Afrique de l’Ouest : les impacts d’une crise encore trop négligée

Le bassin du lac Tchad[1], en Afrique de l’Ouest, est le théâtre d’une grave crise humanitaire, encore largement ignorée. Cette crise s’aggrave jour après jour et nécessite une action urgente de la part de la communauté internationale. 

Due au conflit en cours depuis 7 ans entre le groupe Boko Haram et les opérations militaires déployées pour le neutraliser, la crise humanitaire autour du bassin du lac Tchad affecte plus de 20 millions de personnes et a exacerbé la pauvreté et la vulnérabilité de pays déjà parmi les plus pauvres au monde. Le Tchad, le Niger et le Nigeria ne disposent pas des infrastructures et des ressources nécessaires pour faire face à une situation critique en termes de sécurité alimentaire notamment. Les populations locales se retrouvent privées des besoins les plus essentiels, tels que l’accès à l’eau potable, à la nourriture, au logement et à l’assistance sanitaire.

L’intensification du conflit dans les deux dernières années a engendré un très grand nombre de déplacements forcés. Les déplacés internes dans la région ont augmenté d’un tiers au cours de cette période et sont estimés aujourd’hui à 2,7 millions de personnes, dont plus de la moitié sont des enfants. Il s’agit de la septième plus grande population de déplacés internes au monde.

Après avoir tout laissé derrière eux et avoir vu leur vie bouleversée, ces femmes, ces hommes et ces enfants se trouvent dans des conditions de vulnérabilité extrême. Contraints de quitter leurs maisons et leurs activités, ils ont ainsi été privés de leurs sources de revenus et de leurs moyens de subsistance.

« Nous avons perdu toutes nos possessions ainsi que notre maison dans un incendie. Je travaillais en vendant des gâteaux sur le bord de la route, et tout avait déjà brûlé lorsque je suis arrivée. Nous sommes venus ici pour vivre avec le reste de notre famille », raconte Yakouro, réfugiée nigériane dans le village de Gagamari, au Niger.

L’insécurité alimentaire, préoccupation majeure

Exclues de l’accès aux marchés et aux ressources naturelles et exposées à l’augmentation des prix des denrées alimentaires, environ 6,3 millions de personnes se trouvent dans un état dramatique d’insécurité alimentaire, dont 4,4 millions seulement au Nigéria[2]. Dans le pays, environ 65 000 personnes sont en situation de famine. Si dans les camps de déplacés les associations humanitaires, comme Oxfam, fournissent de l’aide alimentaire aux populations, celle-ci est désormais encore insuffisante pour faire face aux besoins actuels.

« Nous n’avons pas d’argent pour acheter des denrées supplémentaires, telles que du sel, des tomates et des poivrons. Ils nous donnent seulement du riz, des haricots et de la farine spéciale pour les enfants. À Damasak, je préparais et je vendais des pâtes traditionnelles. Si j’avais de l’argent, je pourrais acheter de la farine et vendre ces pâtes au camp puisque j’ai pu prendre ma machine à pâtes avec moi. Ce fut l’objet le plus important que j’ai réussi à apporter », explique Hadiza, 60 ans, réfugiée nigériane dans le camp de Sayam.

Votre soutien est essentiel

Comme le souligne Stephen O’Brien, coordinateur des secours d’urgence des Nations unies : « La crise du bassin du lac Tchad est la crise la moins documentée, la plus sous-financée et la plus négligée des crises majeures qui frappent notre monde à l’heure actuelle ».

Oxfam s’engage tant pour fournir de l’aide humanitaire aux populations concernées[3], que pour faire pression afin que la communauté internationale alloue les ressources nécessaires pour faire face aux besoins des populations locales[4]. Si Oxfam a pu aider plus de 360 000 personnes jusqu’à présent dans la région du bassin du lac Tchad, il reste encore beaucoup à faire pour empêcher que cette crise ne se transforme en catastrophe humanitaire. Nous avons besoin de votre soutien pour aider ces personnes qui ont tout perdu.

Sur le meme sujet, à lire aussi l’article « Lac Tchad: le conflit oublié« .