A trois semaines du début de la présidence française du Conseil de l’Union Européenne, le Président Emmanuel Macron a détaillé dans une conférence de presse les grandes priorités européennes qu’il portera durant cette présidence. Pour Oxfam, le Président a manqué l’occasion d’annoncer des priorités et des ambitions claires sur plusieurs dossiers, en particulier sur la régulation des multinationales, la suspension de la propriété intellectuelle sur les brevets des vaccins anti-covid, ou encore sur la redistribution des droits de tirage spéciaux aux pays pauvres.

Oxfam France réagit sur ces différents dossiers :

 

Vaccin

« Nous ne sommes pas dupes, le principal adversaire à l’accès aux vaccins dans le monde c’est l’Union Européenne ! En bloquant la demande des pays du sud à l’OMC de lever temporairement les brevets sur les vaccins anticovid, l’Europe contribue à limiter artificiellement la production mondiale de vaccin tout en protégeant les intérêts des géants de l’industrie pharmaceutique. L’heure n’est plus aux fausses promesses et aux beaux discours théoriques sur un vaccin bien public mondial. Le Président français Emmanuel Macron a 6 mois pour convaincre ses partenaires européens de soutenir la levée temporaire des brevets, seule solution pour sortir de l’impasse actuelle » déclare Sandra Lhote-Fernandes, responsable du plaidoyer santé d’Oxfam France.

 

Fiscalité internationale

« Le gouvernement français a répété de nombreuses fois à quel point la France avait eu un rôle central dans l’accord sur la taxation des multinationales. Il est pourtant moins ambitieux que prévu à cause des concessions faites à certains paradis fiscaux par les pays du G7 dont la France. Au moins deux pays européens tentent de faire de nouveau baisser l’ambition de l’accord. La France ne doit pas céder à leur pression pour faire voter le texte au plus vite, et au contraire améliorer l’accord en supprimer les exonérations au taux minimum et en l’étendant aux profits domestiques » déclare Quentin Parrinello, responsable de plaidoyer justice fiscale d’Oxfam France.

 

Régulation des multinationales

« Alors que le gouvernement français n’a de cesse de multiplier ses appels aux vertus d’un capitalisme responsable, il doit prendre acte de l’échec de l’autorégulation des entreprises et des approches volontaires et joindre les actions aux paroles en poussant pour une extension de la loi – pionnière – adoptée en France en 2017 sur le devoir de vigilance des entreprises au niveau européen.

Il peut le faire en priorisant la directive sur la gouvernance d’entreprises durable : texte annoncé en fanfare par la Commission Européenne en mars 2020, et dont la publication vient d’être repoussée pour la 3e fois. Les profits des grandes entreprises, leurs distributions de dividendes ne peuvent se faire au détriment des droits humains et de la planète : il y a urgence à agir et à réformer en profondeur », déclare Caroline Avan, chargée de plaidoyer énergies extractives d’Oxfam France.

 

Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières

« Loin d’être la solution miracle au défi climatique, le mécanisme carbone aux frontières ne doit pas servir de distraction à la nécessité d’une action ambitieuse afin de réduire d’au moins 55% les émissions de l’UE d’ici 2030. Par ailleurs, la solidarité implique d’exclure du mécanisme les pays les moins avancés – ou de définir une période d’exemption – ainsi que d’utiliser les revenus pour aider les pays hors de l’UE à mener décarboner leurs économies. Le choix actuel de les reverser au budget général de l’UE, notamment pour rembourser la dette Covid, serait injuste et vu comme une mesure protectionniste. Enfin, pour véritablement accélérer la transition écologique, il faut mettre un terme aux permis à polluer gratuits dont bénéficient aujourd’hui les industries européennes. Sinon ce mécanisme n’aura aucun impact positif sur le climat. », déclare Armelle Le Comte, responsable plaidoyer climat et énergie d’Oxfam France.

 

Les droits de tirage spéciaux

« Dans ce contexte de pandémie mondiale, la solidarité internationale ne peut être absente de cette présidence. Bien que le Fonds monétaire international ait décidé d’émettre 650 milliards de dollars de Droits de tirage spéciaux (DTS), la plus grande création monétaire d’urgence de son histoire, seulement 22 milliards sont allés jusqu’ici soulager les caisses des pays les plus pauvres de la planète. La Présidence française doit être à l’origine d’un consensus européen sur une réaffectation sans précédent des DTS des pays membres de l’Union et ainsi réparer cette injustice. Le sommet avec l’Union Africaine en février sera décisif afin de s’assurer qu’au grand minimum 100 milliards de dollars comme convenu par le G7 iront à l’Afrique pour fournir un soutien sans dette et sans conditionnalité aux pays qui en ont le plus besoin », déclare Louis-Nicolas Jandeaux, chargé de plaidoyer aide au développement d’Oxfam France.

 

Migration

“Nous nous inquiétons de la volonté de traiter du dossier migratoire via le prisme des passeurs ou de l’immigration choisie. L’Union européenne doit respecter ses principes fondamentaux, y compris le droit des demandeurs d’asile d’accéder à des procédures d’asile justes sur le territoire de l’espace européen commun. Les états membre doivent aussi faire preuve de solidarité, et partager la responsabilité de l’accueil de réfugiés et demandeurs d’asile, par le biais de la relocalisation en tant que principal instrument de solidarité, en particulier en période d’arrivées accrues.” déclare Jon Cerezo, Responsable de campagne “humanitaire et migrations”.

 

Contact presse

Marika Bekier, Responsable presse Oxfam
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