Logement : inégalités à tous les étages

Face à une crise du logement qui prend de plus en plus d’ampleur en France et que bon nombre d’observateur·trice·s qualifient de « bombe sociale » à retardement, Oxfam France publie aujourd’hui un nouveau rapport mettant en lumière l’explosion des inégalités dans le secteur.

Alors que le logement est un droit fondamental, on assiste au désengagement progressif de l’Etat depuis des décennies. Le rapport alerte sur les conséquences de l’émergence de la financiarisation dans le secteur du logement, une fiscalité inadaptée et une absence problématique de régulation des acteurs privés qui sont autant de freins dans l’accès à un logement abordable pour toutes et tous.

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Logement et inégalités : les chiffres-clés du rapport

Un désengagement progressif de l’Etat et une financiarisation accrue

Le premier constat de l’étude est que le désengagement progressif de la puissance publique ces dernières décennies, laisse une plus grande place à des acteurs financiarisés et à une quête de rentabilité à tout prix. Dans cette course à la rentabilité, les résidences privées (étudiantes et séniors) se sont multipliées au détriment d’une offre abordable pour les plus précaires.

La multiplication de niches fiscales censées attirer les financements privés a par ailleurs participé au développement du phénomène de financiarisation. Selon le rapport d’Oxfam France, trois niches fiscales ont coûté près de 11 milliards aux finances publiques en 12 ans alors même que cela aurait pu financer la construction de plus de 70 000 logements sociaux.

Face à la crise, une fiscalité inadaptée et une absence de régulation des acteurs privés

La fiscalité avantageuse pour les détenteurs de capital favorise les multipropriétaires. Ainsi, 3,5 % des ménages détiennent plus de 5 logements, soit 50 % des logements mis en location par des particuliers en France. Dans le même temps, la demande en logements sociaux explose et en 2020, les ménages se sont endettés en moyenne sur 22 ans pour acquérir leur résidence principale contre 15,5 ans en 2000.

La régulation d’acteurs privés comme Airbnb reste aussi un enjeu majeur. Les plateformes de location courte durée créent une pénurie de logements et contribuent à l’augmentation des prix dans certains territoires français.

L’enjeu de l’accession à la propriété et la rénovation du parc

Face à l’explosion des prix immobiliers (+160% depuis les années 2000) et des revenus qui augmentent bien moins vite (+29% en moyenne sur la même période), l’accession à la propriété est de plus en plus difficile pour les plus modestes, voire également pour la « classe moyenne ».

La rénovation énergétique des bâtiments est par ailleurs une problématique centrale des discussions autour des inégalités face au logement. Alors que les plus modestes sont les premières victimes de la précarité énergétique, il est essentiel de s’assurer que les particuliers multipropriétaires soient davantage incités à rénover leurs logements.

Les recommandations d’Oxfam France

Pour garantir un logement abordable et décent à toutes et tous et réduire les inégalités, Oxfam propose une série de recommandations à destination des décideurs politique. Parmi elles :

  • Constitutionnalisation du droit au logement au même niveau que le droit à la propriété
  • Renforcement du service public du logement pour favoriser l’accès à un logement abordable pour tou·te·s
  • Restriction voire interdiction de la présence d’acteurs financiarisés dans le “marché du logement”
  • Introduction de la possibilité pour les communes d’interdire la mise en location pour une courte durée des résidences secondaires et ainsi limiter cette possibilité aux seules résidences principales.

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Rapport-Logement-Oxfam

Auteur :

Oxfam France

Date de parution : 

Décembre 2023