Climat : avis de gros temps sur Paris climat 2015

Lima, Pérou – La multiplication des événements climatiques extrêmes continue de laisser de marbre les négociateurs de l’ONU sur le climat. L’accord trouvé sur des éléments annexes à Lima ne ferme pas la porte à un accord plus large à Paris mais il ne donne aucun signe que l’ambition nécessaire sera au rendez-vous.

« Les négociateurs ont évité le naufrage sur les côtes péruviennes, mais un avis de gros temps est annoncé sur la route de Paris climat 2015 », affirme Romain Benicchio d’Oxfam France. « La faiblesse des résultats de Lima est un appel à continuer la mobilisation. Les gouvernements ne mettront pas en œuvre les solutions nécessaires sans que des voix ne se fassent entendre. La mobilisation doit redoubler en 2015 pour s’opposer aux intérêts particuliers qui profitent du statu quo ».

L’appel de Lima sur l’action climatique’ comprend un premier jet pour l’Accord de Paris qui ne règle néanmoins aucune des questions politiques sur la table depuis des années. De plus, il permet à tous les pays de déterminer leur propre niveau d’ambition sur les réductions d’émissions qui doivent être annoncées en 2015, indépendamment de leur responsabilité,  sans même prévoir de mécanisme pour évaluer si ces annonces sont adéquates et permettront d’éviter des dérèglements climatiques catastrophiques. Dans le même temps, rien de concret n’a été annoncé sur la nécessaire réduction des émissions à court terme.

Au-delà des $10 milliards annoncés pour le Fonds Vert pour le Climat à la veille du sommet, le texte ne propose que de vagues engagements à soutenir les populations sur la ligne de front du changement climatique. La prévisibilité des flux financiers à venir, nécessaire à la mise en œuvre des projets sur le terrain, reste totalement absente.

« Lima devait dégager la route de Paris sur la question des financements mais ne nous apporte aucune réponse sur la façon dont les pays développés vont mobiliser les financements nécessaires pour répondre aux impacts actuels du changement climatique »,affirme Romain Benicchio d’Oxfam France. « On attend des pays les plus vulnérables qu’ils signent un nouvel accord à Paris alors même qu’il n’ont aucune garantie sur la tenue des engagements pris à Copenhague, il y a déjà 5 ans ».

Aucun des plus gros émetteurs n’a réellement fait preuve de flexibilité et d’ambition. Les Etats Unis et la Chine sont arrivés à Lima avec le vent en poupe, suite à leur récente annonce commune, mais ils ont montré trop peu de volonté de faire de véritables compromis à Lima sur la question des financements ou de la répartition des efforts à effectuer à l’avenir. L’inde s’est opposée à ce que les engagements de réduction des émissions puissent être sérieusement évalués. L’UE a de son côté préféré se reposer sur ses lauriers après ses récentes annonces sur le Fonds vert et la réduction des émissions à l’horizon 2030. L’Australie a elle fait acte de présence et c’est sans aucun doute sa principale contribution au processus.

Le contraste est saisissant avec certains pays d’Amérique Latine, qui ont bien souvent montré une attitude constructive au-delà de ce que l’on pouvait attendre. La Colombie et Le Pérou ont par exemple annoncé des contributions de $6 millions de dollars chacun au Fonds Vert malgré leur faible responsabilité historique. Le Groupe Africain a essayé de pousser pour davantage d’ambition mais n’a pu obtenir gain de cause. Les pays les plus vulnérables ont également dû se battre pour conserver une vague référence à la question essentielle des pertes et dommages dans le texte final.

« Plus de 500 000 personnes sont descendues dans la rue en septembre pour demander des changements, suivis par la plus grande manifestation sur le climat de l’histoire de l’Amérique Latine cette semaine. Les gens attendent des réponses et des actes »,explique Romain Benicchio. « Les citoyens ordinaires et les communautés les plus touchées sont fatiguées des discours convenus et des gouvernements, patrons  et bureaucrates qui passent leur temps à se chercher des excuses ».

Le résultat de Lima ne nous éloigne pas d’une trajectoire d’augmentation de la température d'au moins 3 degrés. A ce niveau, le coût de l’inaction est énorme en termes de vies humaines, d’augmentation de la pauvreté ou de menaces sur la sécurité alimentaire.

« Nous attendions un changement de cap à Lima mais les négociateurs ont préféré continuer d’avancer vers l’œil du cyclone »,affirme Romain Benicchio. « Il appartient désormais à la Présidence française de naviguer dans ces eaux troubles en vue de Paris. Mais même dans l’hypothèse optimiste que l’accord le plus ambitieux encore sur la table soit signé l’année prochaine, notre travail ne fera que commencer en décembre prochain ».


Ce communiqué a été produit avec le soutien financier de la Commission européenne. Son contenu relève de la seule responsabilité d’Oxfam France et ne reflète pas nécessairement les positions de la Commission européenne et de ses services.

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