Le manque d’effort des pays riches pour permettre à l’Afrique de l’Est de faire face à la crise climatique

Bien qu’ils soient largement responsables de l’aggravation de la crise climatique en Afrique de l’Est, les pays riches n’ont versé à l’Éthiopie, au Kenya, à la Somalie et au Soudan du Sud que 2,4 milliards de dollars en financement du développement lié au climat en 2021.  Ce montant est largement en-dessous des 53,3 milliards de dollars dont l’Afrique de l’Est a besoin chaque année pour atteindre ses objectifs climatiques d’ici 2030.

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(en anglais)

L’inaction des pays malgré la gravité des crises

Le rapport « Unfair Share » (en anglais) publié début septembre par Oxfam montre que les nations les plus polluantes ne fournissent pas suffisamment de fonds climatiques et humanitaires dont les pays d’Afrique de l’Est ont besoin pour se remettre de la crise de la faim alimentée par le climat.

Les pays pollueurs n’ont en effet fourni que des sommes dérisoires pour aider l’Afrique de l’Est à intensifier ses efforts d’atténuation et d’adaptation face au changement climatique. En 2023, à peine 5 % de ce dont ils ont besoin pour atteindre leurs objectifs climatiques pour 2030 (2,4 milliards au lieu de 53,3 milliards de dollars) a été fourni par les pays riches.

De plus, près de la moitié des fonds (45 %) sont accordés sous forme de prêts, ce qui plonge la région dans un endettement encore plus important. Par exemple, au sein des pays en développement, nous savons que 62 pays dépensent plus pour assurer le service de leur dette extérieure (somme que l’emprunteur doit payer chaque année pour honorer sa dette) que pour leur système de santé. Il y a dix ans, ce chiffre était de 34. Dans le cas des six pays sahéliens francophones, le remboursement annuel de leurs dettes est équivalent à 140 % des sommes allouées à leurs budgets de santé.

Une situation qui ne cesse de se détériorer

La sécheresse prolongée dans la Corne de l’Afrique ainsi que des précipitations irrégulières ont tué près de 13 millions d’animaux et décimé des centaines de milliers d’hectares de cultures, laissant des millions de personnes sans revenu ni nourriture. L’Éthiopie, le Kenya, la Somalie et le Soudan du Sud ont subi des pertes estimées à 30 milliards de dollars entre 2021 et la fin de 2023. Selon les calculs d’Oxfam, ces pays ont également perdu du bétail pour une valeur d’environ 7,4 milliards de dollars.

En conséquence, plus de 40 millions de personnes dans les quatre pays souffrent d’une grave crise de la faim en raison d’une sécheresse qui dure, de plusieurs années d’inondations, en plus des déplacements de population et les conflits. Malgré l’ampleur des besoins humanitaires, les pays riches n’ont répondu qu’à un tiers de l’appel des Nations unies pour l’Afrique de l’Est cette année.

L’inaction climatique entre les nations

Derrière cette crise de la faim en Afrique de l’Est se trouve une odieuse injustice climatique. Les nations riches et polluantes continuent de truquer le système en ignorant les milliards dus à l’Afrique de l’Est, tandis que des millions de personnes sont livrées à elles-mêmes, luttant contre la faim à cause des chocs climatiques répété.

Les économies industrialisées ont largement contribué à la crise climatique, qui touche aujourd’hui de manière disproportionnée des régions comme l’Afrique de l’Est.

  • Les pays du G7 et la Russie sont à eux seuls responsables de 85 % des émissions mondiales depuis 1850. Cela représente 850 fois les émissions du Kenya, de l’Éthiopie, de la Somalie et du Soudan du Sud réunis.

Pourtant, les conditions météorologiques extrêmes, désormais plus sévères et plus fréquentes, sont le principal facteur de la faim en Éthiopie, au Kenya, en Somalie et, en partie, au Soudan du Sud, où le changement climatique a multiplié par 100 le risque de sécheresse.

Ces chocs violents ont épuisé les réserves des populations, laissant les personnes déjà vulnérables sans autres moyens de survie. Depuis la dernière sécheresse en 2017, le nombre de personnes ayant besoin d’une aide d’urgence dans les quatre pays a plus que doublé, passant de 20,7 millions à 43,5 millions. Dans ce contexte la crise climatique a des impacts encore plus disproportionnés envers les femmes et les jeunes filles.

À l’approche de la COP28, de plus en plus de voix africaines s’élèvent pour exiger des pays riches et pollueurs qu’ils réduisent radicalement leurs émissions et qu’ils dédommagent l’Afrique de l’Est pour toutes les pertes et tous les dommages causés par le climat, afin que la région puisse se remettre de ces différents chocs climatiques qui ne cessent de s’aggraver.

Rapport-FairShare

Date : 

04/09/2023

Auteur : 

Oxfam