Les Nations Unies ont estimé l’année dernière que les engagements climatiques actuels de la communauté internationale feront augmenter les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) de 10,6 % d’ici à 2030 alors que celles-ci devraient, au contraire, diminuer d’au moins 45 % pour maintenir la température mondiale sous la hausse de 1,5°C.

Alors que le Sommet du G20 se déroule en Inde les 9 et 10 septembre et que les Nations Unies s’apprêtent à dévoiler le premier Bilan Mondial[i],chargé d’évaluer si le monde est sur la bonne voie pour respecter l’Accord de Paris, Oxfam révèle la responsabilité majeure des pays du G20 dans ce retard catastrophique et les appelle à corriger le tir au plus vite.


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Le G20 est responsable des 78 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Or la nouvelle étude réalisée pour Oxfam et publiée aujourd’hui, qui passe au crible les promesses d’action climatique de chaque pays du G20[ii] via trois méthodes différentes, montre que les pays du G20 atteindront des émissions situées entre 6,7 et 6,9 tonnes par personne en 2030, soit près du double de ce qu’elles devraient être selon le GIEC pour éviter les impacts délétères du changement climatique.

 

Les pays du G20 loin de faire leur juste part de l’effort

Le constat est encore plus frappant quand on s’intéresse à la part juste que devrait prendre chaque pays du G20 en fonction de sa responsabilité historique dans le changement climatique et de ses capacités à y faire face. Deux des méthodes utilisées dans l’étude estiment ainsi, en se référant à des critères d’équité, que les pays du G20 à haut revenu émettront en 2030 entre 8,9 et 19,4 tonnes de trop par personne par rapport à ce qu’ils devraient viser s’ils assumaient leur juste part.

Selon Guillaume Compain, chargé de plaidoyer climat chez Oxfam France : « Pour assumer leur juste part de l’effort climatique mondial, les pays riches doivent non seulement rehausser au plus vite leurs ambitions de baisses d’émissions mais aussi soutenir les réductions de GES dans les pays du Sud global via des financements climatiques et une coopération accrue ».

« Alors qu’ils n’ont toujours pas tenu leur engagement des 100 milliards de dollars annuels en financements climatiques envers les pays du Sud global et que les besoins de ces Etats deviennent colossaux, il est impératif que les pays riches dégagent des financements bien supérieurs et ce dès cette année ».

Le refinancement du Fonds Vert, la création du Fonds pour les pertes et dommages, mais aussi les discussions sur le nouvel objectif de financements climatiques post-2025, sont autant d’occasions pour les pays riches d’afficher leur bonne volonté.

 

La France a le devoir de rehausser ses ambitions climatiques et ses financements vers les pays du Sud global

La France doit faire beaucoup mieux qu’aujourd’hui. Même si elle atteignait l’objectif européen moyen de réduire ses émissions de GES de 55% d’ici 2030 par rapport à 1990, elle émettrait encore 12 tonnes de trop par habitant selon la méthode Climate Equity Reference Project (CERP), qui prend en compte les critères d’équité, comme les responsabilités historiques et les capacités respectives des Etats.

Pour Guillaume Compain : « Alors que le Gouvernement français s’apprête à présenter son programme de planification écologique et plusieurs lois visant à réduire les émissions de GES de la France, il doit faire preuve d’une ambition encore plus élevée que ses engagements actuels s’il entend assumer sa juste part de l’effort ».

« Par ailleurs, tandis que la France fournit moins de 7 milliards de dollars de financements climatiques annuels aux pays du Sud global et que seuls 7% de ses financements bilatéraux sont versés sous forme de dons, elle se doit d’augmenter considérablement sa contribution financière et renforcer la part allouée aux dons ».

Notes aux rédactions :

L’étude d’Oxfam « Les pays du G20 font-ils leur juste part dans l’atténuation du changement climatique ? » (en anglais) et son résumé (en français)

Les chercheurs ont évalué les dernières CDN du G20 à l’aide des méthodes Climate Action Tracker (CAT), Climate Equity Reference Project (CERP) et Equal Per Capita Consumption CO2 (EPCCC).

Les chiffres énumérés ci-dessus pour les émissions par habitant utilisent uniquement le CAT et le CERP parce que leurs chiffres incluent tous les gaz à effet de serre (mais excluent les émissions provenant de la déforestation et d’autres utilisations des terres et changements d’utilisation des terres), alors que l’EPCC ne mesure que le dioxyde de carbone provenant de l’énergie et de l’industrie et exclut l’utilisation des terres et la sylviculture. Les conclusions sur les plans d’émissions du G20, y compris celles concernant les pays à revenu élevé et moyen, reflètent l’analyse des trois méthodologies.

Le CAT et le CERP sont les méthodologies généralement utilisées par les organisations de la société civile. Il n’existe pas de méthodologie convenue ou commune entre les pays ou les organisations intergouvernementales. Oxfam considère que le CERP répond le mieux aux critères d’ambition et d’équité selon ses normes. La recherche visait à comparer diverses méthodologies et à présenter leurs résultats plutôt qu’à les approuver.

Contact :

Guillaume Compain | Chargé de plaidoyer climat, Oxfam France | gcompain@oxfamfrance.org | 06 85 26 01 08

 

[i] Le Bilan Mondial est un rapport de la Convention-Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) destiné à réaliser un point d’étape des réussites et difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris et visant à proposer des solutions pour atteindre les objectifs fixés par l’accord. Le premier Bilan Mondial sera présenté le 8 septembre 2023.

[ii] Les « contributions déterminées au niveau national » (ou CDN) prévues dans l’Accord de Paris.