Afghanistan : les députés doivent mettre la lutte contre la pauvreté et la corruption au cœur de la stratégie française

A l’occasion du nouveau débat sur la présence française en Afghanistan prévu demain à l’Assemblée nationale, Oxfam France insiste sur l’importance de ce type de débat dans le cadre d’opérations extérieures. Dans la foulée de la réforme constitutionnelle de l’année dernière, cela peut constituer un réel progrès démocratique.

« Au-delà de leurs préoccupations habituelles sur les coûts budgétaires et les risques pour les troupes de la présence militaire française en Afghanistan, les députés doivent saisir cette occasion pour interroger le gouvernement sur le sens et de la vision qui fondent cet engagement. Et vérifier que la France veille à générer et à réunir les conditions politiques et humanitaires qui rendront utile cette présence militaire » souligne Nicolas Vercken d’Oxfam France

Oxfam France réclame la mise en place d’un mécanisme de suivi permanent par les parlementaires de l’intervention française en Afghanistan, où est déployé le plus important contingent français (3 750 personnes en novembre dernier). L’association rappelle également qu’outre l’Afghanistan, des débats réguliers et conséquents devraient avoir lieu sur la stratégie française dans d’autres pays où un nombre significatif de troupes sont déployés dans la durée, comme au Tchad, au Liban ou au Kosovo.

Un rapport récemment publié par Oxfam International et des organisations afghanes a relevé que pour 70% des Afghans interrogés, la pauvreté et le chômage étaient les principales causes des conflits dans leur pays. Les Afghans considèrent ensuite la faiblesse du gouvernement et la corruption comme autres facteurs à l'origine des combats, les Talibans arrivant en troisième position.

Le rapport soulignait également que les Afghans souhaitaient avant tout qu’un état de droit soit instauré à tous les niveaux, que la corruption soit combattue et qu’un terme soit mis à la culture d’impunité. Il faut également s'assurer davantage que l'aide internationale soit délivrée à ceux qui en ont le plus besoin.

« La communauté internationale doit garder à l’esprit les attentes de la population afghane et fournir une aide plus efficace pour relancer leur économie. La France, qui a accueilli une conférence des principaux donateurs à Paris il y a un an et demi, porte une responsabilité particulière ».

« Les députés français doivent obtenir des garanties sur l’aide en Afghanistan. Elle doit être affectée et dépensée sur la base des besoins réels des populations sur l’ensemble du territoire, et non en fonction d’objectifs politiques ou militaires. Les disparités profondes que l’on constate actuellement dans l’affectation de l’aide internationale risquent conduire à un développement inégal et, potentiellement, à de nouveaux affrontements ».

Cette année, 2 021 victimes civiles ont été dénombrées entre janvier et octobre en Afghanistan, soit les pertes civiles les plus importantes depuis 2001. Oxfam France relève que les frappes aériennes et des pratiques abusives telles les raids nocturnes engendrent colère et ressentiment à grande échelle, et qu’elles sapent le soutien dont pouvait bénéficier la présence internationale dans son ensemble.

« Le gouvernement doit plaider au sein des forces internationales afin qu’elles renforcent les interdictions des frappes aériennes et des raids nocturnes. Les députés doivent également demander à la France de veiller à ce que des enquêtes transparentes soient menées pour chaque cas d’attaque à l’encontre de civils, et que des réparations adaptées soient apportées » conclut Nicolas Vercken.

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