Coronavirus : Oxfam appelle à un plan d’urgence pour la santé

Oxfam appelle aujourd’hui à un plan mondial de santé publique et de réponse d’urgence de 160 milliards de dollars pour sauver des millions de vies face à la pandémie de coronavirus, en priorité dans les pays les plus pauvres, les plus vulnérables face à la crise. Si rien n’est fait, 40 millions de vies dans le monde sont à risque. Les pays, en particulier les pays les plus riches, doivent prendre des mesures urgentes !

Répondre à l’urgence pour sauver 40 millions de vie

L’urgence d’aider les pays et les populations les plus vulnérables à la pandémie du coronavirus

La pandémie a causé de grandes souffrances dans les pays riches, submergeant certains des meilleurs systèmes de santé du monde, comme en France. Mais la pandémie commence désormais à se propager dans les pays en développement marqués par un taux élevé de pauvreté et de fortes inégalités. La propagation risque de s’accélérer et les défis seront d’autant plus importants.

La moitié de la population mondiale n’a pas accès à de l’eau potable et à des soins de santé adéquats. Les systèmes de santé des pays les plus pauvres ne seront pas prêts à faire face à une pandémie aussi dévastatrices que le Covid19 : faiblesse chronique des systèmes de santé, manque criant de personnels soignants et de matériel de soins intensifs. De plus, le coronavirus est plus grave pour les personnes contaminées lorsqu’il est associé à d’autres maladies. Les risques sont importants dans les pays les plus pauvres concentrant la majorité des cas de maladies telles que la tuberculose, le VIH-Sida et le paludisme.

Des millions de personnes vivent dans des bidonvilles surpeuplés ou des camps de réfugié-e-s où les mesures d’isolement social sont impossibles à mettre en œuvre. Les femmes seront le plus durement touchées, car elles représentent 70% des travailleurs et travailleuses de la santé et assument la plupart du fardeau de soins non rémunérés dans le monde.

En l’absence d’une prise immédiate de mesures préventives urgentes d’une ampleur inédite, selon certaines estimations, jusqu’à 40 millions de personnes pourraient mourir. Et cela pourrait facilement devenir la plus grande crise humanitaire que le monde ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les enjeux en quelques chiffres

  • La moitié de l’humanité pourrait être contaminée par le Covid19 et près de 40 millions de personnes pourraient mourir selon des prévisions de l’Imperial College.
  • La moitié de la population mondiale n’a pas accès aux services de santé les plus essentiels, en grande majorité dans les pays en développement.
  • Au Mali, il n’y a que 3 respirateurs pour un million de personnes, avec moins de 1 médecin pour 10 000 personnes dans la région du Sahel.
  • Près d’un quart de la population urbaine vit dans des bidonvilles, soit près de 800 millions de personnes pour qui les mesures de distanciation sociale seront difficilement applicables.
  • Pour doubler les dépenses en santé des pays les plus pauvres, nécessaires pour faire face à la crise, Oxfam a estimé qu’il faudrait investir près de 160 milliards de dollars de toute urgence.
  • L’estimation d’Oxfam du plan mondial ne correspond qu’à 3% des annonces financières annoncées par le G20 en réponse à la crise du Covid19.
  • Rien qu’en Afrique, l’allègement de la dette pourrait débloquer près de 44 milliards de dollars cette année au profit du financement d’une intervention de santé publique

Le plan mondial d’Oxfam en 5 mesures :

Tout d’abord, les gouvernements doivent appuyer et financer intégralement le plan mondial de réponse humanitaire des Nations unies afin de répondre aux besoins humanitaires criants qui se présentent. Néanmoins, celui-ci n’est que la face émergée de l’iceberg.

Oxfam exhorte donc le G20 et les autres gouvernements du monde à s’attaquer de front au virus en adoptant un ambitieux plan mondial de santé publique et de réponse d’urgence. Ce plan devra être financé de deux manières principales : par une aide au développement massive des pays les plus riches vers les pays les plus pauvres et en imposant immédiatement un moratoire sur le remboursement des dettes des pays en voie de développement. Environ 159 milliards de dollars sont nécessaires pour doubler les dépenses de santé publique des 85 pays les plus pauvres du monde.

 

Dans ce plan en cinq points, nous demandons:

  1. Un énorme investissement dans la prévention. Promotion de la santé publique, mobilisation communautaire, accès des intervenant-e-s humanitaires aux pays dans le besoin, approvisionnement en eau potable et mise en place d’installations sanitaires, en particulier pour que les gens puissent se laver les mains. C’est la façon la plus efficace de freiner la propagation de l’épidémie.
  2. Dix millions de nouveaux personnels de santé rémunéré-e-s et protégé-e-s. Conjointement avec l’acheminement en toute urgence de matériel et d’équipements pour les intervenant-e-s locaux et les humanitaires sur le terrain. L’expérience des crises Ebola a prouvé l’efficacité de miser également sur les agent-e-s de santé communautaire, au plus proche des populations.
  3. La gratuité des soins de santé. Chaque année dans le monde, les frais de soins de santé bloquent l’accès à un milliard de personnes. Chaque seconde, trois personnes plongent dans l’extrême pauvreté en devant payer de tels frais. Tous les soins de santé, les tests et les traitements doivent être gratuits.
  4. La réquisition par les gouvernements de tous les établissements de santé privés. Les gouvernements doivent réquisitionner l’ensemble des capacités de soins de santé de leur pays, en veillant à ce que tous les établissements, tant privés que publics, se consacrent à lutter contre ce virus et à répondre aux autres besoins de santé essentiels.
  5. La disponibilité des vaccins et des traitements en tant que bien public mondial. Nous devons parvenir à un accord mondial pour veiller à ce que les vaccins et les traitements, lorsque prêts, soient rapidement et gratuitement mis à la disposition de ceux et celles qui en ont besoin. Les profits des entreprises pharmaceutiques ne peuvent avoir préséance sur le bien et l’avenir de l’humanité.

Auteur(s)

Oxfam International

Parution

30 mars 2020

« Comment faire face à la catastrophe du Coronavirus ? »

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