Trois ans après l’Accord de Paris pris lors de la COP21, les banques françaises continuent de financer massivement les énergies fossiles : sur 10 euros, 7 euros vont à ces énergies climaticides, et seulement 2 euros aux énergies renouvelables[1].

Banques françaises et énergies fossiles : un business florissant

Oxfam publie un nouveau rapport « Banques françaises, les fossiles raflent la mise » après avoir étudié les financements de 6 banques françaises (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, Banques Populaires Caisse d’épargne, le Crédit-Mutuel CIC et la Banque Postale) en direction de 290 entreprises et 89 projets d’énergies renouvelables.

Et le constat est accablant.

Alors que les scientifiques s’accordent à dire qu’il est urgent d’agir, pour préserver le climat, en restant sous la barre fatidique des 1,5 °C de réchauffement climatique, les banques continuent de soutenir massivement les énergies qui produisent le plus de gaz à effet de serre, comme le charbon, le pétrole et le gaz.

De 2016 à 2017, elles ont réduit leurs financements à destination des énergies renouvelables (moins 1,8 milliard d’euros) d’un montant équivalent à l’augmentation de leurs financements vers les énergies fossiles (plus 1,8 milliard d’euros).

Quelles sont les banques françaises qui nuisent le plus au climat ?

 

BNP Paribas, arrive en tête avec 12,8 milliards d’euros de financements en 2016 et 2017, suivie de très près par le Crédit Agricole et la Société Générale, qui ont respectivement financé les énergies fossiles à hauteur de 12,6 milliards d’euros et 11,5 milliards d’euros sur la même période.

Concernant les investissements sur les marchés financiers, Oxfam montre que pour 1 euro accordé sur ces marchés en faveur des énergies renouvelables, les banques françaises accordent plus de 8 euros d’énergies fossiles.

Financer les énergies renouvelables et se désengager des énergies fossiles

Force est de constater que malgré les beaux discours verts, les banques sont dans l’immobilisme face au défi du changement climatique ! Pourtant, une véritable transition énergétique ne peut s’opérer que si les banques  financent les énergies renouvelables et cessent de financer les énergies fossiles.

Alors que les grands acteurs de la finance internationale se sont réunis à Paris, fin novembre, dans le cadre des Climate Finance Days, et que la COP 24 s’est ouverte début décembre en Pologne, Oxfam demande aux banques :

  • De cesser de soutenir les entreprises qui développent de nouvelles activités charbonnières
  • De publier un calendrier de sortie des énergies fossiles
  • D’être transparentes sur leurs financements.

Enfin, l’Etat doit également prendre ses responsabilités face à l’urgence climatique en renforçant l’ambition de la Loi sur la Transition énergétique qui impose aux banques d’évaluer les risques liés aux changements climatiques.

Nous sommes à un tournant dans l’action climatique qui demande immédiatement une union et une ambition commune du secteur privé, des pouvoirs publics et des citoyens. Les financements d’aujourd’hui façonnent le modèle énergétique de demain or, et les mobilisations pour le climat l’attestent, il est temps d’agir et de prendre les bonnes décisions. Ce message sans équivoque doit maintenant être entendu des banques.

[1] L’euro restant allant aux énergies nucléaire et hydraulique

Note : Le rapport d’Oxfam montre que BNP Paribas est la banque française qui soutient le plus les énergies fossiles : charbon, pétrole et gaz. En mars 2018, les Amis de la Terre ont montré que Société Générale, elle, arrivait en tête concernant les énergies fossiles considérées comme les plus impactantes pour le climat : charbon, sables bitumineux, pétrole et gaz de schiste, forages en région Arctique et eaux profondes, gaz naturel liquéfié.