Crise à Gaza : arrêter le cycle de la violence

Après les attaques atroces perpétrées par le Hamas, Israël a ordonné le 12 octobre 2023 aux habitants du nord de la bande de Gaza d’évacuer vers le sud du territoire enclavé. Plus de 3 mois après, l’ensemble du territoire a été frappé et ce sont 1,9 million de personnes qui ont été déplacées, 60% des bâtiments qui ont été détruits ou endommagés. En tout, depuis le début des hostilités, plus de 25 000 Palestinien.ne.s ont été tués à Gaza, en majorité des enfants et des femmes.

L’escalade des violences en Israël et dans le territoire palestinien occupé

Oxfam condamne toutes les attaques, toutes les violences contre les civils israéliens et palestiniens. Les attaques qui visent délibérément des civils ne sont jamais justifiables. Toutes les parties doivent respecter le droit international humanitaire et cesser leurs attaques. Les violations du droit international humanitaire commises par l’une des parties à un conflit armé ne libèrent jamais la partie adverse de ses obligations.

Dans l’état actuel des choses, aucune réponse humanitaire significative ne peut être apportée si les violences continuent. Nous appelons donc à un cessez-le-feu immédiat, à la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes détenues en otage par les groupes armés à Gaza, et à l’ouverture des frontières pour laisser passer l’aide humanitaire.

Pourtant ces derniers jours nous observons qu’une grave escalade des violences persiste. Nous avons assisté à la journée la plus meurtrière pour les civils dans l’histoire moderne d’Israël et à l’année la plus meurtrière en Cisjordanie depuis que les Nations unies tiennent des registres. Ce cycle de violence doit cesser. Dans ce contexte, Oxfam appelle donc à un cessez-le-feu immédiat. La protection de tous les civils est primordiale.

C’est pourquoi il faut également s’assurer que l’aide humanitaire puisse être acheminée, en toute sécurité, aux personnes qui en ont le plus besoin. Toutes les opérations humanitaires sont désormais gelées. Il est impossible pour des organisations comme Oxfam de les relancer face aux bombes, aux obus, aux roquettes et aux balles. Les civils ordinaires ont déjà à supporté le poids de la violence et maintenant ceux de Gaza sont confrontés à l’incapacité d’acheminer l’aide humanitaire vitale et l’arrêt des services publics.

Le blocus total : en contradiction avec le droit humanitaire international

Le gouvernement israélien a renforcé le blocus préexistant de Gaza, imposant un blocus total des fournitures essentielles, notamment la nourriture, l’eau, le carburant et les médicaments. Si le gouvernement israélien a le droit et l’obligation de protéger ses citoyens – dans les limites du droit international – la punition collective que constitue l’interruption de l’approvisionnement en eau et en nourriture des civils, pris au piège à Gaza et incapables de se mettre à l’abri, est potentiellement une grave violation du droit humanitaire international.

En vertu du droit international, Israël, en tant que puissance occupante, est tenu de veiller à ce que les personnes qu’il déplace soient correctement logées. Il s’agit notamment de garantir la santé, la sécurité et la nutrition, et de veiller à ce que les membres d’une même famille ne soient pas séparés. Or, rien de tout cela n’a été prévu ni fait. Fin janvier, on estimait que 1,9 million de personnes ont été déplacées, et pour la plupart plusieurs fois, les familles ayant été contraintes de déménager à plusieurs reprises pour se mettre à l’abri. En raison de la poursuite des combats et des ordres d’évacuation, certains ménages se sont éloignés des abris où ils avaient été initialement enregistrés. Le gouvernorat de Rafah est ainsi devenu le principal refuge pour les personnes déplacées, avec plus d’un million de personnes entassées dans un espace extrêmement surpeuplé.

Un ordre d’évacuation impossible à suivre

Israël a déjà détruit les moyens de télécommunications et coupé l’électricité : il est donc impossible d’informer correctement la population. Ainsi, les informations disponibles sont partielles, peu fiables et très souvent suspectes, ouvrant la voie à de nombreuses affirmations invérifiables et à des canulars. Les routes ayant été bombardées et le carburant rendu indisponible, les personnes ne peuvent pas se déplacer en sécurité.

Une relocalisation forcée sans aucune garantie de sécurité ou de retour et sans répondre aux besoins de la population protégée risque d’être assimilée à un transfert forcé, ce qui constitue une grave violation du droit humanitaire international et est codifiée comme crime de guerre.

Le système de santé est prêt à s’effondrer

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les soins de santé à Gaza restent extrêmement fragiles. Seuls 16 des 36 hôpitaux de Gaza sont partiellement fonctionnels, ce qui signifie qu’un hôpital est accessible aux personnes ayant besoin de soins de santé, qu’il peut accueillir de nouveaux patients et qu’il peut effectuer un certain nombre d’opérations chirurgicales. Plus de 90 établissements de santé et 80 ambulances ont été touchés depuis le début du conflit, en raison des hostilités, des coupures d’électricité et des pénuries de carburant, entre autres. Selon le ministère de la santé de Gaza, les taux d’occupation atteignent 206 % dans les services d’hospitalisation et 250 % dans les unités de soins intensifs.

En tout depuis le 7 octobre, au moins 198 médecins palestiniens ont été tué, selon le ministère de la santé de Gaza, et 153 membres du personnel de l’ONU.

Déplacements de populations successifs

Les Palestiniens de Gaza ont une identité notamment forgée par les déplacements de populations massifs de 1948 et les déplacements additionnels de 1967. Nombre de leurs proches vivent encore dans des camps de réfugiés en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie. Alors qu’Israël présente le déplacement comme une forme de protection, de nombreuses personnes resteront finalement sur place, soit parce qu’elles sont physiquement incapables de se déplacer, soit parce qu’elles ont choisi de rester dans leurs maisons. Israël doit garder à l’esprit que les civils qui restent ne sont jamais une cible légitime d’attaque et que le fait de ne pas se conformer à l’ordre, pour quelque raison que ce soit, ne modifie pas leur statut de protection.

Nous demandons à Israël de rappeler immédiatement cet ordre de déplacement, d’arrêter les bombardements et d’autoriser l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza. Si des civils doivent être déplacés pour leur propre sécurité, ce déplacement doit se faire en toute sécurité, et non pas en terrifiant une population qui n’est pas en mesure de se conformer à cet ordre.

L’action d’Oxfam sur place :

Oxfam a maintenu des relations avec ses organisations partenaires à Gaza depuis le 7 octobre. Nous savons que l’aide que nous sommes en mesure de fournir n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, étant donné que plus de 2 millions de personnes ont un besoin urgent de toutes sortes d’assistance vitale.

Dès le mois d’octobre, les partenaires d’Oxfam (Palestinian Medical Relief Society, the Cultural & Free Thoughts Association, Al Bayader et Palestinian Environmental Friends) ont poursuivi leur travail, atteignant ce mois-ci ensemble plus de 400 ménages avec une aide financière polyvalente via PayPal, distribuant 400 kits d’hygiène et 1 000 kits alimentaires aux familles déplacées dans des abris temporels.

En novembre, Oxfam a soutenu l’ESDC (Economic and Social Development Centre of Palestine) dans la mise en œuvre d’un programme de distribution de paniers de légumes d’une valeur de 25 euros chacun à 3 000 familles déplacées autour de Deir al-Balah et de Khan Younis au sud de la bande de Gaza. Un autre partenaire, le Palestine Agricultural Relief Committee (PARC), a commencé à distribuer des colis de nourriture et de produits frais d’une valeur de 27 dollars chacun à 4 750 familles dans un certain nombre d’abris et dans des familles d’accueil. Oxfam a également soutenu des programmes d’aide en espèces à plus de 800 familles avec notre partenaire AISHA. Dans le nord assiégé, nous avons aidé Juzoor à fournir des trousses de santé familiale urgentes à 600 ménages, tandis qu’environ 20 000 personnes déplacées bénéficieront indirectement de trousses de premiers soins et de services fournis par les comités de santé de Juzoor basés dans 32 abris pour personnes déplacées dans le nord de la bande de Gaza.

Depuis quelques semaines, Oxfam a commencé à envoyer des cargaisons d’eau et d’assainissement (Ils font actuellement la queue à la frontière de Rafah avec d’autres camions d’aide) . La situation humanitaire à Gaza est telle que ce programme s’inscrit dans une approche bien plus large. Les systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement de Gaza sont en ruine. Les conditions sanitaires s’étant gravement détériorées, il existe un risque majeur d’épidémies généralisées. En réponse à cette situation, Oxfam et Palestinian Environment Friends fourniront des services essentiels et vitaux en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène à au moins 25 600 personnes déplacées à Rafah et à Khan Younes.

Gaza : il faut protéger les populations civiles !

Le siège total de Gaza entraînera une catastrophe sans précédent. Rien ne peut justifier que les populations paient le prix fort. Signez notre pétition et interpellez Emmanuel Macron, ainsi que les dirigeants de l’Union européenne, pour qu’ils interviennent.

 

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