Depuis le début du siège, seulement 2 % des quantités habituelles de denrées alimentaires ont été livrées à Gaza.

La famine est utilisée comme arme de guerre contre la population civile de Gaza, dénonce aujourd’hui Oxfam en appelant de nouveau à autoriser l’entrée des denrées alimentaires, de l’eau, du carburant et d’autres biens essentiels dans la bande de Gaza.

L’organisation a analysé des données fournies par les Nations Unies et conclu que seulement 2 % des denrées alimentaires habituellement envoyées à Gaza ont pu être livrées depuis que le siège total, encore plus strict que le blocus, a été imposé le 9 octobre, à la suite des attaques perpétrées par le Hamas et la prise en otage de civil·es israélien·nes. Une aide alimentaire réduite a été autorisée à entrer, mais la livraison des importations alimentaires commerciales est toujours suspendue.

Alors que le conflit s’intensifie et se prolonge, atteignant son 20e jour, le nombre de personnes qui ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence est passé à 2,2 millions, un chiffre alarmant. Avant le début des hostilités, 104 camions entraient chaque jour dans la bande de Gaza sous blocus pour livrer des denrées alimentaires, soit un camion toutes les 14 minutes.

Même si, depuis le weekend dernier, 62 camions d’aide humanitaire ont été autorisés à entrer dans le sud de la bande de Gaza en passant par le poste-frontière de Rafah, seulement 30 contenaient des denrées alimentaires, et certains d’entre eux livraient également des articles non alimentaires. Autrement dit, depuis samedi, un camion entre à Gaza toutes les 3 h et 12 minutes.

Sally Abi Khalil, directrice d’Oxfam pour la région du Moyen-Orient, déclare : « Cette situation est tout simplement effroyable. Qu’en est-il de l’humanité ? Des millions de civil·es subissent une punition collective sous les yeux du monde entier. Rien ne peut justifier l’utilisation de la famine comme arme de guerre. Les dirigeant·es mondiaux/ales ne peuvent pas continuer à rester les bras croisés, ils et elles ont la responsabilité d’agir sans tarder.

La situation empire de jour en jour. Les enfants subissent des traumatismes graves induits par les bombardements incessants. Ils sont contraints de rationner leur eau ou de boire de l’eau polluée. Bientôt, leurs familles ne seront même plus en mesure de les nourrir. Jusqu’à quand la population de Gaza va-t-elle continuer à souffrir ? »

Au regard du droit international humanitaire, il est strictement interdit d’utiliser la famine comme arme de guerre. En tant que puissance occupante, Israël est tenu de répondre aux besoins de la population de Gaza et de la protéger. En 2018, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la résolution 2417 qui condamne fermement l’utilisation de la famine des civils comme arme de guerre. En outre, cette résolution considère le refus de l’acheminement de l’aide humanitaire comme une violation du droit international humanitaire. Oxfam est au regret de conclure que la situation humanitaire actuelle à Gaza correspond parfaitement aux violations condamnées par la résolution.

Il n’y a presque plus d’eau propre. Selon les estimations, chaque Gazaoui·e dispose actuellement de trois litres d’eau propre par jour, alors que d’après les Nations Unies, les personnes qui se trouvent dans les situations d’urgence humanitaire les plus graves ont besoin de 15 litres par jour au minimum. Les stocks d’eau en bouteille s’épuisent et leur coût est déjà hors de portée des ménages moyens de Gaza, les prix ont parfois été multipliés par cinq. Un porte-parole de l’agence de l’ONU pour les réfugiés de Palestine (UNWRA) a souligné qu’une partie de l’aide alimentaire autorisée (notamment le riz et les lentilles) est inutile car la population n’a pas d’eau propre ni de combustible pour cuisiner.

Une série de frappes aériennes a détruit ou causé des dommages à plusieurs supermarchés et boulangeries. Celles qui fonctionnent encore ne peuvent pas répondre à la demande de la population locale et risquent de fermer à cause de la pénurie de biens essentiels comme la farine ou le carburant. L’unique moulin à blé opérationnel de la bande de Gaza est inexploitable à cause des coupures d’électricité. D’après l’Autorité palestinienne de l’eau, la production d’eau de la bande de Gaza a été réduite à 5 % des rendements habituels et risque de diminuer encore si les installations d’eau et d’assainissement restent privées de l’électricité et du carburant indispensables à leur fonctionnement.

Par ailleurs, les denrées alimentaires de base comme la farine, l’huile et le sucre sont stockées dans des entrepôts qui n’ont pas été touchés par les bombardements. Toutefois, plusieurs de ces entrepôts sont situés dans la ville de Gaza, au nord de la bande, et sont impossibles d’accès en raison du manque de carburant, du mauvais état des routes et des risques de frappes aériennes.

Les coupures d’électricité ont également perturbé l’approvisionnement des denrées alimentaires (avec la mise à l’arrêt des réfrigérateurs), l’irrigation des cultures et les dispositifs agricoles. Plus de 15 000 agriculteurs ont perdu leurs récoltes.10 000 éleveurs ont un accès limité au fourrage et nombre d’entre eux ont perdu des animaux. En outre, Oxfam rapporte que le siège et les frappes aériennes ont paralysé les activités de pêche. Des centaines de personnes qui dépendent de la pêche n’ont plus accès à la mer.

Oxfam appelle le Conseil de sécurité et les États membres de l’ONU à agir sans tarder pour éviter que la situation ne se détériore davantage. Oxfam demande également un cessez-le-feu immédiat, un accès libre et équitable à l’aide humanitaire pour tou·t·es, et la fourniture de tous les biens essentiels dont la population de la bande de Gaza a besoin, notamment les denrées alimentaires, l’eau, le matériel médical et le carburant.

Notes aux rédactions

Les données du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) sur les livraisons de denrées alimentaires à Gaza avant le siège peuvent être consultées ici. Elles prennent en compte l’aide alimentaire humanitaire et les importations.

D’après les derniers chiffres fournis par l’OCHA, 62 camions d’aide ont été autorisés à entrer dans la bande de Gaza via le poste-frontière de Rafah entre le samedi 21 octobre et le mardi 24 octobre.
Samedi 21 octobre – 20 camions sont entrés par Rafah, 5 contenaient des denrées alimentaires.
Dimanche 22 octobre – 14 camions sont entrés par Rafah, 12 contenaient des denrées alimentaires.
Lundi 23 octobre – 20 camions sont entrés dans la bande Gaza, 11 contenaient des denrées alimentaires.
Mardi 24 octobre – 8 camions sont entrés dans la bande Gaza, 2 contenaient des denrées alimentaires.

Résolution 2417 du Conseil de sécurité de l’ONU sur la protection des civils dans les conflits armés.

 

Contact presse

Marika Bekier – Responsable presse
06 24 34 99 31 / mbekier@oxfamfrance.org

 

Situation humanitaire dans la bande de Gaza :
matériel presse, porte-paroles, témoignages et expertise d’Oxfam

Oxfam met quotidiennement à disposition des journalistes du matériel photo et vidéo (rushs) ainsi que des témoignages sous formes de notes vocales et vidéo, le tout fourni par ses équipes basées à Gaza. Ce matériel est disponible en téléchargement sur cette plateforme (légendes et crédits fournis).

Oxfam dispose de porte-paroles de son propre personnel et d’organisations partenaires à Gaza et en Cisjordanie, disponibles pour interviews en arabe, anglais et français. Ces membres d’Oxfam peuvent témoigner de leur expérience personnelle de civil.e.s piégé.e.s à Gaza mais aussi, en tant que travailleurs humanitaires, donner leur lecture de la situation.

Personnel d’Oxfam à Gaza

  • Fidaa Alaraj – Oxfam Food Security, Cash & Protection Coordinator
  • Najla Shawa – Oxfam Country relations manager for Middle East and North Africa

Personnel d’Oxfam à l’extérieur de Gaza

  • Mustafa Tmaizi – Economic Justice Development Manager basé à Ramallah
  • Bushra Khalidi – Oxfam Policy Lead d’Oxfam basée à Ramallah
  • Laila Barhoum – Policy, Advocacy and Communications Manager basée en Irak

La confédération Oxfam a été contrainte d’interrompre ses activités humanitaires et de développement à Gaza alors que la violence fait rage à la fois dans l’enclave palestinienne et en Israël. Oxfam condamne toutes les attaques, la violence et le ciblage des civils israéliens et palestiniens et appelle à un cessez-le-feu immédiat. La confédération évalue actuellement sa capacité à relancer le travail humanitaire en soutien aux 2,2 millions de personnes piégées à Gaza mais ne pourra intervenir que lorsque les frappes aériennes et la violence cesseront.

 

Oxfam travaille dans le territoire palestinien occupé et en Israël depuis les années 1950 et a ouvert un bureau national dans les années 1980. Depuis, Oxfam a travaillé avec les communautés les plus vulnérables de Gaza, de Jérusalem-Est et de la zone C (les 61 % de la Cisjordanie où le gouvernement israélien maintient un contrôle militaire et civil total) en œuvrant dans les domaines suivants : programmes de développement et humanitaires, services d’eau et d’assainissement, protection des droits humains, sécurité alimentaire et moyens de subsistance, justice de genre, le droit international humanitaire.