« Cartes sur table » : comprendre la crise alimentaire mondiale

Dix mythes à déconstruire sur les causes de la crise alimentaire mondiale

Notre système alimentaire mondiale actuel est profondément inégalitaire et n’est viable ni pour les populations ni pour la planète. Alors même que des millions de personnes peinent à tous les jours à se nourrir, les plus grands négociants mondiaux de matières premières agricoles réalisent des bénéfices records. 

Un nouveau rapport d’Oxfam déconstruit 10 mythes concernant notre système alimentaire et propose une autre analyse, pour un système alimentaire mondial plus égalitaire et durable sur le long terme.

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La faim, un fléau mondial aggravé encore davantage par les crises et conflits

La crise alimentaire à laquelle nous sommes confronté.e.s n’est pas nouvelle. Avant le début de la guerre en Ukraine, on estimait déjà à 828 millions le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde, soit près d’un dixième de la population mondiale, en raison d’un cocktail funeste associant inégalités extrêmes, pauvreté et conflits.

Les effets de la guerre en Ukraine devraient plonger 47 millions de personnes supplémentaires dans une faim aigüe. On estime qu’une personne meurt de faim toutes les 48 secondes en Ethiopie, au Kenya et en Somalie, pays d’Afrique de l’Est ravagés par la sécheresse. La faim gagne également du terrain dans les pays riches. En France, entre 2 et 4 millions de personnes ont eu recours à l’aide alimentaire en 2021.

Système alimentaire mondial : un discours erroné à déconstruire

Le monde dispose des outils nécessaires pour anticiper et répondre à l’aggravation de la faim dans le monde, mais continue de choisir de ne pas agir aussi rapidement et sérieusement que la crise l’exige. Les débats actuels sur l’alimentation et la faim doivent se renouveler et les mythes déconstruits.

Le nouveau rapport d’Oxfam fait la lumière sur 10 mythes à déconstruire :

  • Mythe 1 : Le monde est confronté à une nouvelle crise alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine ;
  • Mythe 2 : L’augmentation des prix des denrées alimentaires a un impact sur chaque individu à l’échelle de la planète, si bien que tout le monde est perdant ;
  • Mythe 3 : Il n’y a pas assez de nourriture disponible pour nourrir le monde ;
  • Mythe 4 : Nous devons intensifier la production alimentaire pour répondre à la demande
  • Mythe 5 : Nous devons nous en remettre aux chaînes de valeur mondiales pour nourrir les populations (la mondialisation est la solution) ;
  • Mythe 6 : Une plus grande connexion avec les marchés, les acteurs financiers ainsi que la libéralisation des échanges permettra de réparer le système alimentaire mondial défaillant ;
  • Mythe 7 : Discuter du genre nous détourne de la nécessité de veiller à ce que tout le monde ait assez à manger ;
  • Mythe 8 : La réponse à la double crise du changement climatique et de la faim exigera des solutions de haute-technologie dans le secteur agricole ;
  • Mythe 9 : La faim est juste une conséquence inévitable des conflits et des guerres. Nous ne pouvons rien y faire ;
  • Mythe 10 : Les fonds sont limités et nous devons donc faire des choix difficiles quant à l’affectation de notre aide.

Voir les 10 mythes

Bâtir un système alimentaire plus égalitaire et durable : les recommandations d’Oxfam

Oxfam formule les recommandations suivantes pour commencer à s’attaquer aux inégalités systémiques du système alimentaire actuel :

  • Pour juguler sans délai l’inflation des prix des denrées alimentaires et garantir à toutes et tous l’accès à une alimentation abordable, les États doivent de toute urgence mettre en œuvre une fiscalité progressive et utiliser les recettes correspondantes pour investir dans des mesures puissantes et éprouvées qui réduisent les inégalités, telles que des régimes de protection sociale universelle.
  • Les États, les bailleurs et les entreprises alimentaires doivent rééquilibrer les rapports de force dans les chaînes d’approvisionnement alimentaire et veiller au respect des droits des agriculteurs et agricultrices et des travailleurs et travailleuses qui produisent nos aliments.
  • S’attaquer à l’exploitation non durable des terres agricoles, par exemple pour la production d’agro-carburants.
  • Les règles du commerce international (souvent négociées pour bénéficier aux agriculteurs et agricultrices des pays riches et les protéger) doivent faire l’objet d’une refonte, avec une plus grande marge de manœuvre pour les pays à faible revenu et en déficit alimentaire, afin qu’ils puissent ajuster leurs niveaux d’importations et d’exportations alimentaires et investir dans la production alimentaire nationale.
  • Enfin, la faim ne saurait être éradiquée durablement sans justice entre les genres. Des mesures réelles et radicales doivent être prises en matière de droits des femmes si nous voulons éliminer la faim et les inégalités qui la sous-tendent.
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Auteur :

Oxfam

Date de parution : 

Septembre 2022