G8 : des attentes à ne pas décevoir

Evasion fiscale, commerce transatlantique, Syrie, aide au développement, accaparement des terre et sécurité alimentaire, terrorisme… les chefs d'Etats qui se rencontrent en début de semaine prochaine ont à leur l'agenda un nombre de sujets clés conséquent. Mais pour répondre à ces défis, le G8 ne doit plus se positionner en donneur de leçon face au monde et défendre ses seuls intérêts, il doit apprendre à balayer devant sa propre porte.

C'est notamment le cas de la lutte contre l'évasion fiscale : les chefs d'Etats du G8 réunis dans la même salle c'est en fait une quinzaine de paradis fiscaux autour de la table, dont 10 pour le seul Royaume Uni. La France est fortement engagée sur ce sujet : le président de la République doit affirmer sa volonté de créer des registres publics pour lutter contre l'opacité des structures juridiques liées aux paradis fiscaux. Le G8 doit également appuyer et renforcer les dynamiques multilatérales (aide, transparence, investissement dans l'agriculture par exemples). C'est à ces conditions que les décisions prises auront de réels impacts. François Hollande doit s'assurer que les initiatives, telle que la Nouvelle alliance sur l'agriculture, soient subordonnées à des mécanismes d'encadrement des investissements privés dans l'agriculture des pays du Sud. François Hollande, qui a rencontré les ONG françaises – dont Oxfam France – avant le G8, a rappelé à cette occasion que la France, outre ses engagements au G8, entendait aussi faire preuve "d'exemplarité" sur l'ensemble de ces sujets, notamment en veillant à une transparence renforcée de ses propres actions et un meilleure analyse de leur impact. Interrogé en particulier sur le suivi des engagements et la cohérence des politiques il a insisté sur les responsabilités en la matière de l'Agence Française de Développement (AFD) et l'importance du rôle et de la vigilance des ONG. En amont du sommet, une réunion sur les "3 T" (tax, trade et transparence) se tiendra dès demain, samedi 15 juin, à Londres avec des représentants des gouvernements, de la société civile, dont Oxfam, et du secteur privé. Des décisions pourraient être prises sur les questions d'évasion fiscale et d'investissements fonciers pour être intégrées dans le communiqué final du G8 qui sera rendu public mardi. Les demandes d'Oxfam France :

  • Lutte contre l'évasion fiscale

Pendant les deux jours du sommet du G8 en Irlande du Nord, 2,2 milliards de dollars sortiront des pays en développement à destination de paradis fiscaux.
Oxfam demande la création d'un répertoire public des capitaux et avoirs des sociétés et ressortissants des pays du G8. Le G8 doit également favoriser l'extension de la transparence (le reporting pays par pays) à d'autres secteurs en plus du secteur extractif et inclure plus d'informations (chiffre d'affaires, nombre d'employés, actifs…) pour permettre de détecter les pratiques de fraude fiscale ou d'optimisation agressive. Il doit également confirmer la systématisation de l'échange automatique d'informations fiscale et le porter au niveau multilatéral.
 

  • Sécurité alimentaire

Depuis 10 ans, des terres d'une superficie égale à plus de trois fois la taille de la France métropolitaine ont été accaparées dans le monde, soit une surface agricole suffisante pour subvenir aux besoins alimentaires d'un milliard de personnes.
Le G8 doit renoncer à élargir la Nouvelle Alliance pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition, et assurer la mise en place de véritables mécanismes d'encadrement des investissements privés dans l'agriculture des pays du Sud. Il doit également se réengager à renforcer l'investissement public agricole, pour développer en priorité les agricultures paysannes et les pratiques agro-écologiques.
 

  • Aide publique au développement

A l'occasion du G8, la France doit réaffirmer son engagement de consacrer 0,7% de sa richesse nationale à l'aide publique au développement (APD) et mettre en cohérence au plus tôt ses engagements, ses politiques d'aide et les moyens financiers nécessaires pour y parvenir, notamment via la Loi d'Orientation et de Programmation en gestation et le Projet de loi de finances pour 2014.
L'aide ne doit pas rester en marge des dynamiques actuelles de transparence. Après l'annonce par les autorités françaises de l'adhésion à l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE), il est crucial que la France annonce au G8 son adhésion à l'Initiative pour la Transparence de l'aide (IATI).
 

  • Conflit et crise humanitaire en Syrie

Ce sommet intervient alors que la crise syrienne atteint un niveau critique. Le G8 doit condamner toutes les violences et faire tout son possible pour que les Syriens puissent avoir accès à l'aide dont ils ont besoin.
La rencontre entre Barack Obama et Vladimir Poutine pendant le sommet représente également une réelle opportunité de faire avancer l'organisation de la conférence de Genève qui doit être décidée au plus vite.
La France doit elle augmenter sa contribution à la réponse humanitaire à la crise syrienne. Cette dernière s'élève aujourd'hui à 40 millions de dollars / 30 millions d'euros, soit, à titre d'illustration, un montant inférieur aux 45 millions d'euros reçus de l'Etat par Bernard Tapie à titre de "préjudice moral" dans l'affaire Adidas/Crédit lyonnais.
 
Notes aux rédactions Télécharger notre dossier de presse sur le sommet du G8 2013 Sébastien Fourmy, directeur du plaidoyer d'Oxfam France, sera sur place du 16 au 18 juin et disponible pour des interviews. Contact presse : Magali Rubino 06 30 46 66 04

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