Aide au développement sacrifiée : l’engagement de la France au plus bas depuis 13 ans

En 2014, seul 0,36% du revenu national brut de la France a été consacré à l’aide publique au développement, le plus bas niveau d’investissement dans cette politique publique depuis 2001. C’est moitié moins que l’objectif de 0,7% que s’étaient fixé de nombreux pays industrialisés, grande promesse de la France, restée lettre morte.

Selon les chiffres publiés ce mercredi 8 avril par l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), l’aide publique au développement française a régressé de 9,2% en 2014 alors que la tendance mondiale se stabilise à un point historiquement haut. C’est la quatrième année consécutive de baisse pour la France, en contradiction avec le positionnement affiché par le Président de la République et le gouvernement français.

« Au moment même où on observe un creusement des inégalités mondiales, une multiplication des catastrophes liées au changement climatique, une recrudescence des conflits armés, la France s’ampute d’un formidable outil de réponse à ces défis. », constate Christian Reboul, Responsable de Plaidoyer « Financement du Développement » à Oxfam France.

D’autres pays européens, confrontés aux mêmes difficultés économiques et budgétaires, ont fait le choix d’une aide publique au développement ambitieuse. Le Royaume-Uni vient par exemple d’inscrire dans la loi l’affectation de 0,7% de son revenu national brut à la solidarité internationale, et y a effectivement consacré 0,71% en 2014. Sur la même période, l’Allemagne a augmenté son aide au développement de 12%. « Dans le cas de l’aide publique au développement de la France, c’est tout simplement la volonté politique qui fait défaut », regrette Christian Reboul.

La baisse continue de l’aide publique au développement française a d’ores et déjà un impact sur les programmes de soutien au développement des services publics des pays les moins avancés. C’est notamment le cas dans le domaine de la santé. « Alors que l’épidémie Ebola a cruellement démontré les fragilités des systèmes de santé en Afrique subsaharienne, le désengagement de la France apparaît bien peu pertinent, si ce n’est dangereux », explique Christian Reboul.

La baisse de l’aide au développement à destination des pays les plus pauvres, constante depuis quelques années, se confirme en 2014. « Nous partageons l’inquiétude de l’OCDE vis-à-vis de cette tendance, que la France alimente en réduisant ses subventions aux seize pays pauvres qu’elle a pourtant identifiés comme prioritaires », note Christian Reboul.

2015 sera jalonné d’échéances politiques et diplomatiques visant à redéfinir les enjeux du développement, telles que la conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement en juillet et la conférence de Paris sur le climat en décembre. Pour Christian Reboul, « La France ne peut être une force de proposition solide et crédible dans ces négociations quand, par ses choix budgétaires, elle semble renoncer à être un acteur majeur de la solidarité internationale ».

C’est maintenant, lors des premiers arbitrages pour le budget 2016, que doit être décidé le changement de cap de la France en matière d’aide publique au développement. A deux ans de la fin de son mandat, il est plus que jamais crucial que François Hollande respecte ses engagements présidentiels et que la France réinvestisse le terrain de la solidarité internationale.

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Cécile Génot
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