Traité sur le commerce des armes : la suite des négociations vue du Liban

Sonia Nakad, de l'ONG Permanent Peace Movement était aux Nations unies en juillet 2012 pour suivre les négociations qui auraient dû aboutir à la signature du premier Traité international sur le commerce des armes.
Elle revient sur ces quelques semaines passées dans les coulisses de négociations internationales et l'affirme avec force : le combat continue !

Sur un plan personnel, quel bilan tirez-vous de ces trois semaines à New York, pendant les négociations finales ?

Permanent Peace Movement suit les négociations du TCA depuis plusieurs années, mais pour moi, c'était une première ! Je n'avais jamais assisté à des négociations aux Nations unies. C'était extrêmement intéressant d'observer la dynamique des négociations, aussi bien à l'intérieur des salles de réunions, qu'à l'extérieur, notamment lors des rencontres entre les délégations diplomatiques et les ONG. L'expertise sur le dossier joue un grand rôle bien sur, mais les relations personnelles aussi. A mon arrivée, je me suis vite rendue compte qu'autour de moi, tout le monde se connaissait ! A force de se côtoyer pendant les années de négociations qui ont été nécessaires pour en arriver là… des liens se tissent ! Au début, j'ai donc beaucoup observé, pour repérer les "personnes clés", en particulier dans les délégations arabes, mais aussi pour identifier les meilleures façons de faire passer nos messages, en fonction des interlocuteurs, voir qui allait être plus sensible à quel argument par exemple.

Comment se poursuit votre travail de plaidoyer depuis cet été ?

Ces trois semaines à New York ont été une opportunité unique de rencontrer d'autres ONG, de nouer des contacts. Aujourd'hui, nous pouvons travailler ensemble pour mener nos actions de plaidoyer conjointement, partager nos contacts, nos analyses… Sur le contrôle du commerce des armes bien sur, mais aussi sur les autres sujets sur lesquels nous travaillons. Côté décideurs, nous avons aussi beaucoup appris : qui est réceptif à nos messages et pourra potentiellement influencer d'autres décideurs dans ce sens, par quel angle aborder le sujet avec nos différents interlocuteurs… Ce sont des informations très précieuses pour la suite de notre travail.

Et la mobilisation citoyenne ?

Les pays arabes sont en plein ébullition, cette situation complexe et explosive rend l'opinion publique peu réceptive aux enjeux du contrôle du commerce des armes. Nous avons pu sensibiliser un certain nombre de citoyen-ne-s en juillet et en amont, mais pas autant que nous l'aurions voulu ! Bien souvent, le traité est compris comme un texte visant à interdire purement et simplement le commerce des armes, même par des journalistes. Nous allons donc continuer notre travail d'explication et de décryptage auprès des médias et du grand public, notamment sur la partie arabe du site controlarms.org, et bien sur à travers les réseaux sociaux. On sait que ça n'est pas évident, pas facile, mais nous sommes convaincus qu'il faut continuer à nous battre pour obtenir un Traité sur le commerce des armes fort et ambitieux, qui puisse réellement sauver des vies. Ça a été le cas pour tous les autres grands textes du Droit international : au début c'est difficile, il y a des résistances, mais nous finirons par obtenir gain de cause !

Aller plus loin

En savoir plus sur le contrôle du commerce des armesDécouvrir Permanent Peace Movement
Permanent Peace Movement est en train de préparer un rapport, centré sur la région Moyen-Orient / Maghreb, qui exposera en quoi un TCA est nécessaire et détaillera les positions des différents pays sur le sujet.