Faim en Afrique de l’Est : le coût de l’inaction

En Éthiopie, au Kenya et en Somalie, où une grave sécheresse sévit à l’heure actuelle, une personne meurt actuellement de faim toutes les 48 secondes. Ces estimations sont celles présentées par Oxfam et Save the Children dans un nouveau rapport, qui met en avant les échecs répétés de la communauté internationale à éviter des catastrophes prévisibles.

En dépit des nombreuses mises en garde contre une catastrophe imminente, la communauté internationale n’a une fois de plus pas réagi à temps, laissant des millions de personnes dans une situation de faim catastrophique.

Les chiffres-clés du rapport

  • En Éthiopie, au Kenya et en Somalie, où une grave sécheresse sévit à l’heure actuelle, une personne meurt actuellement de faim toutes les 48 secondes.
  • Aujourd’hui, près de 500 000 personnes dans plusieurs régions de Somalie et d’Éthiopie vivent dans des conditions proches de la famine.
  • Le nombre de personnes en situation de faim extrême en Éthiopie, au Kenya et en Somalie a plus que doublé depuis l’année dernière, passant de 10 millions à plus de 23 millions aujourd’hui. En particulier, la malnutrition sévère risque de tuer 350 000 enfants si rien n’est fait, selon l’ONU.

Lire le rapport

Le coût dramatique de l’inaction politique

En 2011, la Somalie a connu une famine particulièrement dévastatrice, qui a coûté la vie à plus de 250 000 personnes. Si, il y a 11 ans, le monde a dit « plus jamais ça », les catastrophes se répètent malheureusement aujourd’hui.

Malgré l’amélioration des systèmes d’alerte et en dépit des efforts déployés par les ONG sur le terrain, le rapport d’Oxfam et Save the Children souligne que la bureaucratie à outrance et les choix politiques intéressés continuent d’entraver une réponse cohérente à l’échelle mondiale. Les gouvernements et les acteurs internationaux continuent de réagir a posteriori aux conséquences de la sécheresse, plutôt que de gérer le risque avant qu’elle ne se produise.

Le rapport met également en exergue les échecs à répétition des bailleurs de fonds et des organismes d’aide, qui ne parviennent pas à donner la priorité aux organisations locales – pourtant situées au premier plan de la riposte aux crises – et qui retardent ainsi les interventions sur le terrain.

Enfin, faute d’investissements dans leurs systèmes agricoles et leur protection sociale, les gouvernements des pays d’Afrique de l’Est ont leur propre part de responsabilité.

Pour éviter de futures crises alimentaires, l’urgence d’agir dès maintenant

D’autres régions d’Afrique connaissent des situations et des causes proches de celles observées en Afrique de l’Est. Pour éviter de nouvelles tragédies, nous devons réagir maintenant, comme il se doit.

Oxfam et Save the Children lancent un appel urgent à l’action pour lutter contre la grave crise alimentaire qui frappe de nombreux pays africains :

  • Afin de sauver des vies dès maintenant, les pays du G7 et les leaders occidentaux doivent sans délai dégager des fonds pour répondre à l’appel lancé par les Nations Unies en faveur du Kenya, de l’Éthiopie et de la Somalie, et veiller à ce que ce financement soit suffisamment flexible pour être utilisé là où il fait le plus défaut.
  • Les organisations humanitaires exhortent les gouvernements et bailleurs à immédiatement combler le déficit de financement de 4 milliards de dollars de l’appel des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et à s’assurer que ces fonds soutiennent des interventions sensibles à l’âge, au genre et au handicap.
  • Les bailleurs doivent garantir qu’au moins 25 % des fonds soient versés aux intervenants locaux qui sont au cœur des interventions.
  • Les gouvernements locaux doivent renforcer la protection sociale pour aider leurs citoyen·nes à faire face à des crises multiples. Ils doivent destiner au moins 10 % de leur budget à l’agriculture, en mettant particulièrement l’accent sur les petites exploitations et les agricultrices, comme ils en avaient convenu dans la Déclaration de Malabo de l’Union africaine en 2014.
Rapport-Dangerous-Delay

Auteur :

Oxfam
Save The Children

Date de parution : 

Mai 2022