Créé en novembre 2018 par Emmanuel Macron pour apporter un éclairage indépendant sur la politique du gouvernement en matière de climat, le Haut conseil pour le climat indique dans son premier rapport, rendu public aujourd’hui, que la France n’emprunte pas la bonne trajectoire pour respecter ses objectifs en matière de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, en raison du fossé qui demeure entre ses engagements et la réalité des actions mises en œuvre.
Ainsi entre 2015 et 2018, les émissions de gaz à effet de serre ont baissé en moyenne de 1,1%, soit près de deux fois moins que l’objectif fixé.
Si elles ont également baissé en 2018, il faut rappeler que la France dépasse toujours de 4,2% le budget carbone qu’elle devrait respecter (1).
Pour Armelle Le Comte, responsable de plaidoyer climat pour Oxfam France, « le Haut Conseil pour le climat vient confirmer, indicateurs à l’appui, que la France est en retard sur ses objectifs climatiques. Ce que nous attendons de l’Etat, c’est un sursaut en matière climatique. Sur la base du rapport du Haut conseil pour le climat, mais aussi des interpellations de la société civile depuis des mois, la France doit mettre l’enjeu climatique au cœur de l’ensemble de ses lois et règlements et prendre sans tarder des mesures de court terme concrètes et ambitieuses ».

La loi Energie-climat : une occasion pour le gouvernement français de se mettre au diapason de l’urgence

L’Hexagone enregistre cette semaine des températures caniculaires. Une telle situation pourrait devenir la norme en été d’ici la fin du siècle si une transformation en profondeur n’est pas conduite dès maintenant, notamment par les Etats les plus riches et les plus émetteurs de CO2 (2). L’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi Energie-climat offre donc un test en temps réel de la volonté du gouvernement de lutter effectivement contre le changement climatique.
Pour Armelle Le Comte, « le projet de loi énergie-climat est une occasion majeure pour le gouvernement de démontrer qu’il a pris la mesure de l’urgence climatique. Les députés ne doivent pas se contenter de voter l’urgence climatique et écologique. Si la France ne veut pas se limiter à de beaux discours creux, elle doit agir dès maintenant, et tirer les enseignements du rapport du Haut conseil pour le climat ».
Tous les voyants sont au rouge concernant la fin des subventions publiques aux énergies fossiles via les garanties à l’export. Ces financements, qui permettent de garantir les investissements que font des entreprises françaises à l’étranger, se sont élevés à 1,4 milliards d’euros entre 2015 et 2018. Voté la semaine dernière en commission économique, contre l’avis du gouvernement, l’amendement visant à y mettre un terme pourrait ne pas survivre au vote en séance plénière.
Le gouvernement a en effet déposé un contre-amendement inacceptable qui fait mention de la fin des crédits publics au charbon, mesure qui est en réalité déjà appliquée depuis 2015. En revanche, il remet à une date ultérieure ses arbitrages sur les subventions publiques accordées aux autres énergies fossiles.
« Alors que les impacts des changements climatiques sont de plus en plus dévastateurs, il serait incompréhensible que la France continue de subventionner les énergies fossiles à l’étranger », conclut Armelle Le Comte.
Si nous voulons limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, la France doit agir immédiatement en :
– Mettant fin aux avantages qu’elle accorde aux acteurs qui alimentent la crise climatique et amputent chaque année nos finances publiques de près de 11 milliards d’euros ;
– Actant définitivement la fermeture des centrales à charbon au plus tard en 2022, en accompagnant les territoires et les salariés ;
– Envisageant systématiquement toutes ses politiques publiques à la lumière de ses engagements climatiques
– Revoyant la façon dont elle comptabilise ses émissions, qui doivent être les plus représentatives possibles de l’activité de la France, sur son territoire et à l’étranger.

Notes aux rédactions
(1) https://www.citepa.org/fr/?start=15
(2) Les 1% les plus riches au monde génèrent en moyenne 175 fois plus de CO2 qu’une personne se situant dans les 10% les plus pauvres, comme le démontre notre rapport « Inégalités extrêmes et émissions de CO2 »,