Amener le secteur privé de la santé à aider les plus démunis : bon sens ou optimisme aveugle ?

Article de Marame N'Dour, responsable de plaidoyer santé pour Oxfam France, et Anna Marriott, spécialiste des questions de santé pour Oxfam. Cet article a été publié dans le n°17 "Quel rôle pour le secteur privé de la santé dans les pays en développement ?" (juin 2013) de la revue "Secteur privé et développement", revue du groupe Proparco, de l'agence française de développement.

De nombreux bailleurs internationaux pensent que la couverture de santé universelle peut être atteinte en développant le secteur privé de la santé dans les pays à faibles revenus. Pourtant, Oxfam a mis en évidence les faiblesses du secteur privé en la matière – et le coût d'une telle approche. La voie la plus efficace et rentable pour garantir la couverture sanitaire universelle consiste au contraire à renforcer le secteur public de la santé. La mise en place de la couverture sanitaire universelle (CSU) gagne du terrain dans le monde. La CSU a pour objectif de garantir à toutes et tous l'accès à des services de santé de qualité, indépendamment de la capacité de chacun à payer. La mise en place de la CSU repose sur le développement des services et sur une réduction drastique des paiements pris en charge directement par les patients. De plus en plus d'études affirment que les services publics de santé, en dépit de graves difficultés dans de nombreux pays, sont les systèmes de santé les plus équitables et les plus performants. En outre, les plus démunis bénéficient d'une meilleure prise en charge dans le cadre de systèmes de santé fondés sur l'universalité plutôt que sur le ciblage. De nombreux bailleurs de fonds internationaux voudraient pourtant nous faire croire qu'un secteur privé bien établi et en croissance est le meilleur moyen d'atteindre la CSU.