Aide publique au développement : Oxfam France contredit les déclarations d’A. Joyandet

Après avoir dénoncé il y a dix jours l’intention du gouvernement français de couper ses subventions à l’Afrique sub-saharienne, l’association Oxfam France vient d’obtenir un nouveau document, envoyé le 28 octobre par le Secrétaire général du Quai d’Orsay aux ambassades de France, qui prouve que, {{contrairement aux démentis du secrétaire d’Etat à la coopération, Alain Joyandet, l’Afrique Sub-saharienne fera bien les frais d’une gestion de la coopération française au grès des priorités politique du moment.}}

Suite à la publication de la liste de 55 programmes d’aide au développement menacés d’être arrêtés, Oxfam France a été reçue, avec d’autres organisations françaises, par Alain Joyandet lundi dernier. Le secrétaire d’Etat avait alors annoncé qu’une dizaine de projets allaient être sauvegardés et a confirmé cette mesure ce jeudi devant les députés. Mais il demeure pour l’instant silencieux sur les projets restants (voir la liste ci-dessous).

« C’est un premier pas qui évite une année blanche en 2009 en Afrique sub-saharienne. Mais la liste des projets menacés est encore longue, et les annonces récentes ne remettent pas fondamentalement en cause le désengagement de la coopération française bilatérale de l’Afrique-subsaharienne », affirme Sébastien Fourmy d’Oxfam France.

Le nouveau document, émis par le Quai d’Orsay, obtenu par Oxfam France confirme la concentration des dons de l’agence française de développement sur des « priorités politiques fortes » : Afghanistan, Palestine, Haïti et Comores. Le document précise également que les fonds manqueront pour honorer l’ensemble des engagements pris, une situation « qui est appelée à se prolonger en 2010 ». Et pour cause, malgré la hausse de l’aide publique au développement (APD) annoncée pour 2009 par Alain Joyandet, largement due à une augmentation massive des prêts et des annulations de dette, les autorisations d’engagement de la coopération vont passer de 422 millions d’euros en 2008 à 214 millions en 2009, soit une coupe sévère de près de 50%. Des chiffres confirmés ce matin par Alain Joyandet à l’Assemblée nationale.

« La France ne devrait pas avoir à choisir entre soutenir quatre Etats laminés par les conflits ou la crise humanitaire et le maintien des appuis aux programmes sociaux en Afrique Sub-saharienne. Le gouvernement a multiplié les promesses sans se donner les moyens de les honorer. De fait, les arbitrages rendus font que la France se retire des secteurs sociaux sur un continent africain qui a besoin plus que jamais de renforcer ses services publics pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) » ajoute Sébastien Fourmy.

« En contradiction totale avec la volonté affichée de la France d’améliorer la qualité de son aide au développement, l’aide française est aujourd’hui moins prévisible que jamais. Le budget débattu au Parlement ce matin n’offre aucune réelle lisibilité sur les engagements sectoriels ou géographiques de la France en 2009, et laisse craindre le pire pour 2010 et 2011. Il est regrettable de ne pouvoir compter que sur la diffusion de courriers confidentiels pour relancer le débat sur la politique de coopération française » dit Luc Lamprière, directeur d’Oxfam France.

« La politique de coopération française doit être totalement transparente. Pour cela, le Parlement doit se donner les moyens de contrôler l’ensemble de la coopération de la France, y compris au sein des organismes multilatéraux dont les décisions affectent la vie de millions de personnes dans le monde. Pour que la coopération française ne soit plus hors de contrôle, il faut créer au sein du Parlement une Délégation parlementaire aux organisations et négociations internationales » conclut Sébastien Fourmy.

NOTES AUX REDACTIONS

– Par rapport à 2008, les prêts souverains en Afrique sub-saharienne vont doubler en moyenne dans la période 2009-2011. Les prêts non souverains à destination des pays émergents et à revenu intermédiaire vont eux augmenter de 50%. Le volume des prêts comptabilisable en APD doublera entre 2008 et 2009.

– Pour atteindre ses objectifs d'augmentation de l'APD, la France compte notamment l'année prochaine sur les annulations de dette en côte d'Ivoire. Oxfam France conteste cette comptabilisation des annulations de dette dans l'APD qui permet de gonfler les chiffres de l’aide au développement de la France sans véritablement permettre de dégager des marges de manœuvres financières dans le budget des pays bénéficiaires.

ist annoncée ce matin à l'Assemblée nationale des programmes sauvés par le secrétaire d’Etat à la coopération :
Projet EPT2 (Benin)
Hydraulique villageoise (Burkina Faso)
Appui au secteur santé (Congo)
Appui à la Politique Sectorielle Santé (Madagascar)
Appui au Programme sectoriel éducation en 2009 (Mali)
Aménagement/ Gestion intégrée des bassins versants Tahoua (Niger)
Appui à l'enseignement primaire (RDC)
Infrastructures agricoles dans la vallée du fleuve Sénégal
Programme d'hydraulique pastorale au Tchad Central – « Almy Al Afia » – phase II (Tchad)
Santé – Développement des districts sanitaires 2 (Togo)

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Notes aux rédactions