G20 agricole : agrocarburants, stocks et agriculture paysanne, les sujets à ne pas rater

Les ministres de l'agriculture des pays membres du G20 se réunissent les 22 et 23 juin à Paris. Une première pour le G20 qui, dans un contexte de crise alimentaire chronique, ne peut se permettre d’échouer.

Pour Oxfam, le fait qu'un milliard de personnes souffre de la faim impose une réforme du système alimentaire mondial au plus vite. Mais si le G20 reconnaît l'urgence d’agir contre la crise alimentaire, à l’image de Bruno Le Maire qui affirmait la semaine dernière que « la crise alimentaire, elle, n’est pas demain, la crise elle est aujourd'hui », ce groupe devra aller bien au-delà du contenu des négociations actuelles.

L'organisation demande notamment aux ministres du G20 agricole de prendre des décisions dans des domaines jusqu'à maintenant simplement effleurés, voire ignorés, tels que les agrocarburants, les stocks alimentaires ou le soutien à l’agriculture paysanne. Ces trois éléments-clés sont pourtant cruciaux dans la lutte contre la faim.

« La France, qui a pris l’initiative de mettre l’agriculture en haut de l’agenda des négociations, ne peut s’arrêter à mi-parcours. Elle doit pousser pour un plan d’action du G20 agricole qui prenne en compte l’ensemble des facteurs d'instabilité des prix alimentaires internationaux, y compris ceux pour lesquels les pays occidentaux ont une responsabilité majeure. Il appartient à la France de demander aux plus grandes puissances agricoles mondiales de dépasser leurs intérêts particuliers et de prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre la faim dans le monde« , souligne Jean-Cyril Dagorn, d’Oxfam France.

Une version du plan d’action du G20 agricole a fuité la semaine dernière et est assez décevante. Les mesures présentées pour résoudre les problèmes qui se posent sur la sécurité alimentaire mondiale ne sont pas adéquates. Pour y remédier, Oxfam France demande au gouvernement français de prendre des positions ambitieuses sur les sujets suivants et de les porter au sein du G20 :

Agrocarburants

Lors de son discours devant la FNSEA la semaine dernière, Bruno Le Maire n’a malheureusement pas prononcé une seule fois le mot « agrocarburant ». La faiblesse de la production agricole et la spéculation sont des facteurs importants de la volatilité des prix agricoles mondiaux mais la France doit reconnaître qu’ils n’en sont pas les causes exclusives ; faute de quoi l'efficacité des mesures qui seront prises pour lutter contre la volatilité sera limitée.

Le G20 doit rapidement supprimer les subventions en faveur des agrocarburants et les mandats d’incorporation qui augmentent la volatilité des prix sans s'attaquer au changement climatique. Les pays du G20 doivent également immédiatement mettre en place des plans d'urgence permettant d’ajuster leurs objectifs de production d’agrocarburants lorsque les réserves alimentaires sont en danger.

Stocks alimentaires

Oxfam appelle également les ministres de l'agriculture du G20 à réexaminer la question des réserves alimentaires. Dans un nouveau rapport publié aujourd’hui, Se préparer aux vaches maigres, Oxfam affirme que les décideurs devraient reconsidérer les exemples de pays comme Madagascar et l'Indonésie qui démontrent que des stocks alimentaires bien conçus et combinés avec d'autres mesures pourraient aider les pays en développement à lutter contre la volatilité des prix alimentaires.

Selon ce même rapport, le stockage de 105 millions de tonnes supplémentaires de céréales aurait été suffisant pour éviter la crise des prix alimentaires en 2007-2008 ; le coût de cette opération aurait été de 1,5 milliard de dollars. En 2008, l'Inde a réussi à stabiliser les prix alimentaires grâce à l’achat massif et la mise en circulation de riz et de blé par le gouvernement.

Le G20 doit exiger que les grands négociants et les investisseurs du secteur privé fournissent aux gouvernements des renseignements adéquats et réguliers sur leurs stocks alimentaires afin d'améliorer la transparence du marché. Il doit également décider d’augmenter les réserves nationales et régionales dans les pays en développement, appuyer l'intervention publique de ces pays dans la gestion durable et transparente des stocks de régulation et engager des ressources techniques et financières pour établir ces réserves et encourager les autres gouvernements à le faire.

Soutien à l’agriculture paysanne

Aujourd'hui, les trois-quarts des victimes de la faim sont des paysans ou des paysannes, victimes de l’instabilité des prix agricoles internationaux et de décennies de désinvestissement des pays du Nord et du Sud dans l’agriculture.

Le G20 doit inverser cette tendance et investir dans l’agriculture paysanne des pays en développement, notamment à travers les organisations paysannes et les organisations de femmes, et les aider à s’adapter au changement climatique. Cela suppose notamment de la part des pays du G20 un soutien concret à des politiques agricoles et commerciales visant à donner priorité à la sécurité alimentaire des pays en développement sur les objectifs commerciaux.

Contact presse

Magali Rubino : 01 56 98 24 45 / 06 30 46 66 04 / rubino@oxfamfrance.or

Notes

– Télécharger le rapport d’Oxfam Se préparer aux vaches maigres

– Le rapport d’Oxfam [« Cultiver un avenir meilleur »->/Contre-la-faim-changer-le-systeme,1098 ] détaille les défaillances de l’actuel système alimentaire mondial et souligne que les conséquences du changement climatique vont entraîner de nouvelles crises marquées par l’épuisement des ressources naturelles et l’augmentation du nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde.

 

[->Cultivons-La-Terre-La-vie-Le-monde,1099]

 

 

||Communiqué envoyé dans le cadre d’une campagne lancée en septembre 2009 et réalisée avec l’aide financière de l’Union européenne. Le contenu de cette campagne relève de la seule responsabilité d’Oxfam France et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.|

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