G8 : un communiqué… à la normande

Alors que le sommet de Deauville touche à sa fin, Oxfam prévient que le G8 perd encore en crédibilité en publiant un communiqué dénué de toutes décisions concrètes.

Tout est relatif à Deauville, oui peut vouloir dire non, obligatoire signifier volontaire, 19 milliards de dollars être équivalent à 1,27 et de nouvelles promesses s'additionner à d’anciennes non tenues.

Pour Luc Lamprière, directeur général d'Oxfam France : « P't'et' ben qu'oui… p't'et' ben qu'non… semble avoir été le mot d'ordre du sommet. Sans choisir de chiffres sur l'aide au développement, avec parfois des contradictions, ce communiqué à la normande ne peut satisfaire personne, ou tout le monde, c'est selon.« 

Le G8 ne s'est toujours pas mis d'accord pour accepter les chiffres d'aide de l'OCDE qui démontrent que 19 milliards de dollars manquent sur les 50 milliards de dollars promis. Le communiqué final se contente simplement de mettre côte à côte ces chiffres avec leurs étonnants calculs ignorant cinq ans d’inflation, indiquant ainsi des objectifs d'aide pratiquement atteints.

« A Deauville, 19 milliards de dollars peuvent être équivalents à 1,27 milliards mais dans la vraie vie, il y a une différence que des millions de personnes parmi les plus pauvres apprécieront.« 

Bien que le G8 n'ait pas réussi à mener à bien son partenariat avec l'Afrique, il en a lancé un nouveau aujourd'hui.

« A moins que le G8 ne s'engage à également honorer ses engagements financiers existant contre la pauvreté, ses nouvelles promesses en soutien au printemps arabe pourraient s'avérer à moitié vides, comme les précédentes.« 

Le 'partenariat de Deauville' entre le G8 et le Moyen Orient et l'Afrique du Nord reconnaît que la vie des populations pauvres ou marginalisées en Egypte et en Tunisie doivent pouvoir profiter concrètement des récentes avancées permises par les révolutions dans leur pays. Des milliers de personnes manifestent toujours en Egypte contre les violations des droits de l’Homme dans leur pays.

« Tout partenariat digne de ce nom doit se fonder sur un respect mutuel vis-à-vis des droits fondamentaux et des libertés politiques, indispensable à une véritable transition démocratique.« 

Il est également essentiel que toute aide en faveur de ces pays n'entraîne en aucun cas leur endettement.

Oxfam salue la mention par le G8, dans le cadre de leur engagement en faveur de plus de transparence, de législations et régulations plus fortes sur les comptes des compagnies pétrolières, gazières et minières. Mais cette bonne nouvelle est atténuée par l’insistance de certains pays du G8 à garder dans le communiqué des éléments de langage laissant la porte ouverte à l’aspect « volontaire » de ces publications.

« En soutenant la publication 'obligatoire ou volontaire' des paiements effectués par les compagnies pétrolières, gazières et minières aux gouvernements, le G8 a réussi à transformer une réelle opportunité en un oxymore« , souligne Mamadou Biteye, directeur d'Oxfam en Afrique de l’Ouest.

« Oxfam appelle le G8 à cesser de tergiverser, seule une publication obligatoire et totale des informations relatives à leurs activités donnera aux citoyens les moyens d'exiger des comptes vis-à-vis de leurs gouvernements et contribuera à ce que ces pays reçoivent une juste contrepartie de ces multinationales ».

Contact presse

A Deauville : Magali Rubino : 06 30 46 66 04 / rubino@oxfamfrance.or

Aller plus loin

– Suivre tout le travail d'Oxfam autour du sommet de Deauville sur notre age spéciale G
– Lire notre communiqué sur a double comptabilité des engagements du G : dans un rapport de « redevabilité », le G8 affirme avoir dépensé 49 des 50 milliards promis en 2005 à Gleneagles. Un tour de passe-passe et des calculs douteux explique Oxfam France. 18 mai 2011
– Voir notre communiqué sur [La transparence des compagnies minières, pétrolières et gazières->Le-G8-doit-rendre-contraignante-la,1092] : Oxfam demande aux pays du G8 de rendre obligatoire la publication, pays par pays et projet par projet, des paiements des entreprises du secteur extractif. 26 mai 2011

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