Aide au développement : l’Assemblée entérine l’abandon des promesses de la France

On le redoutait et malheureusement c'est maintenant certain : la France ne tiendra pas son engagement de consacrer 0,51% de sa richesse à l’aide publique au développement (APD) en 2010. En votant ce matin les crédits APD pour 2010, l’Assemblée nationale entérine un budget minimaliste et tronqué.

Dans le cadre de ses engagements européens et internationaux, le gouvernement français s’est engagé à consacrer 0,51%, au minimum, de sa richesse nationale à l’APD en 2010 et 0,7% en 2015. Avec seulement 0,44% du revenu national brut (RNB) attendu en 2010, cet objectif intermédiaire est encore bien lointain. La France ne tient pas ses promesses et en votant ce budget, les députés ont acté ce renoncement. Plus grave encore, aucun plan d’action pour atteindre l’objectif de 0,7% en 2015 n’a été présenté. Si l’on en croit les prévisions budgétaires, l’APD devrait même baisser en 2011.

« 2010 devait être l’année de la réalisation des promesses européennes et du G8 de Gleneagles de doubler l’aide à l’Afrique. Selon les Nations unies, 20 milliards de dollars manquent chaque année pour que les promesses d’aide à l’Afrique du G8 soient tenues. Face au retard pris pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement et alors qu’il ne reste que cinq ans pour les atteindre, la France envoie un signal extrêmement négatif à la communauté internationale » déplore Sébastien Fourmy d’Oxfam France.

Au-delà des chiffres, c’est le détail de l’APD française qui, une fois de plus, est préoccupant. Pour éviter de présenter un bilan encore plus négatif, la France élargit un peu plus chaque année le périmètre de son aide et racle les fonds de tiroir. La réalité de l’aide française est de fait bien plus catastrophique que ne le laisse penser le budget voté ce matin. D’après les calculs de la Commission APD de Coordination Sud, dont Oxfam France est membre, l’APD réelle de la France en 2010 sera de 0,31% seulement.
« La France poursuit sa stratégie de multiplier les prêts en direction des pays émergents au détriment d’une politique ambitieuse dans les pays les plus pauvres, surtout en Afrique sub-saharienne. Aide au commerce, sécurité, immigration… la France choisit de mettre son aide au développement au service de ses propres intérêts » ajoute Sébastien Fourmy.

En rendant publique l’année dernière une liste de 55 projets dans les pays pauvres directement menacés faute de subventions, Oxfam France avait démontré qu’avec une telle politique, la France ne se donnait plus les moyens de soutenir les services essentiels dans les pays en développement. « Une poignée de projets a pu être reprise in extremis, mais le budget 2010 montre que la France a simplement voulu sauver les apparences ».

Oxfam France dénonce également la volte-face du gouvernement français sur les financements innovants. La France s’était engagée à ce que les financements innovants soient additionnels aux objectifs d’APD. Elle fait le choix aujourd’hui de comptabiliser dans l'APD le montant de la taxe sur les billets d’avion démontrant ainsi qu’elle ne se donne malheureusement pas les moyens de ses ambitions.

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