages des victimes sont accablants.

Naomi Daniela, 45 ans. Mère de famille (avec son fils Bienfae) "Mon mari se prénommait Joseph. Il était homme d'affaire. Une nuit, ces hommes sont venus chez nous et l'ont enlevé. J'ai essayé de les en empêcher. Je leur demandais ce qu'ils allaient lui faire. Ils m'ont écartée puis l'un d'entre eux m'a planté un couteau dans l'épaule. Je pleurais et tous mes enfants pleuraient, je ne savais pas quoi faire. J'ai couru chez mon frère pour demander de l'aide. Mon frère et ses amis sont partis chercher mon mari. Ils ne sont jamais revenus."

Jeanne Mbehere, 30 ans. Enceinte. « Je suis ici avec mon mari et mes cinq enfants. Le sixième peut naitre d'un moment à l'autre. Mon oncle a été tué dans les champs. Et mon frère a reçu une balle dans la tête alors qu'il était assis sous un arbre. La paix est tout ce que je souhaite, pour que nous puissions retourner dans notre village. Il n'y restera plus rien. Nous devrons recommencer nos vies, reconstruire nos maisons, et démarrer de nouvelles plantations pour nous nourrir. »

Contact

Contact presse : Paris : Magali Rubino, + 33 (0)1 56 98 24 45 / + 33 (0)6 30 46 66 04

Notes aux rédactions

Oxfam France a lancé une campagne urgente de mobilisation et d’interpellation des pouvoirs publics – « Massacre en cours ! » – pour que la France, l’Union européenne et les Nations unies s’engagent fermement en faveur de la protection des civils et de l’établissement d’une paix durable en République démocratique du Congo.

Ces portraits et témoignages sont issus d'une exposition intitulée Cheka Kidogo ("Rigole un peu" en swahili), qui se tient à Londres jusqu'au 21 décembre 2008. Réalisés à l'été 2008 près de Goma (Est du Congo) par le photographe britannique Rankin, dans le cadre d'un projet avec Oxfam Grande-Bretagne, ils souhaitent montrer un autre visage, courageux et plein d'espoir, des civils frappés par le conflit