Réaction à l’introduction d’Euronext sur les marchés financiers

Demain 20 juin, Euronext, la société qui gère les bourses de Paris, Bruxelles, Amsterdam et Lisbonne sera introduite sur les marchés financiers. Après une longue année de négociations, le gouvernement français a réussi à convaincre BNP Paribas et Société Générale, aux côtés d’autres investisseurs publics et privés, d’entrer à son capital d’actionnaires.

Pour Oxfam France, Bercy semble donc encore une fois avoir cédé aux pressions du secteur financier aux dépens d’une taxe sur les transactions financières (TTF) soutenue par une majorité des citoyens européens. Le gouvernement applaudit aujourd’hui l’investissement des banques françaises dans Euronext, tout en maintenant le flou sur sa position sur la TTF européenne.

« La participation des banques françaises à la capitalisation d’Euronext ne trompe personne. Et pour cause. Pendant toutes les négociations sur leur participation, les banques françaises n’ont cessé d’exiger en retour un assouplissement de la position française sur la taxe européenne sur les transactions financières », souligne Alexandre Naulot, d’Oxfam France.

Euronext a notamment annoncé son souhait d’augmenter les transactions effectuées sur les produits dérivés, un de ses objectifs de développement représentant aujourd’hui 11% des transactions réalisées sur ses marchés. Ironiquement, la France reste plus que prudente sur leur taxation, alors qu’ils sont connus pour être les plus spéculatifs.

«Tout en se félicitant de l’arrivée de BNP Paribas et Société générale dans Euronext [1], Michel Sapin agit en coulisses pour affaiblir la taxe sur les transactions financières au niveau européen. Il serait naïf de ne pas y voir un lien, si ce n’est le résultat du pacte scellé entre les banques françaises et Bercy », ajoute Alexandre Naulot.

« En se prononçant publiquement en faveur du développement en France des produits dérivés, reconnus comme les plus spéculatifs, et pour l’exclusion des dérivés d’actions de la taxe sur les transactions financières [2], Michel Sapin ne laisse aucun doute sur la priorité de son agenda : le développement, quel qu’en soit le prix, de la place financière française. Le financement de la solidarité internationale continue lui de faire du surplace », ajoute Alexandre Naulot.

Bercy continuera-t-il à faire mentir le Président de la République, qui s’était engagé à taxer l’ensemble des transactions financières ? Les six prochains mois de négociations européennes, qui doivent aboutir à la mise en place d’une taxe ambitieuse, en particulier sur l’ensemble des produits dérivés, pour la solidarité internationale, la lutte contre le sida et le changement climatique, nous le diront.

« Une déclaration publique de la France en faveur d’une taxe ambitieuse sera la seule réponse à nos interrogations quant au poids du lobby financier sur le gouvernement actuel ».

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Magali Rubino
Responsable des relations média
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Notes aux rédactions

[1] http://proxy-pubminefi.diffusion.finances.gouv.fr/pub/document/18/17496.pdf

[2] Le 17 juin dernier, Michel Sapin, dans une interview dans les Echos, a déclaré « qu’il n’est pas question que certains pays ou secteurs soient plus pénalisés que les autres. Pour ce qui concerne la future taxation des produits dérivés, il n’y pas de raison pour que la place de Paris, très en pointe sur les dérivés actions soit désavantagée par rapport aux autres ».
http://patrimoine.lesechos.fr/patrimoine/assurance/0203570172746-nous-voulons-mettre-lepargne-au-service-des-entreprises-1013505.php?8LisujuwYBEFHZtd.99

Depuis un an, les liens entre la TTF européenne et la société de gestion boursière Euronext ont été soulignés à plusieurs reprises : 

• Plusieurs sources avaient déjà indiqué qu’une négociation était entamée sur la mise en place d’une taxe faible sur les transactions financières en échange d’un investissement des banques françaises au capital d’Euronext.

• Alors que l’Assemblée Nationale avait demandé l’élargissement de la taxe française sur les transactions financières aux opérations « intra-journalières » et aux transactions à haute fréquence, l’amendement avait été rejeté après que l’ancien Ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, avait indiqué qu'elle porterait atteinte à  « la liquidité [de] l'entreprise Euronext dont l'avenir serait compromis ». 

• Cette capitalisation survient alors que le Ministère des finances a démontré plusieurs fois son souhait de développer la place financière parisienne. Dernière initiative en date : la mise en place d’un « Comité pour la Place financière de Paris à l’Horizon 2020 ».