Pourquoi L’Union Européenne peut être une solution pour faire avancer les droits des femmes ?

A quelques mois des élections européennes, Oxfam France a publié un nouveau rapport intitulé « Une Europe féministe ? ». Avec la montée annoncée de l’extrême droite aux prochaines élections, nous alertons sur le fait que les droits des femmes et droits LGBTQIA+ sont menacés en Europe et que l’Union Européenne doit alors lutter contre les inégalités femmes-hommes.

L’égalité de genre, un combat loin d’être gagné en Europe

Des crises successives qui fragilisent l’égalité femmes-hommes

Malgré les récents progrès en terme d’égalité de genre au sein de l’Union Européenne, les injustices entre les femmes et hommes restent criantes. Pour preuve : il faudrait attendre 2082 avant de connaitre l’égalité entre les femmes et les hommes en Europe.

Les progrès ont été ralentis par la succession des récentes crises. La crise du Covid-19 a mis en lumière le fait que les inégalités femmes-hommes étaient encore particulièrement ancrées dans nos sociétés.

La montée des mouvements conservateurs laisse planer la menace d’un recul des droits

La montée des mouvements conservateurs partout en Europe fait également peser une grande menace sur les droits des femmes. Par exemple, en Italie, le nombre d’avortement ne cesse de diminuer depuis 1978 tandis que le nombre d’avortements clandestins restent stable. Cette situation s’explique notamment par le fait que 64,6% des gynécologues italiens sont objecteurs de conscience et entravent ainsi l’accès à l’avortement. En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orbán restreint les droits des LGBTQIA+, après des décennies de progrès, à travers l’instauration d’une nouvelle constitution en 2011 qui reconnaît uniquement le mariage hétérosexuel.

Lors des prochaines élections européennes en juin, l’extrême-droite est en phase de remporter de nombreux sièges supplémentaire au sein du Parlement Européen. Or, comme nous l’étudions dans notre rapport « Une Europe féministe ? », les groupes politiques d’extrême-droite votent systématiquement contre les mesures favorables aux droits des femmes.

Du côté de la France, les votes des députés européens issus de l’extrême droite française montrent que le Rassemblement national, Reconquête et divers extrême droite ont constamment rejeté les textes progressistes sur les droits des femmes au Parlement européen ou se sont abstenus.

L’Union Européenne peut faire avancer les droits des femmes et elle l’a déjà fait

L’Union Européenne prend donc chaque jour des mesures clés qui ont un impact sur nos vies. Une stratégie ambitieuse d’égalité de genre a été adoptée en 2020, fixant les objectifs des institutions européennes sur le sujet jusqu’à 2025. Ainsi, depuis 2019, l’Union Européenne a adopté 3 directives clés pour faire avancer les droits des femmes :

  • La directive sur l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée : cette directive vise à favoriser l’accès à l’emploi aux femmes. Le texte a notamment établi des normes minimales en matière de congé de paternité.
  • La directive concernant la féminisation des conseils d’administration : elle fixe des objectifs pour féminiser les conseils d’administration des sociétés cotées en bourse. Ainsi, les femmes doivent représenter au moins 40 % des membres des conseils d’administration.
  • La directive sur la transparence des rémunérations : la directive prévoit que les entreprises d’au moins 100 salarié·e·s publient les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes.

Ces décisions sont autant de preuves que l’Union Europe peut garantir les droits des femmes si elle en a la volonté, mais son engagement sur le sujet reste encore insuffisant et doit aller plus loin.

L’action de l’Union Européenne en matière d’égalité de genre reste encore insuffisante

L’Union Européenne n’est pas encore à la hauteur des besoins pour lutter efficacement aux inégalités de genre. Les plus gros budgets de l’Union Européenne continuent de négliger les femmes et ne permettent pas de lutter efficacement contre les inégalités femmes-hommes.

  • Le Green deal – qui est une série de mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’Union Européenne – oublie d’apporter des solutions spécifiques aux femmes alors qu’elles sont les premières victimes des changements climatiques.
  • La Politique Agricole Commune qui représente près d’un tiers du budget de l’Union Européenne n’a aucun de ses 10 objectifs principaux spécifiquement dédié au genre alors qu’on sait que les agricultrices subissent de plein fouet les inégalités de genre.

Nous demandons alors d’intégrer systématiquement la dimension du genre dans toutes les pratiques institutionnelles et les lois de l’Union Européenne. L’avancée pour les droits des femmes n’est pas uniquement un chantier à mener à part mais bien un critère à prendre en compte dans toutes nos décisions.  

L’Union Européenne a également le pouvoir de soutenir les féministes partout dans le monde à travers sa politique étrangère. Or, dans ce domaine, elle failli à sa mission. En effet, les financements dédiés aux organisation féministes des Suds sont incroyablement maigres. En 2022, l’Union Européenne avait mobilisé 27.5 millions d’euros pour les organisations féministes des Suds – soit l’équivalent de 6 centimes par citoyen·n·e européen·n·e. Pourtant, les organisations féministes sont en première ligne pour faire progresser les droits des femmes : les soutenir est indispensable.    

L’Europe peut donc faire avancer les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, mais elle doit aller plus loin. A l’heure où les différents groupes politiques du Parlement Européen restent encore fortement divisés sur les questions d’égalité de genre, nous devons imposer un agenda féministe au sein des institutions européennes.

Elections européennes : aux urnes !

Le 9 juin prochain, déposons un bulletin féministe dans les urnes. Votons pour lutter contre les inégalités de genre mais aussi contre la pauvreté, contre les inégalités économiques ou contre les changements climatiques car lutter pour l’égalité de genre est un combat qui profite à toutes et tous.

Comprendre ces élections