Crise alimentaire : les petits agriculteurs sont les grands absents du G8 agriculture

Un an après les « {émeutes de la faim} » qui ont ébranlé une vingtaine de pays du Sud, les ministres de l’agriculture du G8 se réunissent pour la première fois les 18, 19 et 20 avril prochains à Trévise en Italie, pour s'accorder sur les mesures à prendre pour prévenir une prochaine crise alimentaire.

A la veille de cette rencontre et à l’occasion de la journée internationale des luttes paysannes, le 17 avril, Oxfam France et Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) rappellent que le nombre de personnes souffrant de la faim de façon chronique continue d’augmenter dans le monde, atteignant près d’1 milliard d’individus dont les trois quarts sont des paysans.

Elles appellent les dirigeants du G8 à respecter leurs engagements en investissant durablement dans les agricultures des pays du Sud, et notamment dans les agricultures familiales.

Pour ce premier G8 agricole de l’histoire du sommet, les dirigeants du G8 veulent faire preuve d’ouverture, en élargissant la réunion au G5 (Brésil, Chine, Inde, Afrique du Sud, Mexique) ainsi qu’à l’Egypte, l’Australie et à l’Argentine. Malheureusement, ce sommet ne donne pas la parole aux pays les plus touchés par la crise, ni aux véritables victimes de cette crise, les petits producteurs.

Ce sont donc les plus importants producteurs de céréales, viandes, fruits et légumes du monde qui échangeront sur l’avenir de l’agriculture et la sécurité alimentaire mondiale tandis que les pays les plus dépendants du secteur agricole, en grande majorité africains L’Afrique est le continent qui a le plus haut taux d’emploi agricole : plus de 60% du PNB au Libéria et en Guinée Bissau, entre 40 et 50% au Rwanda, en RDC, au Togo, en Tanzanie, en Sierra Leone, en Ethiopie ou au en République centre-africaine.
], n’auront pas l’opportunité de faire entendre leurs voix.

« La hausse des prix des produits alimentaires frappe de plein fouet le continent africain, en particulier les pays dépendant fortement des importations de produits alimentaires. Si les pays du G8 veulent lutter contre les causes de la crise, il est indispensable qu’ils écoutent les revendications des petits agriculteurs, et non uniquement les principaux producteurs alimentaires mondiaux. Or les premières victimes de la crise alimentaire sont absentes de ce sommet. Il est urgent que les pays du G8 respectent leurs engagements d’investir dans les petites agricultures et les productions locales et qu’ils revoient leurs politiques énergétiques et commerciales, qui sont en grande partie responsables de la crise actuelle » déclare Jean-Denis Crola, d’Oxfam France.

En 2007, l’aide à l’agriculture n’a représenté que 4% de l’aide publique au développement, son niveau le plus bas depuis des décennies. Les annonces financières faites depuis le sommet de Rome en juin 2008 pour relancer l’agriculture tardent à se concrétiser sur le terrain : selon la FAO, seuls 10% des montants promis annoncés ont été effectivement déboursés, principalement sous forme d’aide alimentaire d’urgence 2,3 milliards de dollars sur les 22 milliards.]. Oxfam France et AVSF insistent au contraire sur la nécessité d’élaborer une solution sur le long terme.

« Les petits paysans représentent la très grande majorité des populations rurales des pays du Sud. Face à la promotion de l’agrobusiness et des investissements étrangers, les paysans luttent pour défendre leur droit à la terre, aux semences, aux ressources naturelles, aux crédits et à la formation. Sans appui des gouvernements, des institutions internationales ou des bailleurs de fonds, ils ne bénéficient pas de l’accompagnement et de l’aide nécessaires pour relancer leur production et affronter la crise alimentaire actuelle » ajoute Carline Mainenti d’AVSF.

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