Le premier cas confirmé de COVID-19 a été signalé dans le camp de réfugiés de Moria, situé dans l’île grecque de Lesbos. Le gouvernement grec et ses partenaires européens doivent immédiatement prendre des mesures urgentes pour éviter une tragédie sanitaire dans le camp.

Pour Cécile Duflot, Directrice générale d’Oxfam France « L’arrivée du coronavirus dans le « hotspot » de l’UE à Moria est une catastrophe pour les personnes qui y sont bloquées. Lors de ma dernière visite, avant l’arrivée du Covid, les conditions d’hygiène dans le camp et ses alentours étaient déjà déplorables, et l’arrivée de la pandémie ne peut qu’aggraver la situation. Cette menace exige une réponse urgente. La «distanciation sociale» et les pratiques d’hygiène recommandées pour réduire les risques sont impossibles : il y a près de 12 000 enfants, femmes et hommes piégés dans un camp construit pour moins de 3 000 personnes.

Les conditions dans le camp ne permettent pas de faire face au Covid-19 : il n’y a pas assez de toilettes, de douches ou d’accès à l’eau. Sans intervention immédiate et drastique, cette situation pourrait dériver en une crise sanitaire dévastatrice pour beaucoup de personnes déjà affaiblies. »

Les mesures prisent pour évacuer certaines des personnes les plus vulnérables des camps grecs et l’engagement pris par 12 États membres de l’UE de relocaliser des enfants non accompagnés sont positives. Cependant, la situation actuelle est conséquence de gouvernements qui ont ignoré les avertissements sur les conditions dangereuses dans les camps pendant des années, et ont plutôt doublé leurs politiques migratoires inhumaines.

Pour Natalia-Rafaella Kafkoutsou, Experte en loi d’asile au Greek Council for Refugees – GCR, organisation partenaire d’Oxfam, «Près de six mois après le début de la pandémie, le plan d’urgence conçu par la Grèce est encore loin d’être suffisant pour protéger correctement les personnes qui demandent l’asile, le personnel des camps de réfugiés et la population en général des îles grecques. Il se base presque exclusivement sur la restriction de la circulation des personnes, plutôt que sur une prévention et une réponse adéquates. »

Au lieu de protéger les personnes, les autorités grecques ont infligé des amendes aux dispensaires du camp et fermé les sites d’hébergement nécessaires sur le continent. Il est nécessaire de tester le plus grand nombre de personnes possible et isoler les cas positifs dans des installations appropriées. Le gouvernement grec et ses partenaires de l’UE doivent prendre des mesures immédiates et transférer tout le monde hors du «hotspot» vers des installations convenables en Grèce continentale mais aussi dans d’autres États membres de l’UE.

 

Contact Presse :

Jon Cerezo, Responsable campagne migrations, 06 51 15 54 38

 

Notes aux rédactions :

• Un homme somalien réfugié de 40 ans, est le premier cas de COVID-19 dans le camp de Moria. Il ne se sentait pas bien hier soir et a été transféré en ambulance à l’hôpital local, où il a été testé positif Covid-19.

• Le gouvernement grec a élaboré un plan d’urgence en trois étapes pour les camps de réfugiés. L’étape 1 – déjà activée pour tous les camps insulaires grecs – consiste à isoler le camp et à restreindre les déplacements. Une fois les premiers cas confirmés, la deuxième étape consiste à mettre le camp en quarantaine, à interdire aux ONG d’entrer et à mettre en place des «postes de santé» pouvant accueillir jusqu’à 30 personnes. Cette étape a été activée dans plusieurs autres camps de réfugiés jusqu’à présent. La dernière étape, en cas d’épidémie massive, consiste à séparer les personnes infectées de celles qui ne le sont pas. Le plan est en grande partie réactif plutôt que préventif. De plus, de nombreux détails sur la manière exacte dont il sera mis en œuvre ne sont pas clairs: où les personnes seront-elles amenées en cas d’évacuation, comment cela se passera-t-il et qui effectuera l’évacuation?

• Fin août, dans le camp de Moria sur l’île grecque de Lesbos, près de 12 000 personnes – dont près de la moitié sont des enfants (40%) – étaient entassées dans un espace aménagé pour moins de 3 000 personnes. Jusqu’à 160 personnes utilisent les mêmes toilettes sales et plus de 500 personnes par douche. Dans certaines parties du camp, 325 personnes partagent un robinet et il n’y a pas de savon. 15 à 20 personnes peuvent vivre dans un seul conteneur, dans des tentes ou des abris de fortune.

• Plus tôt cette année, plusieurs États membres de l’UE, dont la France, la Croatie, l’Allemagne, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg et le Portugal, ont accepté de relocaliser au total 1 600 enfants non accompagnés des camps de réfugiés de la mer Égée. Depuis le début de cette initiative, 229 enfants ont été transférés dans six pays de l’UE, le plus récemment en France et en Finlande, mais des mois après l’engagement des États membres, des centaines d’enfants attendent toujours dans les camps.