A l’occasion de la Conférence humanitaire internationale pour le Soudan et la région, tenue aujourd’hui à Paris, les pays ont promis un total de 2 milliards de dollars, un peu moins de 50% des besoins nécessaire dans la région.

Fati N’Zi Hassane, Directrice d’Oxfam en Afrique, a déclaré :
« Cette réunion était une opportunité de changer la donne pour le Soudan et la région. Une fois de plus, les dirigeants ont fait preuve d’un mépris pour la vie des Soudanaises et Soudanais et de leurs voisins, en ne promettant qu’une fraction minime des 2,7 milliards de dollars nécessaires pour aider plus de 14,7 millions de personnes et des 470,4 millions de dollars nécessaires pour sauver la vie de plus de 1,7 million de personnes du Soudan déplacées dans les pays voisins. Outre la fuite face au conflit en cours, la faim pousse désormais des millions de personnes à traverser les frontières vers des pays où la situation humanitaire est désastreuse. La République centrafricaine, le Tchad, l’Éthiopie, et le Soudan du Sud, tous classés parmi les 13 États les plus fragiles au monde, sont déjà gravement sous-financés pour répondre aux besoins urgents de leur population et ces nouveaux flux de personnes aggravent encore la situation.
Cette conférence n’a pas su répondre aux attentes mais il n’est pas trop tard pour agir. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés alors que les conditions se détériorent davantage. La crise imminente est évidente, et une action rapide et coordonnée est essentielle pour sauver des vies. Les dirigeants doivent également veiller à ce qu’il y ait un cessez-le-feu immédiat et mettre en œuvre des mesures concrètes pour faire face à la catastrophe en cours. »

Pour Nicolas Vercken, directeur des campagnes, du plaidoyer et des programmes d’Oxfam France, et présent à la Conférence pour Oxfam :

« Ils font fois deux, alors que collectivement les bailleurs de fonds doivent multiplier leur aide par 20. En tant qu’hôte de la conférence, la France doit montrer l’exemple et devrait en réalité annoncer au moins une multiplication par 5 de son aide pour répondre aux besoins humanitaires. Si l’aide française au Soudan et ses voisins va augmenter et atteindre 110 millions d’euros, elle reste donc largement insuffisante. Ces fonds couplés à des coupes budgétaires massives de l’Aide Publique au Développement de près de 800 millions d’euros risquent d’affaiblir de manière dramatique la réponse aux crises internationales en cours. Le gouvernement français doit prendre ses responsabilités et rétablir la trajectoire de l’aide publique au développement française tout en apportant une réponse proportionnée à la crise soudanaise. »

Notes aux rédactions :

• Le Plan de Réponse Humanitaire (PRH) pour le Tchad de 2023 a vu une augmentation du nombre de personnes ayant besoin d’aide passé de 6,9 millions à 7,6 millions, mais il ne reste financé qu’à un quart. Une partie du financement destiné aux crises internes existantes du pays a été redirigée vers l’est du Tchad pour répondre à la crise des réfugiés.
• En Éthiopie, seuls 23 % des besoins de la réponse aux réfugiés soudanais avaient été couverts jusqu’en octobre 2022, laissant un déficit de financement d’environ 70 millions de dollars. Le manque de financement a poussé de nombreux partenaires à suspendre des services essentiels.
• Le Plan des besoins humanitaires et de réponse pour le Sud-Soudan de 2024 indique que 9 millions de personnes auront besoin d’aide humanitaire au Sud-Soudan, dont plus de 1,6 million d’enfants qui sont exposés à un risque de malnutrition aiguë.
• Seuls 7 % des besoins énoncés dans le plan de réponse régionale aux réfugiés pour le Soudan en 2024 ont été satisfaits.
• Le Plan des besoins humanitaires et de réponse pour le Soudan de 2024 nécessite 2,7 milliards de dollars pour fournir une assistance vitale et de protection à 14,7 millions de personnes à travers le Soudan en 2024. Jusqu’à présent, l’appel n’est financé qu’à hauteur de 3,1 %.

Contact :

Louis-Nicolas JANDEAUX, 06.49.15.58.60, lnjandeaux@oxfamfrance.org