Témoignage de Claire Fehrenbach, Directrice Générale d’Oxfam France au Liban

Comme vous le savez peut-être le 20 juin est la journée mondiale de l’ONU pour les réfugié-e-s. Dans le Monde, on estime qu’environ 60 millions de personnes ont quitté leur maison, voire leur pays –réfugié-e-s, déplacé-e-s, migrant-e-s – soit presque la population de la France. Mais derrière ces chiffres et ce vocabulaire parfois complexe et réducteur, nous à Oxfam, nous voyons des personnes comme Hussein et sa mère. 

Rencontres au Liban

Lorsque je me suis rendue au Liban avec l’équipe d’Oxfam pour recueillir des témoignages, j’ai rencontré des personnes, pas des réfugié-e-s. Ainsi, avec l’équipe sur place, nous avons rendu visite à une famille ayant choisi par deux fois de quitter un pays en guerre.

En effet, le mari et la femme, nés en Palestine, sont partis alors qu’ils étaient encore enfants vers la Syrie, où ils se sont rencontrés et mariés.  Ils ont eu trois enfants qui ont gardé le statut de réfugiés palestiniens. Puis, la guerre ayant détruit une partie des maisons autour de la leur et la situation devenant très difficile ils ont décidé de fuir vers Liban, en pensant mieux protéger leurs enfants.

Le père nous a dit «  quel avenir pour mes enfants, par deux fois réfugies ? Quelles racines ont-ils ? Quelle identité ? » . Il a ajouté qu’il était blanchisseur en Syrie et qu’il ne pouvait pas travailler au Liban, ce qui l’empêchait de subvenir aux besoins de sa famille et ce qui le blessait.

En partant, comme nous nous excusions de l’avoir dérangé pendant son déjeuner, il a répondu «  Oh vous savez, ce n’est jamais un problème pour moi de m’interrompre pour parler à un public, d’ailleurs si vous souhaitez une photo avec moi, on peut, ce serait mieux qu’avec George Clooney, non ? ». Sa femme, timide sous son voile ocre avec son petit dernier dans les bras, m’a regardée avec un grand sourire et nous avons ri ensemble de l’humour de son mari.

Et si les souffrances de cette famille m’ont touchée, leur unité et leurs plaisanteries m’ont rappelé que je n’avais en face de moi ni des réfugiés, ni des femmes voilées, ni des victimes mais des êtres humains semblables à vous, à moi, à mes parents, à mes amis, avec leurs joies et leurs peines, leurs interrogations et leur humour, leur volonté de vivre malgré tout et d’apporter le meilleur à leurs enfants.

Cela m'a aussi rappelé que les rôles auraient pu être facilement inversés : si je n’avais pas la chance d’habiter dans un pays en paix, je serais peut-être contrainte de quitter mon pays, pour pouvoir étudier, travailler, me faire soigner – tout simplement vivre décemment. Mais en  faisant ce choix, je me retrouverais peut-être alors, comme c’est le cas dans bien des pays, en Europe et ailleurs, privée de ressources, ayant donné tout mon argent à des passeurs, privée de certains de mes droits, séparée des miens et peut-être confrontée à la faim, à l’insécurité physique et à l’hostilité.

Concrètement, comment aidons-nous ces personnes ?

Aujourd’hui près de 5 millions de personnes ont quitté la Syrie vers les pays voisins et, dans une moindre mesure, vers l’Europe

Concrètement, en Jordanie et au Liban, Oxfam leur fournit des abris, des latrines, des accès à l’eau potable et de la nourriture. En Syrie, nous continuons de travailler à la réparation des réseaux d’eau endommagés. Nous avons déjà pu venir en aide à plus d'1,5 million de personnes.

Oxfam est également présente en Grèce depuis octobre 2015. Nous fournissons des accès à l’eau et de nourriture. Nous informons également les personnes sur leurs droits en vue de les protéger au mieux.

Nour, son mari Fayez et leurs quatre enfants ont trouvé refuge en Grèce. Pendant le long trajet depuis la Syrie, leurs enfants demandaient souvent « Quand est-ce qu’on arrive ? ». Nour se rappelle qu’elle n’avait “jamais pu imaginer vivre une situation pareille” et aujourd’hui elle souhaite trouver un endroit où s’installer « Pour l’avenir, j’espère simplement que nous puissions trouver un endroit sûr, un pays dans lequel nos enfants peuvent aller à l’école et être en sécurité »

Mais cette action terrain, aussi vitale soit-elle ne suffit pas : il faut que les gouvernements changent leurs pratiques et assurent la protection des populations. Nous souhaitons montrer, avec chacun de vous, que nous agissons main dans la main avec les populations réfugiées, déplacées, en transit, à l’échelle planétaire.     

En septembre, le sommet de l’ONU sur les réfugiés et les migrants se tiendra à New York. Ainsi, avec vous à nos côtés, il nous reste moins de 3 mois pour contraindre les gouvernements à respecter le droit international et à faire preuve de solidarité.

Vous aussi, faites entendre votre voix à nos côtés pour construire un monde où chacun-e est libre de ses mouvements et de ses choix, dans le respect de sa dignité humaine : signez notre pétition #StandAsOne et soutenez des personnes contraintes de fuir leur pays.