Crise syrienne : 3 millions de réfugiés en plus de 3 ans de conflit

Aujourd’hui, le nombre de réfugiés syriens enregistrés par le Haut Commissariat aux Réfugiés vient de dépasser les 3 millions. Trois millions de personnes qui ont été forcées de fuir le conflit, de quitter leur famille, leur maison, pour trouver refuge dans les pays limitrophes dans des camps de réfugiés ou au sein de communautés d’accueil.

Trois ans après le début de la crise syrienne, la situation ne montre aucun signe de ralentissement et le bilan est alarmant : selon l’ONU, plus de 190 000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit en 2011. S’ajoutent aux trois millions de réfugiés, 10,8 millions de personnes toujours en Syrie qui ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, sur une population totale, avant le conflit, de 21,4 millions de personnes. Les chiffres sont préoccupants, les fonds manquent et l’aide internationale peine à atteindre les populations les plus vulnérables en constante augmentation.

Face à l’ampleur de la situation, il est crucial que les pays voisins de la Syrie continuent d’accueillir les réfugiés et de s'assurer qu'ils peuvent accéder aux services de base, avec le soutien de la communauté internationale. Les pays du monde entier se doivent d’ouvrir leur porte aux réfugiés et d’intensifier et assurer le financement de l'aide internationale.

Témoignage de Jordanie

En Syrie, Abu Souheib était professeur de physique. Il vivait confortablement avec sa famille dans la ville d’Inkhil, dans le gouvernorat de Daraa. 

A présent, Abu Souheib, 60 ans, n’a plus d’élève à qui enseigner. Il est l’un des près de 100 000 Syriens qui vivent dans le camp de réfugiés de Zaatari en Jordanie. Il partage une tente avec sa femme et quatre de ses sept enfants.

"En Syrie, j’étais un professeur respecté. Chaque jour, je me levais pour faire une différence dans la vie de jeunes gens. Mon ancienne vie ressemble à un rêve qui n’a jamais existé. Aujourd’hui, je vis dans cet endroit exigu avec mes enfants et nos vies ont été complètement bouleversées."

En tant que professeur et en tant que père, il sait l’importance vitale de l’éducation pour les enfants et les jeunes afin qu’ils puissent construire leur avenir. Aujourd’hui, si on n’augmente pas les opportunités d’éducation pour les réfugiés syriens, il a peur qu’une génération entière de garçons et de filles se retrouvent privé-e-s du droit humain essentiel qu’est l’éducation.

"Ma fille était en dernière année d’université, et maintenant elle ne peut pas terminer ses études. J’ai encore plus peur pour mes plus jeunes enfants et tous les jeunes du camp de réfugiés. La plupart ne vont pas à l’école et j’ai peur que cela n’entraine une génération entièrement illettrée", explique-t-il.

"Il n’y a pas suffisamment de financements pour l’éducation. Les gens ont besoin de nourriture et d’eau, donc c’est ça la priorité, pas l’éducation."

Témoignage du Liban

Depuis sa chaise roulante, Emad Abdallah  observe son fils de 3 ans, Karim. Il y a trois ans, Emad, 39 ans, a été très grièvement blessé lors de bombardements à Qoussair, au sud de Homs, lorsque le siège de la ville a commencé. Sa colonne vertébrale et ses jambes ont été touchées dans l’attaque. Même si les blessures sont très sérieuses, elles peuvent être soignées. Il pourrait donc aller mieux.

Après l’attaque qui l’a touché, Emad a fui vers le Liban en compagnie de sa femme et de ses deux enfants. Au départ, il a pu recevoir un traitement médical approprié mais ce n’est plus le cas.

Emad témoigne : "Je peux remarcher, mais pour ça, il me faut plus d’aide médicale. Mais c’est cher et nous ne pouvons pas nous le permettre. Nous n’avons pas d’argent : nous avons fui en emportant tout ce qu’on a pu. Karim venait de naître à l’époque". La femme d’Emad a peur. Elle ne veut pas révéler son nom. En rentrant chez eux, ils ont assisté à des affrontements brutaux au cours desquels Emad a perdu sa mère et son frère.   

Emad s’inquiète beaucoup pour le sort de sa famille et la manière dont il pourra aider les siens. En Syrie, il tenait une épicerie et travaillait comme chauffeur de taxi pour arrondir ses fins de mois. Depuis qu’il a été touché, il se sent inutile. "Si je pouvais aller en Europe ou dans un autre pays, cela m’aiderait à trouver un bon traitement, à remarcher et à prendre soin de ma famille comme avant."

"Je ne peux pas continuer à me morfondre sur cette chaise roulante. Il faut que je travaille pour pouvoir prendre soin de ma famille. Quel futur ai-je à offrir à mes enfants dans ces conditions ?, ajoute-t-il la gorge nouée. Vous savez, parfois, je me dis que ma mort serait peut-être la meilleure solution."

Nombre de réfugiés par région :

1 176 971 de réfugiés au Liban (au sein de communautés d’accueil)

832 508  de réfugiés en Turquie

613 252  de réfugiés en Jordanie (plus de 80% au sein de communautés d’accueil. Deux camps de réfugiés: Azraq and Zaatari

215 369  de réfugiés en Irak

139 090 de réfugiés en Egypte

23 367 de réfugiés en Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Libye)

123 600 de réfugiés en Europe (sauf Turquie)