Un an après la Conférence de Paris, la perspective d’un Etat palestinien semble plus lointaine que jamais

Ce lundi 15 décembre 2008 à New York, la France fera partie de la représentation de l’Union européenne au sein du Quartette pour le Processus de Paix au Proche-Orient.

Dans une note d’étape publiée aujourd’hui, Oxfam France montre que l’aide financière promise par les donateurs internationaux lors de la conférence de Paris en décembre 2007 Conférence internationale des donateurs pour la création d’un Etat palestinien, qui s’est déroulée à Paris le 17 décembre 2007] n’a pas réussi à œuvrer à la création d’un Etat palestinien viable pour la fin de l’année 2008.

Malgré les engagements financiers records à hauteur de 7.7 milliards de dollars alors pris par la communauté internationale, la situation sur le terrain en Territoire palestinien occupé (TPO) s’est détériorée de manière drastique. Oxfam France appelle aujourd’hui l’Union européenne – et la France en particulier – à demander à Israël de prendre ses responsabilités quant aux engagements pris lors de la conférence il y a un an, ainsi qu’au regard du Droit International Humanitaire et des Droits de l’Homme.

« La France a fait preuve d’un engagement diplomatique fort lors de la conférence de Paris et tout au long de l’année 2008 pour assurer le suivi des transferts financiers à l’Autorité palestinienne (AP) et son rythme de réformes. Il est grand temps pour les décideurs européens de faire en sorte que les généreuses promesses du mois de décembre 2007 aient un impact réel en Territoire palestinien occupé » affirme Nicolas Vercken d’Oxfam France.

Le Président Nicolas Sarkozy avait alors énoncé des objectifs spécifiques pour promouvoir le développement de l’économie palestinienne et la création d’un Etat « avant la fin de l’année 2008 ». Il avait également insisté sur les pré-requis nécessaires pour garantir la viabilité de cet Etat, notamment le gel complet et immédiat de la colonisation israélienne en Cisjordanie, le retrait israélien de Cisjordanie et la réouverture des points de passage de et vers Gaza.

D’après la note d’étape « Territoire palestinien occupé : un an après la conférence de Paris, les civils continuent de payer », les niveaux d’aide promis par les pays les plus développés n’ont pas été accompagnés par la détermination politique pour garantir les changements nécessaires à l’établissement d’un Etat palestinien viable. Les espoirs soulevés par la conférence de décembre 2007 se sont évaporés, sous l’accélération plutôt que le gel des constructions illégales dans les colonies israéliennes de Cisjordanie occupée et de Jérusalem Est, et malgré les promesses réitérées par le gouvernement d’Israël à Annapolis en novembre 2007.

Alors que le principal enjeu de l’aide internationale était de promouvoir le développement et par là même d’améliorer la vie des populations civiles ainsi que de faciliter les réformes nécessaires de l’Autorité palestinienne pour une transition vers la création d’un Etat viable, il n’a cessé d’être contredit dans les faits par la politique israélienne de blocage à Gaza et les restrictions de mouvement en Cisjordanie.

Le contexte en Territoire palestinien occupé contredit clairement les objectifs énoncés au cours de la conférence. Un an après, le « changement radical de la situation sur le terrain » que Nicolas Sarkozy appelait de ses vœux ne s’est pas produit. Au contraire, Israël continue d’intensifier le blocus de Gaza qui dure depuis bientôt 18 mois et dont un des résultats directs est la paralysie de 98% du secteur industriel de Gaza Banque Mondiale. Palestinian Economic Prospects : Aid, Access and Reform. Economic Monitoring Report to the Ad Hoc Liaison Committee (September 2008).]. En Cisjordanie, alors qu’il y avait 563 obstacles de restriction de mouvement en novembre 2007, on en comptait environ 630 en septembre 2008.

Des sommes colossales sont gâchées. Promettre 7,7 milliards de dollars pour le développement économique semble futile quand les pratiques actuelles du gouvernement israélien font obstacle aux droits humains les plus élémentaires comme la libre circulation. La Banque mondiale a rappelé à plusieurs reprises que la croissance économique palestinienne dépend de « mesures concrètes prises par Israël contre l’expansion des colonies, ainsi que les restrictions d’accès et mouvement » en outre ce rapport souligne que : « En décembre 2007, l'AP a publié son Plan palestinien de Réforme et de Développement (PPRD), reflet de ses engagements de réformes. A l'heure actuelle, il a largement maintenu ce cap à travers la poursuite de réformes fiscales et des efforts pour améliorer la gestion des finances publiques.[… Depuis son lancement, l'AP a fait des progrès réguliers dans la mise en œuvre des plus importantes réformes du PPRD. » (p28) « L'assistance et les réformes sans accès ne sont pas susceptibles de faire renaître l'économie palestinienne. En tant que telles, les manifestations internationales en faveur d'un Etat et d'institutions palestiniens sont incomplètes dans la mesure où elles ne s'attaquent pas aux restrictions économiques israéliennes en parallèles« . (p59)]]. Par ailleurs, le blocus imposé par les autorités israéliennes sur Gaza fait obstacle de manière très sérieuse à l’aide des pays donateurs – ce que ces derniers ne devraient pas tolérer.

En plus de son rôle de généreux bailleur de fonds de l’Autorité palestinienne, l’Union européenne devrait jouer un rôle politique plus fort au sein du Quartette. La France au sein de l’UE devrait user de toute son influence politique, diplomatique et économique pour faire pression sur l’ensemble des parties afin d’améliorer de manière significative la vie des civils et de promouvoir l’établissement d’un Etat palestinien dans un futur proche. « Nous croyons que toute amélioration des relations entre l’Union européenne et Israël devrait aller de pair avec le respect et l’application des principes fondateurs de l’UE, à savoir le respect des Droits humains et des libertés fondamentales » déclare Nicolas Vercken.

La pauvreté a augmenté. L’économie et les conditions de vie d’environ un million de Palestiniens, dépendants de l’aide, se sont très fortement dégradées sous l’effet du maintien et du renforcement du blocus israélien sur Gaza. Ces civils palestiniens ont été les témoins impuissants de l’aggravation de leur pauvreté, qui affecte désormais 80% d’entre eux (contre 45% en Cisjordanie [[Derniers chiffres en date de la Banque Mondiale]] ). A cause du blocus, la dépendance en assistance alimentaire et le taux de chômage ont augmenté régulièrement tout au long de l’année dans la Bande de Gaza, tandis que les coupures de courant généralisées ont affecté indifféremment les systèmes de traitement des eaux, les petites entreprises, les foyers et les hôpitaux. Les gens ont perdu leurs emplois, la malnutrition a augmenté et les services d’éducation et de santé se sont détériorés.

« La France doit jouer un rôle majeur au sein de l’Union européenne pour mettre fin au blocus dévastateur de Gaza et faire tout son possible pour garantir la liberté d’accès et de mouvement à travers tout le Territoire palestinien occupé » selon Nicolas Vercken. [[Le processus de réévaluation des relations entre l’UE et Israël est en marche. Les Droits de l’Homme, la primauté du Droit et les engagements au Processus de Paix doivent y figurer en toute évidence.]]

Oxfam France appelle également l’Union européenne à évaluer et publier les détails des coûts additionnels créés par les politiques israéliennes en Cisjordanie, à Jérusalem Est et à Gaza. Des mesures devraient être prises pour garantir que les obstacles à l’usage efficace des fonds issus de la conférence de Paris soient levés et les pertes recouvrées. Dans le cadre de son travail pour promouvoir l’accès et le mouvement contre le blocus dans les TPO, l’UE devrait réitérer ses exigences pour stopper l’occupation israélienne. Cela devrait inclure le démantèlement des colonies existantes et l’interruption de toute autre construction ainsi que des mesures incitatives pour les colons.

La note d’étape « Territoire palestinien occupé : un an après la conférence de Paris, les civils continuent de payer » est téléchargeable en PDF sur le site Internet d’Oxfam France :

[Territoire palestinien occupé : un an après la conférence de Paris, les civils continuent de payer (pdf)->doc57]

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