Coronavirus : un demi-milliard de personnes pourraient sombrer dans la pauvreté

Oxfam alerte sur le fait qu’un demi-milliard d’individus pourrait sombrer dans la pauvreté si rien n’est fait pour limiter l’impact économique du Coronavirus. Ce serait une tragédie et un potentiel recul de 10 ans dans le combat contre la pauvreté, voire de 30 ans dans certaines régions du monde comme l’Afrique ou le Moyen-Orient.

Une crise économique qui est déjà là

Pour bon nombre de pays, le Coronavirus représente déjà un choc économique avant même d’être une crise économique. C’est le cas pour une grande partie de l’Afrique où si les cas de Covid-19 sont encore limités, l’impact économique et social se fait déjà sentir.

Ces derniers jours ce sont en effet 83 milliards de dollars d’investissements étrangers qui se sont retirés des pays émergents. Le prix des matières premières s’est effondré (-61% pour le pétrole, – 15% pour le café, -21% pour le cuivre) alors que bon nombre de pays africains dépendent largement de leurs exportations. L’industrie touristique est à l’arrêt et les taux d’intérêt sur les emprunts publics des pays en voie de développement ont déjà augmenté de 3,5%.

Les pronostics sont particulièrement sombres. Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), 25 millions d’emplois pourraient être perdus dans le monde. D’autres experts parlent de 37 millions d’emplois à risque de s’évaporer juste aux Etats-Unis. Le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) parle quant à lui d’une perte de la moitié du total des emplois en Afrique.

Agir vite et fort

Pour éviter ce drame il faut une réponse à la hauteur de la menace. La CNUCED, une commission de l’ONU spécialisée sur les questions économiques, appelle à une mobilisation de 2 500 milliards de dollars pour aider les pays en développement. Pour Oxfam, cette mobilisation sans précédente doit se faire pour sauver les gens avant les multinationales. Il ne faut pas répéter les erreurs de la crise de 2008 qui a vu une mobilisation sans précédente de ressources pour sauver les banques pendant que les peuples étaient asphyxiés par des mesures d’austérité.

Oxfam appelle à un « plan de sauvetage pour tou.te.s » qui repose sur 6 mesures prioritaires pour lutter contre les ravages économiques de la crise du coronavirus et rebâtir un monde plus égalitaire :

  1. Accorder des subventions en espèces à tous ceux et toutes celles qui en ont besoin, notamment dans les pays pauvres et pour les personnes qui ont perdu leur revenu.
  2. Soutenir en priorité les petites entreprises et conditionner les aides aux grandes entreprises à des mesures visant à protéger les plus vulnérables et à investir dans la transition écologique.
  3. L’annulation immédiate du remboursement de la dette des pays en développement due en 2020 à hauteur de 1 000 milliards de dollars. Avec une annulation du remboursement de sa dette extérieure en 2020, le Ghana pourrait fournir 20 dollars par mois à chacun des 16 millions d’enfants, de personnes handicapées et de personnes âgées du pays pendant six mois.
  4. La création de réserves internationales d’au moins 1 000 milliards de dollars, connues sous le nom de droits de tirage spéciaux ou encore « création monétaire », afin d’augmenter considérablement les fonds disponibles pour les pays. En Éthiopie, cela représenterait pour le gouvernement 630 millions de dollars supplémentaires, assez pour augmenter les dépenses de santé publique de 45 %.
  5. L’augmentation de l’aide publique au développement des pays donateurs dès maintenant, au moins à hauteur de l’engagement de 0,7 % du RNB.
  6. Instituer des impôts de solidarité d’urgence en taxant les bénéfices extraordinaires, les plus grandes fortunes, les produits financiers spéculatifs et les activités ayant un impact négatif sur l’environnement.
500 000 000 personnes pourraient tomber dans la pauvreté avec le coronavirus

Auteur(s)

Oxfam International

Parution

9 avril 2020

Plus jamais ça !

En France, Oxfam demande au gouvernement de prendre des mesures de rupture, pour endiguer la pandémie et construire le jour d’après.

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