Traité sur le commerce des armes : des ONG arabes lancent leur campagne à Beyrouth

Rima Chemirik, chargée de plaidoyer sur le Traité sur le commerce des armes (TCA) à Oxfam France était récemment au Liban, pour assister au lancement de la campagne régionale pour le TCA.

C’est toujours un plaisir de retourner au pays du cèdre. Pas seulement pour les limonades à la menthe ou les délicieux mezzés mais également pour la joie de vivre qui y règne malgré le douloureux passé qui a causé tant de morts, de blessés, de déplacés et d’autres victimes.

C’est dans ce pays qui connaît bien les drames causés par les armes que des ONG du monde arabe ont lancé officiellement, le 26 mars dernier, leur campagne de mobilisation régionale en faveur d’un traité international sur le commerce des armes classiques. Elles ont choisi de clamer haut et fort leur engagement pour un Traité sur le commerce des armes pile 100 jours avant le début des négociations formelles de ce traité aux Nations Unies à New-York. Ces ONG issues de 9 pays d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et du Golfe se sont rassemblées au pied du monument symbolique Espoir de paix érigé à l’entrée du Ministère de la Défense près de Beyrouth. Quelques 5 000 tonnes de béton enserrent sur 30 mètres de hauteur, 78 chars d’assaut, jeeps et pièces d’artillerie diverses. Une œuvre d’art pour enterrer la guerre de façon visible pour que personne n’oublie ses conséquences dramatiques sur l’Humanité.
La guerre civile au Liban (1975-1990) a causé plus de 150 000 morts, 70 000 mutilés de guerre, 17 000 disparus ainsi qu’une dette extérieure de 70 milliards de dollars. En 2006, la guerre avec Israël a causé la mort de plus de 1 000 personnes en quelques semaines.Chiffres de l’ONG Permanent Peace Movement Lebanon]
Depuis le début de la crise syrienne, une centaine de Syriens traversent chaque jour la frontière pour se rendre au Liban. Entre 30 000 et 35 000 d’entre eux vivraient ainsi au Pays du Cèdre, selon le député libanais Mouin Merheby. Soit quatre fois plus que le chiffre avancé par les Nations Unies.

 


« Donnez de la voix pour contrôler les armes » tel était le slogan brandi par les ONG présentes qui soutiennent la campagne internationale « Control Arms », qui demande depuis 2003 aux Etats de contrôler le commerce des armes au niveau mondial. N’est-il pas surprenant d’apprendre que le commerce des bananes est plus régulé que celui des armes qui causent pourtant la mort d’environ 2 000 personnes par jour ?!? Nous sommes donc dans la dernière ligne droite de ce processus historique qui a officiellement commencé aux Nations Unies en 2006. Il est de notre responsabilité de faire en sorte que les Etats arrivent le 2 juillet à New-York avec des positionnements qui placent les droits humains avant la politique et les intérêts financiers. Dans le monde arabe qui connaît depuis plusieurs mois des révoltes trop souvent réprimées par la force des armes, la société civile refuse le statut de victime et s’active en faveur d’un traité fort et efficace, un traité qui sauve des vies et protège les populations. De retour dans leurs pays respectifs, ces ONG vont entreprendre d’autres actions de mobilisation et de sensibilisation pour faire entendre leurs voix encore plus fort. Les ONG qui ont lancé la campagne à Beyrouth : Club des démocrates algériensLigue algérienne pour la defense des droits de l’hommeEgyptian initiative for personal rightsPermanent peace Movement, LibanTunisie libreBahrein human rights societyHisham Mubarak law center, EgyptThe Egyptian center for economic and social rightsThe Arabic network for human rights information, Egypt

« En octobre 1988, l’armée algérienne a tué 500 citoyens par balles réelles alors qu’ils manifestaient pacifiquement pour demander leurs droits démocratiques. Mon pays a ensuite connu une décennie noire où des soldats ont été tués par diverses armes classiques. En 2001, 128 jeunes ont été tués en Kabylie. Ainsi, une utilisation incontrôlée des armes est un danger tant pour l’Etat que pour le peuple. » _ Abdou Bendjoudi, militant pour la démocratie et les droits de l’homme, Club des démocrates algériens, une des ONG participant à la campagne Control Arms dans la région.