Banques et climat : le désaccord de Paris

Banques et climat : le désaccord de Paris

Dans un nouveau rapport « Banques et climat : le désaccord de Paris », Oxfam France révèle que, malgré les demandes répétées de Bruno Le Maire aux banques, les soutiens financiers des banques sont de plus en plus carbonés : 1 euro placé dans une grande banque émettait près de 2% plus de carbone en 2020 qu’en 2017.

Alors que les grands acteurs de la finance internationale se réunissent à Paris le 26 octobre 2021, dans le cadre du Climate Finance Day, Oxfam dresse un bilan de l’empreinte carbone et des engagements climatiques des grandes banques multinationales françaises.

Communiqué de presse

Banques françaises : des investissements et financements toujours plus carbonés

Notre nouveau rapport montre que les quatre principales banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et Banque Populaire Caisse d’Epargne (BPCE) – ont chacune une empreinte carbone supérieure au territoire national français.

Et depuis 2017, la situation est loin de s’améliorer : entre 2017 et 2020, pour un euro investi ou financé, les quatre plus grosses banques françaises ont en moyenne augmenté de près de 2 % leurs émissions de gaz à effet de serre. L’évolution de cette intensité carbone est variable selon les banques : ainsi, pour chaque euro injecté dans l’économie, le Crédit Agricole et BPCE ont augmenté leurs émissions de gaz à effet de serre de près de 17 % et 12 % respectivement entre 2017 et 2020. En parallèle, BNP Paribas et Société Générale ont baissé respectivement de 11 % et 2,6 % leurs émissions de gaz à effet de serre pour chaque euro injecté dans l’économie.

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Des banques encore largement dépendantes des entreprises fossiles

La principale cause de l’empreinte carbone des banques est leurs financements et investissements aux entreprises actives dans les énergies fossiles.

En 2020, pour BNP Paribas, Société Générale et BPCE, les prêts aux entreprises actives dans le secteur du pétrole et gaz représentaient entre 39 % et 48 % des émissions de gaz à effet de serre de leur portefeuille de crédits aux entreprises. Des volumes qui sont en hausse depuis 2017 et qui sont révélateurs de leur forte exposition à l’industrie des énergies fossiles.

Selon le rapport « Banking on Climate Chaos 2021 », Entre 2016 et 2020, les quatre plus grandes banques françaises ont ainsi injecté près de 250 milliards d’euros dans les secteurs du charbon, pétrole et gaz. Pire, malgré les politiques sectorielles censées limiter leurs activités dans les industries pétrolières et gazières les plus toxiques, toutes les grandes banques ont depuis 2016 augmenté leurs financements aux hydrocarbures non-conventionnels.

Des engagements des banques disparates et très insuffisants

Le constat est sans appel : les acteurs financiers n’ont pas du tout suivi l’appel de Bruno Le Maire qui, en octobre 2020, demandait aux banques, assureurs et gestionnaires d’actifs français de prendre des engagements garantissant l’arrêt définitif de leurs soutiens aux secteurs des pétrole et gaz non-conventionnels. Aucune des quatre grandes banques françaises ne s’est dotée d’une stratégie de sortie de ces secteurs. Seuls le Crédit Mutuel et la Banque Postale – qui a récemment annoncé sa sortie totale des énergies fossiles d’ici à 2030 – sont sur la bonne voie.

L’alignement du portefeuille des banques sur l’Accord de Paris n’est possible que si et seulement si elles agissent conjointement sur 3 leviers : transparence, réduction des émissions du portefeuille à court et moyen termes, et exclusion de leurs clients entreprises qui n’ont pas de plan de sortie des activités carbonées.

Seul l’Etat a les moyens de rompre cette dépendance toxique et d’éteindre les braises sur lesquelles soufflent les banques françaises. Etant donné le rôle incontournable des banques dans l’économie, le temps est venu pour l’Etat français d’encadrer strictement leurs activités néfastes des banques et de traduire les vagues appels du Gouvernement en une loi contraignante.

Oxfam France recommande notamment d’inscrire une obligation légale – éco-responsabilité – pour les grandes entreprises de se conformer à une trajectoire contraignante de réduction de leur empreinte carbone et de sortie de leurs activités polluantes sous peine de sanctions financières.

Cette éco-responsabilité doit se traduire pour les banques par l’exclusion immédiate de tout soutien aux entreprises qui :

  • Développent des nouveaux projets d’énergies fossiles et notamment liés aux pétrole et gaz non-conventionnels ;
  • Ne publient pas leur empreinte carbone et leur trajectoire de réduction à court et moyen termes.

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Auteur(s) :

Oxfam France

Date de parution :

Octobre 2021