Suites aux annonces de réorganisation du dispositif militaire français et européen engagé au Sahel et notamment du retrait de l’opération Barkhane du Mali, Cécile Duflot, directrice d’Oxfam France a réagi : 

« Cette décision est un terrible aveu d’échec de la politique menée par la France au Sahel depuis près de dix ans. Barkhane se retire du Mali sans que les raisons qui l’ont amenées au Sahel n’aient été véritablement réglées : l’insécurité n’a fait que progresser, l’instabilité politique n’a fait que s’aggraver et le rejet de la politique française dans la région est massif. A l’heure actuelle 2,1 millions de personnes ont fui les violences et 13 millions de Sahélien.n.e.s ont besoin d’aide humanitaire. » 

« Comment expliquer une telle situation, autant de vies perdues de soldats des différentes armées engagées dans ce conflit, malgré les milliards dépensés ? Nous sommes nombreux depuis des années à appeler à une réorientation des stratégies dans la région, alertant sur l’impossibilité pour les structures militaires seules de répondre aux causes profondes des conflits sahéliens qui sont avant tout liés à des enjeux de gouvernance, d’inégalités marquées et de défiance profonde des populations face à leurs autorités. Notre pays, s’il a sincèrement voulu aider le Sahel, a aussi pêché par manque d’humilité et une approche ressentie à travers la région comme paternaliste et souvent incohérente, refusant souvent d’entendre les sociétés civiles de ces pays. »   

« Il est désormais urgent de tirer les leçons de cet échec. Nous le devons aussi à la mémoire des 58 militaires morts depuis 2013 au Mali et dans les autres pays de la région. Il est temps d’avoir un débat sur notre politique au Sahel, débat qui a d’ailleurs cruellement manqué ces dernières années. Seul le lancement de l’opération Serval en 2013 a fait l’objet d’un vote. Cela fait donc 9 ans que le Parlement ne s’est pas prononcé sur notre intervention militaire au Sahel. Nous appelons à une remise à plat urgente et à ce que la prochaine présidente de la République ou le prochain président de la République s’engage à mener dès les premiers mois de son mandat une consultation inclusive avec le Parlement, les acteurs des diasporas sahéliennes en France, le monde de la recherche et les sociétés civiles du Sahel et de notre pays. Au risque sinon de répéter encore et toujours les mêmes erreurs. » 

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Robin Guittard, 06 34 87 10 01, rguittard@oxfamfrance.org