Sécheresses : une meilleure gestion de l’eau devenue primordiale pour la France

Les épisodes de sécheresses répétés, et en particulier ces dernières semaines en sont un exemple concret : la France se trouve aujourd’hui confrontée à la nécessité d’une meilleure gestion de cette ressource indispensable qu’est l’eau. Agriculture, énergie, biodiversité etc. : au-delà de la consommation directe de chaque français, de nombreux secteurs sont concernés par cette urgence sur l’ensemble du globe.

Quarante

C’est, en nombre de litres, l’eau potable qu’une personne consomme en moyenne chaque jour sur la planète (1). Un chiffre qui grimpe à 149 litres en France, selon l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement (2). Faute de pluie, près d’un tiers des départements du pays font, en ce mois de mars, face à des problèmes d’approvisionnement en eau. Traduction de ce phénomène de plus en plus fréquent : les 9 à 10% d’eau de pluies qui pénètrent dans les sols et peuvent habituellement être consommés (le reste s’évapore dans l’atmosphère ou s’écoule en surface) tendent à s’amenuiser.

Toute l’Europe concernée, la France hors de la zone tempérée

À l’instar d’autres pays du sud de l’Europe où le changement climatique modifie la circulation atmosphérique et réduit le cumul et la répartition des précipitations, la France ne peut aujourd’hui plus être considérée comme un pays tempéré. Résultat de cet apport moins abondant en eau : des nappes phréatiques sur la réserve et, sur l’ensemble du Vieux Continent, des difficultés grandissantes à anticiper cette ressource vitale.

« Des sécheresses de plus en plus fréquentes en passant par des précipitations imprévisibles, les événements météorologiques extrêmes ont clairement des conséquences sur nos sources d’eau douces » confirme Quentin Ghesquière, chargé de campagne agriculture et sécurité alimentaire pour Oxfam France. Il rappelle d’ailleurs que, dans son sixième rapport, le GIEC prévoyait qu’une augmentation de la température de 1,5°C exposerait 18% de la population européenne à des pénuries d’eau (3).

Parmi les autres conséquences à court terme, la menace de la pénurie de certaines denrées dépendantes des débits importants, la complexification du travail des exploitants en milieu agricole et l’affectation de la santé globale des habitants due à une consommation restrictive sont autant de menaces qui se font ressentir.

Des solutions à mettre en œuvre immédiatement

Pour tenter de contrer cette dynamique et de renverser les courbes, les efforts doivent tout d’abord se concentrer sur une gestion optimisée des ressources en eau. Ce que cela implique ? « Du stockage en période de surabondance, la modernisation des réseaux de distribution, et une réduction des pertes. Il est également urgent d’en finir avec l’artificialisation des sols, le remembrement, la destruction des zones humides ou encore le drainage agricole », explique Quentin Ghesquière.

Autre pratique à annihiler : la modification des rivières, qui consiste à supprimer leurs méandres et à approfondir leurs lits – dans l’idée de faciliter l’évacuation d’eau, ce qui entraîne une accélération des écoulements et à la réduction des stockages dans les sols et les nappes. Du côté des usages, l’adaptation aux nouvelles contraintes climatiques rime avec une nouvelle donne agricole et industrielle où des alternatives à l’irrigation – en plus d’une sensibilisation à une usage plus économe de l’eau – sont à envisager.

La protection des écosystèmes constitue elle aussi une priorité, à l’heure où 80% des vertébrés aquatiques ont disparu à cause de la pollution et de la destruction des habitats (4). « Les préserver c’est aussi garantir la qualité de l’eau », abonde Quentin Ghesquière. Une qualité dont la tendance est d’ailleurs à la baisse, puisque plus aucune eau de surface n’est désormais exempte de pollution en France (la donnée passe à seulement 30% à l’échelle de la planète (5)), et que 20% des français ont reçu une eau du robinet non conforme en 2021 (présence de pesticides et de métabolites) (6).

Sans oublier la fermeture, durant les trois dernières décennies, de plus de 10% des points de captage d’eau potable du pays, avec là encore la qualité en ligne de mire. Encore une illustration concrète d’une situation aussi urgente que les initiatives qui peuvent permettre d’y faire face.

Pour une tarification sociale de l’eau

Oxfam prône un changement de paradigme concernant la gouvernance de l’eau, qui se doit d’être améliorée afin de faciliter la mise en place de politiques et de mesures plus efficaces. Pouvoirs publics, gestionnaires de l’eau, acteurs économiques et société civile : il est aussi nécessaire qu’urgent de renforcer la collaboration entre les divers acteurs impliqués, afin notamment de favoriser la participation citoyenne et de renforcer la transparence et la responsabilité. Avec un enjeu déterminant : la tarification sociale de l’eau !