Haiyan : Un an après, une réponse insuffisante face au changement climatique

Il y a un an, le 8 novembre 2014, le typhon Haiyan qui a frappé les Philippines n’a pas seulement tué des milliers de personnes et fait des millions de sans-abri. Il a frappé une région déjà défavorisée, confrontant encore davantage de familles à la pauvreté et les rendant d’autant plus vulnérables à la prochaine catastrophe.

Selon le bureau des Nations unies de prévention des catastrophes (UNISDR), l’Asie est la région du monde la plus exposée aux catastrophes naturelles. En 2013, 78% des victimes de catastrophes naturelles vivaient en Asie, alors que seulement 43% des catastrophes survenues dans le monde ont eu lieu dans la région. Au cours des vingt dernières années, l’Asie a assumé près de la moitié du coût économique mondial de l’ensemble des catastrophes naturelles, soit près de 53 milliards de dollars par an. Rien que les pertes de récoltes liées aux inondations en Asie du Sud-Est sont estimées à un milliard de dollars par an.

Selon la Banque asiatique de développement (ADB), en l’absence de mesures adéquates, quatre pays – l’Indonésie, les Philippines, la Thaïlande et le Vietnam – pourraient subir une perte équivalant à 6,7% de leur PIB annuel d’ici à 2100, soit plus du double de la moyenne mondiale. Si rien n’est fait, le changement climatique pourrait clairement retarder les efforts de développement et de lutte contre la pauvreté dans la région.

Un an après le passage du typhon Haiyan, malgré l’aide humanitaire considérable qui a été apportée aux Philippines, des familles peinent encore à trouver les ressources dont elles ont besoin pour recommencer à gagner leur vie. Plus d’un million de familles pauvres vivant de la culture du cocotier et 200 000 familles de pêcheurs ont été sinistrées, deux secteurs qui se caractérisent déjà par des revenus qui permettent tout juste de vivre.

"Le typhon Haiyan a révélé la très grande vulnérabilité des petits producteurs agricoles face aux catastrophes naturelles. Si on n’y remédie pas rapidement, les communautés resteront en première ligne, exposées à de futures catastrophes et à une pauvreté croissante", explique Romain Benicchio d’Oxfam France. "En Asie, ces femmes et ces hommes ne disposent pas d’économies ni de ressources pour tenir le coup après une catastrophe naturelle. Ce seront eux les grands perdants de la lutte contre le changement climatique".

La prochaine Conférence onusienne sur le climat qui aura lieu à Lima dans un mois (COP20) devra être l’occasion pour les pays de la région de rappeler aux pays riches les ravages causés par le typhon Haiyan et de négocier collectivement l’aide financière dont ils ont cruellement besoin pour lutter contre le changement climatique.

"Les pays en développement ont demandé 15 milliards de dollars sur trois ans pour Le Fonds Vert, qui doit les aider à faire face au changement climatique. A ce jour, seulement neuf pays se sont engagés à verser 2,3 milliards de dollars. Les pays riches sont donc loin du compte ! La France, qui a annoncé une contribution  à hauteur d’un milliard de dollars lors du Sommet de Ban Ki Moon en septembre dernier, doit désormais pousser ses partenaires, tels que les Etats Unis, l'Angleterre, le Japon ou l'Australie, à suivre son exemple", ajoute Romain Benicchio.

Depuis novembre dernier, Oxfam travaille dans 32 municipalités aux Philippines et y a déjà investi 23 millions de dollars (sur un budget total de 60 millions de dollars pour trois ans) afin de porter assistance à plus de 868 960 personnes de diverses manières : approvisionnement en eau potable, construction de latrines publiques, installation de pompes à eau, distribution de bons ou d’argent liquide pour acheter des vivres et réparer les habitations, remplacement ou réparation des bateaux de pêche, déblaiement des débris de cocotiers et mise en place de scieries pour transformer ces débris en bois de construction pour des abris.

Contact

Sarah Roussel :
+33 (0)1 77 35 76 10 / +33 (0)6 51 15 54 38
sroussel@oxfamfrance.org

Notes aux rédactions

Oxfam aux Philippines a conduit la rédaction de deux rapports, disponibles en anglais :