La Commission européenne a présenté aujourd’hui son nouveau Pacte sur l’Asile et les Migrations, un jour après qu’Oxfam, en coalition avec WeMove et le cabinet d’avocats néerlandais DeBrauw Blackstone Westbroek, ait déposé une plainte auprès de la Commission européenne pour demander une enquête concernant le traitement des demandeurs d’asile en Grèce.

Pour Cécile Duflot, Directrice générale d’Oxfam France, « depuis bien longtemps nous demandons un changement du système d’asile européen pour qu’il protège vraiment les personnes en quête de protection internationale et arrête de laisser les personnes qui ont besoin de protection à l’abandon. Le traitement des demandeurs d’asile à la frontière européenne et le plus récent tragique incendie, ne sont que des rappels de l’échec des politiques migratoires européennes.

Depuis des années, nous sommes témoins sur place de la situation insoutenable et ahurissante que l’approche « hotspot » provoque dans les îles grecques. Nous avons assisté déjà à d’autres incendies, à des scènes inacceptables, a fortiori sur le territoire européen. Proposer de reproduire cette approche est juste indigne et insupportable.

Cette approche qui, a été établie depuis 2015, a clairement échoué et devrait être abolie, pas élargie ou encouragée et avec la proposition d’aujourd’hui elle pourrait être reproduite : la France et les autres Etats membres doivent faire preuve de courage, de cohérence avec nos valeurs et ne pas laisser ni les pays du Sud ni les personnes en quête de protection à l’abandon. Au lieu d’offrir un processus d’asile équitable et rapide, les procédures accélérées ont entraîné des énormes souffrances dans les camps de réfugiés surpeuplés.»

Dans les camps des îles grecques des familles entières ont été placées en détention réelle ou de facto, et les personnes en quête d’asile ont limité, voire aucun accès aux soins de santé et autres services de base. Les femmes sont touchées de manière disproportionnée : seule une minorité de femmes célibataires peut accéder aux zones protégées des camps de l’UE, et même les femmes enceintes et les mères avec des nouveau-nés dorment dans des tentes fragiles.

– Sur la proposition de relocaliser les personnes en quête d’asile des États membres du sud de l’UE vers d’autres pays de l’UE, Jon Cerezo, Responsable de Campagne Migrations d’Oxfam France déclare :

« La géographie ne devrait pas décider où aboutissent la plupart des demandeurs d’asile. Tous les États membres de l’UE doivent faire preuve de solidarité avec les pays situés aux frontières de l’Europe et partager la responsabilité de protéger les demandeurs d’asile plutôt que de partager la charge des retours forcés. »

– Sur la proposition de l’utilisation de l’aide au Développement pour le contrôle migratoire :

« Il est inquiétant que l’UE continue de pousser pour que son aide au développement ait comme objectif contrôler, voire freiner la migration. La priorité de l’aide doit rester la réduction des inégalités, de la pauvreté et celle-ci ne doit en aucun cas être utilisée pour contrôler les migrations. L’attention obsessionnelle de l’UE sur les migrations a donné peu de résultats positifs et a miné sa crédibilité notamment en tant que partenaire des pays africains. »

Alors que le monde fait face à l’impact social et économique de la pandémie de coronavirus, l’Europe doit saisir cette opportunité de changement et utiliser l’aide au développement pour vaincre la pauvreté. Il ne doit pas être investi dans la formation et le soutien des forces de sécurité et des gardes-frontières qui ne font souvent qu’accroître le danger pour les migrants et la population locale.

Jon Cerezo ajoute, « La pandémie de coronavirus a mis en évidence la valeur des migrants dans nos sociétés: beaucoup d’entre eux ont été en première ligne de la lutte contre le coronavirus. Pour libérer le potentiel de l’Europe à se remettre de la crise, l’UE doit maintenant reconnaître le rôle crucial des migrants dans la survie économique et sociale de nos sociétés et permettre leur participation à l’économie. Ce défi est entre les mains des gouvernements des États membres. »

 

Contact presse :
Jon Cerezo, Responsable Campagne Migrations, 06 51 15 54 38

 

Notes aux rédactions :

• La communication de la Commission présentée aujourd’hui n’est pas contraignante. Il définit une approche et une direction pour l’UE et ses États membres.
• Une plainte soumise à la Commission européenne le mardi 22 septembre 2020 expose la violation systématique du droit de l’UE à la frontière grecque concernant le traitement des demandeurs d’asile. Oxfam et ses partenaires demandent à la Commission d’ouvrir une enquête.
• Lisez le dernier update mensuel d’Oxfam et du Greek Council for Refugees (GCR) sur la situation dans le camp de réfugiés de Moria à Lesbos (avant qu’il ne soit complètement détruit par les incendies).
• Oxfam travaille avec les réfugiés et autres migrants en Grèce depuis octobre 2015, lorsque la situation humanitaire des personnes arrivant en Grèce s’est rapidement dégradée. Actuellement, Oxfam travaille avec le Conseil grec pour les réfugiés (GCR), qui fournit une aide juridique et un soutien social gratuits aux personnes qui demandent l’asile et qui gère un service d’assistance en ligne avec un accent particulier sur la pandémie COVD-19, ainsi qu’avec le Centre de jour des femmes de Bashira à Lesbos.