Terres et pouvoirs : Le scandale grandissant qui entoure la nouvelle vague d’investissements fonciers

Les investissements internationaux jouent un rôle essentiel dans le développement et la réduction de la pauvreté. Les investissements peuvent améliorer les moyens de subsistance et créer des emplois, des services et des infrastructures lorsqu’ils sont gérés de manière responsable dans un cadre réglementaire efficace. Les dernières données sur les investissements fonciers présentent une image très différente. Elles révèlent une forte augmentation de la pression sur la terre, une ressource naturelle dont dépend la sécurité alimentaire de millions de personnes qui vivent en situation de pauvreté.

Trop d’investissements ont entraîné la dépossession, la tromperie, la violation des droits de l’homme et la destruction de moyens de subsistance. En l'absence de mesures nationales et internationales permettant de défendre les droits des personnes vivant dans la pauvreté, cette ruée des temps modernes vers les terres agricoles semble vouée à laisser trop de familles pauvres encore moins bien loties, expulsées de leurs terres avec peu ou pas de recours possible auprès de la justice.

Dans les pays en développement, 227 millions d’hectares, soit la superficie de l'Europe de l'Ouest, a été vendue ou louée depuis 2001, principalement à des investisseurs internationaux. L'accélération récente des acquisitions de terres peut s'expliquer par la crise des prix alimentaires de 2007-2008 et a conduit les investisseurs et les gouvernements à s'intéresser à l'agriculture, après l'avoir négligée pendant des décennies. Mais cet intérêt pour la terre n'est pas un phénomène passager ; c'est une tendance alimentée par de puissants leviers. Les transactions foncières visent très souvent une production destinée à l'exportation d'agrocarburants et de produits alimentaires.

On peut souvent à juste titre parler d' "accaparement des terres". Ce terme fait référence aux acquisitions de terres qui impliquent un ou plusieurs des faits suivants :

  • violent les droits humains, notamment les droits des femmes à l'égalité ;
  • bafouent le principe de consentement libre, informé et préalable des usagers des terres, en particulier les peuples autochtones ;
  • ignorent l'impact sur les rapports économiques, sociaux et de genre, ou sur l'environnement ;
  • éludent les contrats transparents faisant état d'engagements clairs et contraignants en matière d'emploi et de partage des bénéfices ;
  • évitent toute planification démocratique, les contrôles indépendants, et une participation significative des acteurs concernés.

Auteur(s) du rapport

Oxfam