CAC40 : les inégalités femmes-hommes persistent

Au sein des grandes entreprises du CAC40, les inégalités femmes-hommes sont légion. Non seulement les femmes sont sous-représentées dans les postes à responsabilités mais elles sont également moins bien payées à poste et compétences égales.

Il est urgent de lutter contre ce modèle sexiste afin de construire l’entreprise du monde d’après : une entreprise dans laquelle la lutte contre les inégalités femmes-hommes est prioritaire.

Femmes au sein du CAC40 : les grandes absentes des instances de direction

Actuellement, aucune femme n’est à la tête d’une entreprise du CAC40 ! Seules deux femmes ont récemment occupé le poste de directrice générale au sein du CAC40 : Ilham Kadri, PDG de l’entreprise belge Solvay, et Isabelle Kocher, qui occupait ce poste pour Engie. Cette tendance semble aujourd’hui être la norme au sein des grandes françaises et traduit parfaitement le plafond de verre auquel se heurtent les femmes tout au long de leur carrière.

Cette faible présence des femmes à la tête de grandes entreprises ne fait qu’alimenter les stéréotypes et préjugés selon lesquels elles sont moins aptes à diriger. Même constat aux autres niveaux de direction ! Selon une enquête du Point, la part des femmes dans les instances de direction des entreprises du CAC40 est de 18,4%, alors qu’elles représentent 32% des cadres et 48% des effectifs.

En 2019, 5 entreprises n’avaient aucune femme dans leurs instances de direction (Arcelor, Bouygues, STMicroelectronics, Vinci et Vivendi) et aucune des entreprises du CAC40 n’avait atteint la parité au sein des comités exécutifs. Le meilleur élève est aujourd’hui Danone, avec 42,9% de femmes y siégeant.

En France, l’adoption de la loi Copé-Zimmerman en 2011 a obligé les grandes entreprises à monter progressivement à 40% la part des femmes au sein des conseils d’administration. Cette part a ainsi quadruplé entre 2009 et 2018, passant de 10% à 44%, prouvant l’efficacité des quotas. Certaines entreprises dont les sièges sociaux sont hors de France, comme Arcelor ou Airbus, échappent toutefois à la règle. Il est désormais nécessaire d’étendre ces quotas aux instances de direction où la représentation des femmes reste inférieure à 20% et de renforcer les sanctions pour les entreprises ne respectant pas le principe d’égalité.

Les femmes dans le monde professionnel, plus précaires et moins bien payées

Si les femmes sont encore aujourd’hui trop peu présentes dans les instances dirigeantes des entreprises du CAC40, elles sont à l’inverse surreprésentées dans les métiers les plus précaires et les moins bien rémunérés. En France, elles occupent 78% des emplois à temps partiel et 70% des CDD et des intérims.

À cela s’ajoutent les inégalités salariales. Les hommes restent encore rémunérés en moyenne 28,5 % de plus que les femmes, selon une récente étude de l’INSEE (juin 2020). A poste et compétences égales, l’écart salarial est de 9 %.
Pour combattre ce modèle inégalitaire, il est indispensable de revaloriser les métiers à prédominance féminine. Cela passe en priorité par :

  • Une augmentation des rémunérations dans les secteurs où les femmes sont surreprésentées, notamment les métiers du soin (santé, éducation, aide à la personne, propreté…)
  • Un allongement significatif du congé paternité pour réduire les discriminations que subissent les femmes au cours de leur carrière

Retrouvez le dernier rapport d’Oxfam France sur le partage des richesses et les inégalités au sein du CAC40.

Je découvre le rapport

 

Les limites de l’Index d’Égalité Professionnelle

Depuis 2018, la loi oblige les entreprises de plus de 1000 salarié-e-s à publier un score d’égalité professionnelle, sur la base de plusieurs indicateurs notamment les écarts de salaires entre femmes et hommes et la part des femmes parmi les plus hautes rémunérations. Un score sur 100 est alors alloué à chaque entreprise. Si ce dispositif fait entrer les inégalités femmes-hommes dans les préoccupations des entreprises, l’exercice a ses limites. En effet, le détail des résultats par indicateur n’est pas rendu public et les modalités de calcul laissent, selon certaines centrales syndicales, de larges marges de tolérance aux entreprises.

Lors de la première année d’application, en 2018, plus d’un quart des entreprises du CAC40 ont ainsi obtenu une note supérieure à 90 points, soit une « très bonne note » et trois quarts d’entre elles dépassaient les 80 points – une note considérée comme satisfaisante. Pourtant, dans la réalité, une entreprise comme STMicroelectronics, bien qu’affichant un score de 87/100, n’a aucune femme qui siège au sein de son comité exécutif ! L’entreprise Capgemini affiche quant à elle un score de 94/100 alors qu’une seule femme siège au sein de son comité de direction générale, sur 11 membres.

Mobilisez-vous en interpellant les grandes entreprises

Face à l’urgence sociale et écologique, il est temps que les entreprises du CAC40 passent aux actes concrets ! Pour faire bouger les lignes, dévoilez leur double jeu et interpellez-les directement.

J’interpelle le CAC40