Bilans d’Oxfam France sur le G8

{{{ Bilan général}}}

{ {{Déclarations de Luc Lamprière, directeur général d’Oxfam France.}} }

« {Le G8 vit ses dernières heures. A l’Aquila, les leaders n’ont même pas fait semblant de pouvoir tenir les promesses aux pays pauvres et à l’Afrique faites par leurs prédécesseurs en 2005.}

Mais pas question de laisser les chefs d'Etats des pays du G8 se séparer sans solder leur dette. Ils ont accumulé une dette colossale vis-à-vis des populations les plus pauvres de la planète. De G8 en G8, ils ont promis la santé et l’éducation pour tous, la fin de la pauvreté et de la faim. Cette dette qu’ils ont contractée vis-à-vis de l’Afrique en particulier demeure, même s’ils ouvrent leurs réunions au G14 ou au G20.

Dans un an, au Canada, les dirigeants du G8 devront avoir le courage de solder leurs comptes. Passer au G14 ou au G20, ou au G-ce-qu’on-voudra, et ouvrir ces sommets à des pays émergents ou à des continents qui en étaient écartés est une obligation. Mais la dette des pays du G8 demeurera aussi longtemps que les promesses qu’ils ont fait eux-mêmes, y compris cette année, n’auront pas été tenues.

Les discussions sur l’Afrique ont été réduites à une série de gestes de pure forme, à la limite de l’insulte. Comment prendre le G8 au sérieux alors qu’il n’offre au continent africain que des promesses non tenues, de simples séances photos et des strapontins aux marges de ses débats ? »

Climat

Déclarations de Sébastien Fourmy, directeur du plaidoyer pour Oxfam France.

« Le climat a été au cœur des débats lors de ces trois jours de sommet en Italie. L’absence de chiffres à moyen terme sur les réductions d’émission et la pauvreté du débat sur le financement de l’adaptation des pays les plus pauvres aux conséquences du dérèglement climatique sont extrêmement préoccupantes.

La reconnaissance par les chefs d’Etats du G8 et l'ensemble des principaux pays pollueurs (Forum des économies majeures) du seuil critique des 2°C est un signal fort, mais il n’est malheureusement pas suivi de mesures concrètes et immédiates pour éviter de dépasser cette limite.

Le soutien des pays du G8 à un objectif de réduction d’au moins 80% des émissions de gaz à effet de serre des pays développés d’ici à 2050 – une nouveauté par rapport au sommet de Hokkaido – n’est qu’une déclaration d’intention formulée vaguement. Comme tous les engagements pris à horizon 2050, il est totalement inadapté à l’urgence de la situation et ignore le sort des millions de personnes qui supportent aujourd’hui au quotidien le coût du changement climatique.

Aucun accord ne verra le jour à Copenhague si les pays riches ne s’accordent pas dans les prochains mois sur des objectifs collectifs de réduction des émissions d’ici à 2020 et le financement de l’adaptation des pays en développement qui conditionnent leurs actions à celles des pays développés.

Des discussions doivent s’engager immédiatement pour permettre d’obtenir les 150 milliards de dollars nécessaires chaque année à la lutte contre le réchauffement lui-même ainsi qu’à l’adaptation des pays pauvres aux chocs climatiques.

La demande formulée à l’Aquila aux ministres des finances du G20 de présenter en amont du sommet de Pittsburgh en septembre prochain des propositions concrètes pour financer l’adaptation est un premier pas encourageant. Mais au vu de l’urgence, tout retard pris sur le financement a des conséquences immédiates, principalement dans les pays les moins responsables des dérèglements climatiques.

Les déclarations de Nicolas Sarkozy sur la proposition norvégienne témoignent enfin de l’intérêt de la France pour une contribution au financement de l’adaptation grâce à des sources pérennes, prévisibles et adéquates. En combinant les propositions mexicaine et norvégienne, la France reconnaît ainsi les principes d’équité et de responsabilité ainsi que l’importance de mettre en place des mécanismes de financements innovants. »

Agriculture

Déclarations de Jean-Denis Crola, d'Oxfam France.

« Avec 20 milliards de dollars annoncés sur trois ans, les dirigeants du G8 mettent plus que prévu sur la table. Reste à savoir dans le détail à quoi correspondent ces chiffres. Les sommes annoncées semblent compter beaucoup de promesses recyclées. Jouer avec les chiffres en la matière serait un affront inacceptable pour le milliard de personnes qui ont actuellement le ventre vide.

Tout dépendra de la destination de cet argent: à la seule agro-industrie dominée par le Nord ou aux millions de petits agriculteurs dont la vie en dépend. L’opacité des chiffres ne permet pas de répondre.

Investir massivement dans les petites exploitations familiales est le seul moyen de diminuer durablement le nombre de personnes souffrant de la faim et de réduire la pauvreté dans les pays du Sud.

Globalement, 2,5 milliards de personnes, soit plus de 40% de la population mondiale, dépendent de petites exploitations familiales. Ces dernières représentent la principale source d’emploi, de sécurité alimentaire et de lutte contre la pauvreté rurale, mais elles ne bénéficient pratiquement pas de l’aide internationale.

Depuis le discours de Nicolas Sarkozy l’an dernier à la FAO, la France défend une position ambitieuse sur la crise alimentaire mais peine à la traduire dans les faits. En annonçant 1,5 milliard pour l'ensemble du secteur agricole pour la période 2009-2011, la France reconduit ses engagements pris en 2008, mais n'y ajoute pas de financements additionnels. Concernant le soutien à l'agriculture dans les pays du Sud, les priorités des discours sont encore loin des réalités de terrain. »

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Notes aux rédactions