Les personnes qui arrivent en Grèce à la recherche de refuge sont régulièrement privées d’une procédure d’asile juste et efficace, selon un rapport d’Oxfam et du Conseil Grec pour les réfugiés (GRC).

Le nouveau rapport d’Oxfam « No-Rights Zone » (« Zone de non-droits ») alerte sur le manque d’avocats et d’accès à l’information pour les demandeurs d’asiles, cruciaux pour entamer une demande d’asile dans les camps surpeuplés des îles grecques. Cela signifie que beaucoup de personnes sont bloquées dans les camps sans la moindre possibilité de bénéficier d’un processus d’asile avec les garanties suffisantes, et risquent d’être renvoyées dans des pays où leur vie est en danger. Actuellement, seulement 1 personne sur 5 qui demande l’asile en Grèce a accès à un avocat pourvu par l’Etat. La situation est bien pire sur les îles grecques, où seulement 1 recours sur 50 a accès à une assistance juridique gratuite.

Le rapport met aussi en garde contre une possible dégradation de la situation, la Grèce ayant adopté une nouvelle loi régressive sur l’asile et ayant récemment annoncé qu’elle pourrait remplacer les actuels camps, « hotspots » de l’UE comme celui de Moria sur l’île de Lesbos, par des centres de détention de facto. Ces mesures rendront encore plus difficile l’accès aux informations et assistance juridique nécessaires pour entamer une demande d’asile.

Pour Jon Cerezo d’Oxfam France :

«Les personnes qui fuient la guerre, les conflits et la persécution ont besoin de reconstruire leur vie dans la sécurité et la dignité. De nombreuses personnes en quête d’asile doivent faire face à de multiples traumatismes et doivent en plus se débrouiller seules face à des procédures légales extrêmement compliquées. Sans information basique et soutien appropriés, le risque de rejet d’une demande d’asile légitime et le renvoi du demandeur vers un pays où sa vie sera en danger est très élevé ».

Pour les citoyens ordinaires, il est presque impossible de comprendre les procédures d’asile grecques, complexes et en constante évolution. C’est particulièrement difficile pour ceux qui ne parlent pas la langue et font face à des traumatismes graves résultant de la situation qu’ils ont fuie, des expériences vécues lors de leur voyage vers l’Europe et celles vécues dans les camps de réfugiés surpeuplés et dangereux des îles grecques.

Le parlement grec a récemment adopté une nouvelle loi sur l’asile qui pourrait conduire les personnes en quête de protection en Europe à être bloquées dans des centres clos sur les îles pendant de longues périodes. En pratique, cela rendra le droit de faire appel d’une décision négative concernant leur demande d’asile presque impossible. En outre, la loi réduira les garanties existantes qui protègent les personnes les plus vulnérables, limitant ainsi considérablement leur capacité à bénéficier de la protection dont elles ont droit et besoin.

Maria Papamina, responsable de l’unité juridique de la GCR, a déclaré:

«Avec la nouvelle loi et les projets de centres de rétention fermés dans les îles, le gouvernement grec affaiblit les garanties fondamentales des systèmes d’accueil et d’asile. Une détention généralisée et de longue durée est utilisée pour dissuader les personnes ayant besoin de protection d’atteindre l’Europe. Pour les enfants et les familles, constituant le groupe le plus important dans les camps actuels, la plupart d’entre eux venant de pays en guerre et déchirés par des conflits, ces mesures seront encore plus dures».

Oxfam et le GCR appellent le gouvernement grec et l’Union européenne à prendre immédiatement des mesures pour que les personnes en demande de protection en Grèce aient accès à une procédure d’asile juste, efficace et transparente. La Grèce doit respecter les obligations et engagements en vertu de la législation européenne et nationale concernant l’information et l’assistance juridique aux demandeurs d’asile, en allouant des fonds supplémentaires et en mettant à disposition davantage d’avocats, de personnel et d’interprètes.

 

Contact Presse :
Jon Cerezo, Responsable campagne humanitaire et migrations, 06 51 15 54 38

Lire le rapport « No-Rights Zone » (en anglais uniquement)

 

Notes aux rédacteurs:

• Des porte-paroles sont disponibles à Lesbos et Paris en français.
• En raison de l’accord UE-Turquie, qui piège les demandeurs d’asile sur les îles grecques, le nombre de demandes d’asile déposées dans ce pays a augmenté considérablement depuis 2015. En moyenne, environ 5 500 personnes par mois ont fait une demande de protection internationale en 2018, cinq fois plus qu’en 2015. Rien qu’à Lesbos, le nombre de demandes a triplé entre 2016 (5 000) et 2018 (17 270).
• La durée des procédures d’asile sur les îles a considérablement augmenté au cours des dernières années. Certaines personnes sont restées dans l’incertitude pendant plus de deux ans avant de recevoir une décision concernant leur demande de protection.
• Le «hotspot» de Moria présente un sous-effectif critique et permanent: peu de personnel pour la première réception et l’identification, peu de médecins envoyés par l’État et peu de traducteurs. En conséquence, il existe un important retard dans l’enregistrement, l’évaluation médicale et les entretiens d’asile. Cela ne conduit pas seulement à allonger les procédures d’asile, obligeant les gens à rester plus longtemps dans des conditions terribles sur les îles, mais également à créer des incertitudes sur la qualité du processus et davantage d’erreurs bureaucratiques mettant en danger toutes ces personnes.
• À son plus haut niveau en 2019, le nombre maximum d’avocats d’ONG présents à Lesbos et capables de prendre en charge gratuitement les demandes d’asile était de 30. Parallèlement, 23 000 arrivants ont été enregistrés sur l’île.
• La Grèce a été condamnée dans plusieurs affaires devant la Cour européenne des droits de l’homme dû au manque d’informations fournies aux demandeurs d’asile et au manque de ressources mises à disposition.
• Selon le HCR, le manque d’informations et de clarté sur les procédures d’asile est une source d’anxiété et de frustration, ce qui a de graves conséquences sur le bien-être psychosocial et la santé mentale.
• Le programme d’Oxfam en Grèce prévoit une assistance juridique gratuite pour les demandeurs d’asile et une protection pour les personnes se trouvant dans le «hotspot» de la Moria. Oxfam porte assistance en matière de protection à niveau individuel et communautaire, aide à trouver des solutions basées sur les différentes communautés présentes dans le camp et facilite la communication avec les représentant des institutions présentes, tout en menant des actions de plaidoyer et en faisant campagne pour améliorer les politiques de migration de l’UE et de la Grèce.
• Le Conseil grec pour les réfugiés (GCR) est la plus grande ONG grecque dédiée aux réfugiés et aux demandeurs d’asile. Le GCR est spécialisé dans la prestation de services juridiques et psychosociaux et est présent dans tout le pays. Il a dirigé des projets de recherche, de plaidoyer et de contentieux sur les détentions de facto et sur l’impact plus général des politiques de l’UE en Grèce, dans le but de mettre fin aux violations de droits et les changements institutionnel qui sont à l’origine.