Alors que le sommet pour un Nouveau Pacte de Financement mondial (22-23 juin à Paris) touche à sa fin, Oxfam dénonce le manque de volonté indécent des pays riches de redistribuer leur richesse et leur pouvoir en faveur des populations les plus pauvres de la planète.

 

L’analyse d’Oxfam (avril 2023) a révélé que les pays à revenu faible et moyen sont confrontés à un besoin abyssal de 27 000 milliards de dollars – culminant à environ 3 900 milliards de dollars par an jusqu’en 2030 – lorsqu’il s’agit de répondre aux besoins en matière de dépenses climatiques et sociales.

« Je déplore que ce sommet ait échoué à apporter une réponse à la hauteur des besoins colossaux des pays du Sud pour faire face au changement climatique et fournir à leurs populations des services essentiels comme la santé », a déclaré Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France.

« Alors que la richesse des ultra-riches explose, les vies et les moyens de subsistance des populations les plus pauvres du monde sont mis à mal par un enchaînement de crises », a poursuivi Mme Duflot. « Ils avaient besoin que ce sommet permette de dégager des milliers de milliards de dollars. Ce qu’ils ont obtenu, c’est un recyclage de vieilles promesses non tenues et la perspective de nouveaux prêts qui pousseront les nations les plus pauvres vers un endettement désastreux. Ce sommet n’a rien fait pour les deux milliards de personnes – représentant un quart de l’humanité – qui vivent dans des pays qui ne peuvent pas se permettre de s’endetter davantage”.

La pandémie de COVID-19 a fait reculer la lutte contre la pauvreté d’une décennie, et de 30 ans dans des régions comme l’Afrique subsaharienne. Les pays les plus pauvres sont également confrontés aux effets les plus dramatiques du changement climatique, alors qu’ils en sont les moins responsables. Rien qu’en Éthiopie, au Kenya, en Somalie et au Sud-Soudan, il est estimé qu’une personne meurt de faim toutes les 28 secondes environ, en grande partie parce que la région connaît la pire sécheresse de son histoire.

Fati N’zi-Hassane, directrice d’Oxfam en Afrique, a déclaré : « Nous ne pouvons pas maintenir un système qui protège l’extravagance et les excès des plus riches au détriment de la vie des plus pauvres. Nous devons mettre fin à un système qui remplit les poches des milliardaires et des grandes entreprises tout en vidant les budgets publics des pays les plus pauvres, les laissant dans l’incapacité de financer les services publics ou de lutter contre les effets du changement climatique ».

« En ignorant des solutions évidentes comme l’annulation de la dette et les augmentations d’impôts sur les personnes et les entreprises les plus riches, les pays du Nord réunis à ce sommet ont fait passer la cupidité de quelques-uns avant les besoins du plus grand nombre. Et en ne faisant pas payer les pollueurs, ils ont récompensé ceux qui profitent de la catastrophe climatique, laissant les populations pauvres et vulnérables en subir les conséquences. »
Fati N’zi-Hassane a ajouté : « L’annulation de la dette des pays à faible revenu, sans conditionnalités économiques, pourrait créer une marge de manœuvre budgétaire dont on a besoin de toute urgence pour financer la lutte contre la pauvreté et les effets du changement climatique. Des vies innocentes sont en jeu alors que les créanciers ne montrent pas la volonté politique de stopper le fardeau de la dette« .

Oxfam critique également le manque de représentativité lors de ce sommet – ayant été essentiellement façonné par des acteurs des pays du Nord et des institutions financières internationales – ainsi que le rôle excessif accordé au secteur privé. Une fois de plus, les pays riches se dispensent de leurs responsabilités et laissent le secteur privé s’en charger.

Contact presse

Marika Bekier, responsable presse | mbekier@oxfamfrance.org | +33 6 24 34 99 31

Notes aux rédactions

  • Notre décryptage des enjeux du Sommet pour un Nouveau Pacte Financier
  • L’analyse d’Oxfam (avril 2023) sur les 27 000 milliards de dollars (environ 3 900 milliards par an jusqu’en 2030) nécessaires aux pays à revenu faible et intermédiaire pour faire face aux pertes et dommages liés au climat, aux mesures d’adaptation et d’atténuation, ainsi qu’à leurs besoins en matière de santé, d’éducation et de protection sociale
  • « Deux milliards de personnes vivent dans des pays qui ne peuvent pas se permettre de s’endetter davantage : Deux milliards, c’est la somme de la population de 40 pays à faible revenu que le FMI et la Banque mondiale considèrent comme « en situation de surendettement » ou « à haut risque de surendettement » (ce qui les rend inéligibles aux prêts de la Banque mondiale et leur permet de recevoir des subventions), plus la moitié de la population de 22 pays à faible revenu considérés comme « à risque modéré de surendettement » (qui reçoivent la moitié de l’aide de la Banque mondiale sous forme de subventions et l’autre moitié sous forme de prêts à des conditions préférentielles), plus la population de 23 pays à revenu intermédiaire dont les obligations souveraines sont actuellement négociées à un taux de rendement supérieur à 10 %, plus la population de huit pays à revenu faible ou intermédiaire qui sont coupés des marchés financiers internationaux, de sorte qu’ils n’ont ni notation de la Banque mondiale ou du FMI, ni obligations négociées à l’échelle internationale.
  • Les calculs des chiffres de mortalité dans la corne de l’Afrique sont basés sur les rapports de l’IPC sur l’insécurité alimentaire aiguë publiés sur le site https://www.ipcinfo.org/, en utilisant les taux de mortalité bruts associés à la phase 3 de l’IPC dans la version 3.1 du manuel technique de l’IPC. Nous soustrayons 0,22 décès par 10 000 personnes affectées par jour pour tenir compte du « taux de mortalité normal », basé sur les données de la Banque mondiale. On parle ici de l’Ethiopie, du Kenya, de la Somalie et du Soudan du Sud,
  • Oxfam a calculé qu’un impôt net sur la fortune sur les multimillionnaires et les milliardaires du monde entier, allant jusqu’à 5 %, pourrait générer 1 700 milliards de dollars par an. Voir la note méthodologique ici.