Sécheresse historique aux Etats-Unis : la flambée des prix des céréales révèle les défaillances du système alimentaire mondial

Alors qu'une personne sur sept souffre de la faim dans le monde, et que plus de 18 millions de personnes sont actuellement menacées par une {{[crise alimentaire dans la région du Sahel->Crise-alimentaire-au-Sahel,1338]}}, Oxfam dénonce l'impact sur la sécurité alimentaire mondiale des politiques de soutien aux agrocarburants dans les grands pays producteurs de céréales. La sécheresse exceptionnelle ne saurait expliquer à elle seule l'envolée des prix alimentaire mondiaux.

Les Etats-Unis sont le premier producteur mondial de maïs et de soja, le premier exportateur de blé. Face à la sécheresse exceptionnelle qu’a connue la Corn Belt ces dernières semaines, les cours des céréales se sont envolés à la bourse de Chicago, puis sur l’ensemble des marchés mondiaux. Ce choc climatique confirme un peu plus une tendance de fond : le prix des denrées alimentaires, et en particulier des céréales et des oléagineux, a tendance à augmenter constamment depuis plusieurs années.

Des pics vertigineux peuvent conduire, comme en 2008, à des émeutes de la faim dans les pays les plus vulnérables en termes de sécurité alimentaire. Pour Oxfam, dans un contexte de dérèglement climatique mondial et d'augmentation globale de la demande alimentaire, les politiques de soutien aux agrocarburants jouent un rôle décisif dans cette tendance à la hausse des prix alimentaires.

Pour Clara Jamart d’Oxfam France :
« En Europe comme aux Etats-Unis, une part croissante de la production agricole est destinée au marché énergétique, via les agrocarburants. 40% du maïs américain est ainsi aujourd’hui destiné à la production d’agrocarburant. Cette politique entraîne une tension de plus en plus forte sur l'offre alimentaire et tire les prix mondiaux des produits alimentaires vers des sommets.

Dans ces conditions, les chocs climatiques se multipliant dans les grands pays céréaliers (Etats-Unis, Ukraine, Russie…), les conséquences sont désastreuses et mettent en péril le droit à l'alimentation de millions de personnes. »

Les grandes puissances de ce monde, au premier rang desquelles l'Union Européenne et les Etats-Unis, doivent mettre fin aux politiques de quotas d’incorporation d’agrocarburants dans les carburants traditionnels, ainsi qu’aux politiques fiscales qui soutiennent la production et la consommation d’agrocarburants.« 

La spéculation excessive sur les marchés alimentaires mondiaux amplifie encore la volatilité des prix des denrées alimentaires de base comme les céréales. Les pratiques spéculatives sur les marchés de produits dérivés de matières premières doivent impérativement être mieux régulées.

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Pierre Motin – motin@oxfamfrance.or – 01 77 35 76 10 – 06 12 12 63 94

Notes aux rédactions

– Depuis le 15 juin, le cours du maïs à Chicago a déjà augmenté de 57,3% et celui du blé de 45,6%. Sur le marché européen Euronext, la hausse du cours du blé est elle de 32,4%.

– Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en juillet a clôturé vendredi dernier à 7,4325 dollars contre 6,7250 dollars la semaine précédente à la clôture. Cela représente une progression hebdomadaire de 10,5%. Les spécialistes estiment que le seuil des 10 dollars pourrait être dépassé dans les jours qui viennent.

– Le boisseau de blé à même échéance a fini à 7,9125 dollars contre 7,3900 dollars vendredi dernier, soit une hausse de 7,1% sur la semaine.

– Le contrat sur le boisseau de soja pour livraison en juillet a terminé à 16,1975 dollars contre 15,1275 dollars une semaine plus tôt à la clôture (+7,1%).

Les prix des céréales sont aujourd'hui plus élevés qu’en 2008 au moment des émeutes de la faim.

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