Climat : l’Europe doit s’émanciper et sortir de l’ombre des Etats-Unis

Alors que l’ultime semaine de négociations sur le climat avant le sommet de Copenhague prend fin à Barcelone, les pays riches restent incapables de s’engager sur des objectifs de réduction des émissions suffisamment ambitieux et d’annoncer un paquet financier à la hauteur de la crise climatique. De plus, aucun progrès n’a été enregistré sur l'additionnalité, principe central pour éviter la diversion de l’aide publique pour financer l’adaptation dans les pays en développement.

Oxfam France appelle l’Union européenne à prendre ses distances avec les Etats-Unis pour ne pas risquer de faire échouer un accord sur le climat en préparation depuis deux ans. Un accord légalement contraignant est toujours possible à Copenhague en décembre, mais les chefs d’Etat européen ne peuvent plus attendre que les Etats-Unis veuillent bien rattraper leur retard.

« L’ombre des Etats-Unis plane sur ces négociations sur le climat. Les autres pays riches profitent de l’inertie des Etats-Unis et s’en servent comme d’une excuse pour privilégier leurs intérêts nationaux aux dépens des populations les plus vulnérables face au changement climatique » selon Romain Benicchio, chargé de campagne climat à Oxfam France- Agir ici et présent à Barcelone cette semaine.

« C’est une énorme déception qu’un acteur comme l’Union européenne, autrefois leader sur la question du climat, soit désormais pris en otage par l’agenda politique domestique américain » ajoute-t-il.

Durant la semaine, les pays africains ont bloqué les négociations de Barcelone pour recentrer les débats sur les objectifs de réduction des émissions des pays riches et pointer du doigt la faiblesse des engagements sur ce sujet. « Le coup de force des pays africains à Barcelone démontre clairement qu’ils ne sont pas prêts à accepter un accord qui ne serait pas à même de sauver les populations sur la ligne de front de la crise climatique. Les pays les plus vulnérables ne devraient pas se retrouver dans la situation de devoir choisir entre un accord qui ne répond pas à leurs besoins et le blocage des négociations » ajoute Romain Benicchio.

« On assiste à une lutte entre les intérêts commerciaux et politiques des pays développés, face à la survie de millions de personnes dans les pays les plus pauvres. La France se targue de vouloir mettre les intérêts des pays africains au centre de sa stratégie sur le climat, mais le manque de progrès au terme de cette semaine de négociations démontre un échec sans appel sur cette question ».

Mais malgré cet échec flagrant et le recul des ambitions politiques pour le sommet de décembre, les négociations techniques ont progressé sur un certain nombre de sujets, comme sur la question du recours aux financements innovants pour soutenir l’adaptation dans les pays pauvres. La possibilité de lever des financements climat par le contrôle des émissions du transport maritime et aérien a notamment été portée par la France cette semaine Oxfam estime qu’au moins 110 milliards d’euros par an de fonds publics sont nécessaires pour soutenir l’adaptation et une croissance pauvre en carbone dans les pays en développement].

« Le recours aux financements innovants est essentiel pour faire face à l’ampleur des besoins financiers des pays en développement face à la crise climatique. Toutefois, leur mise en place prendra du temps, et cela ne doit pas empêcher les pays riches comme la France de tenir leurs engagements et d’augmenter le soutien financier pour l’adaptation dés aujourd’hui. La crise climatique frappe déjà les plus vulnérables sans se préoccuper du manque de progrès des négociations sur le climat », conclut Romain Benicchio.

||Communiqué envoyé dans le cadre d’une campagne lancée en septembre 2009 et réalisée avec l’aide financière de l’Union européenne. Le contenu de cette campagne relève de la seule responsabilité d’Oxfam France et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.|

Contact

Contact presse :

à Barcelone, Romain Benicchio : + 41 79 79 79 990

à Paris, agali RUBIN : 01 56 98 24 45 – 06 30 46 66 04

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