“J’aimerais que l’hypocrisie cesse et qu’on mette les moyens là où il faut, car les solutions, on les connaît ”

Fleur Rizza Tételain est, étudiante. Elle est bénévole au sein du Programme Jeunes d’Oxfam France et militante féministe intersectionnelle. Fleur, s’engage au quotidien pour un monde plus égalitaire

D’où vous vient cette volonté de vous engager pour la cause féministe ? Avez-vous été inspirée par des personnes en particulier ?

C’est ma belle-mère qui m’a d’abord sensibilisée à ces sujets quand j’étais adolescente. Elle postait souvent des articles féministes sur Facebook. Puis, à la fac, j’ai rencontré des personnes plus engagées, plus militantes. J’ai ensuite fait un service civique pour une ONG qui travaille pour les femmes entrepreneures, du bénévolat dans une association à Paris pour le droit des femmes exilées ou participé à certaines actions de collage. Après avoir lu quelques ouvrages et échangé avec d’autres militantes, j’ai affiné mes connaissances et je me suis questionnée sur les féminismes. En fait, ce sont plein de petites choses qui se sont ajoutées au fur et à mesure. Je n’ai pas un militantisme accompli, dans le sens où j’aimerai être encore plus présente dans les actions de rues, dans les collectifs, mais c’est quelque chose que je souhaite développer d’avantage. 

Pouvez-vous nous donner des exemples d’actions que vous réalisez au quotidien ?

Je suis bénévole dans plusieurs structures et collectifs et, professionnellement parlant, j’ai choisi d’évoluer dans le monde des ONG et de la coopération. J’essaye d’être présente dans le plus d’actions et de manifestations possible. 

À titre personnel, je partage beaucoup de choses sur les réseaux sociaux, sur plusieurs sujets politiques et militants. Si rien qu’avec une publication, je peux faire réfléchir une personne, c’est déjà ça. Mais surtout, j’essaye de ne jamais être politiquement correcte avec ma famille, mes ami·e·s et les gens que je croise. Dans les débats, je ne laisse pas passer grand-chose quand j’entends des remarques qui me semblent problématiques : j’essaye de faire évoluer les mentalités dans mon entourage. 

Quelle est votre vision de l’engagement de la jeune génération?

Je suis assez confiante et admirative, car j’ai l’impression que les plus jeunes (y compris des garçons) s’engagent. Je n’étais pas si consciente et révoltée à leur âge. Quand je vois par exemple que, malgré tous les débats stériles sur les crop tops, les jeunes filles sont allées au collège et au lycée habillées comme elles le souhaitaient, qu’elles ont fait des actions de sensibilisation, je suis optimiste. Il en est de même pour la transidentité : je suis fière que des enfants et adolescent.e.s prennent leur place. Même si le chemin est encore long, je suis reconnaissante de ce qui se passe chez les plus jeunes. 

 Selon vous, en quoi un plan de relance féministe est indispensable ?

C’est primordial, déjà pour lutter contre les inégalités salariales. Rappelons que les femmes, à travail et à diplômes égaux, perdent plus d’un mois de salaire sur l’année comparativement aux hommes. C’est aussi indispensable pour tout ce qui est relatif au congé paternité par exemple : il faut l’imposer, le rendre obligatoire. Parce que les inégalités en termes de charge mentale se creusent dès les premiers jours du bébé. 

J’aimerais aussi que ce ne soit pas un plan de relance envisagé d’un point de vue seulement économique mais aussi social. Il faut une véritable prise en charge des plaintes et une réelle protection des femmes qui se sont manifestées auprès des services judiciaires. On le voit avec tous les féminicides : dans la plupart des cas, les femmes avaient déjà parlé de leurs difficultés, les maris avaient déjà été condamnés. En Espagne, ils ont réussi à diminuer le taux de féminicides grâce à des engagements concrets il y a plusieurs années. Si leur gouvernement a réussi, je ne vois pas pourquoi le nôtre n’y arriverait pas. 

Qu’attendez-vous d’un sommet tel que le Forum Génération Égalité, dont l’objectif principal est de lancer un ensemble d’actions concrètes afin de réaliser des objectifs en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, en matière d’égalité femmes-hommes ?

Ce que j’attends de ce sommet, c’est qu’on arrête l’hypocrisie. Je préfèrerais presque qu’on me dise « Cette année, on ne pourra pas investir dans la lutte contre les inégalités de genre », plutôt que de faire de grands discours et par la suite supprimer des fonds, des droits, etc. Ça, c’est épuisant. Autant politiquement, on peut ne pas être d’accord, mais je n’en peux plus de ce manque de respect démesuré de la part de nos politiques et nos institutions.

En ce qui concerne mes attentes, je ne peux pas dire que je n’en ai pas, parce qu’il y a plein de choses que j’aimerais voir se mettre en place. J’aimerais que notre gouvernement mette les moyens là où il faut, parce que les solutions, on les a, on les connaît. Cependant, je n’attends plus grand-chose de l’État. 

Une citation qui me parle malheureusement beaucoup c’est de dire que j’en ai marre de passer plus de temps à démontrer l’existence de discriminations plutôt qu’à lutter contre elles.

Pour un plan de relance féministe

Pour que les femmes et les générations futures ne voient pas leur situation se dégrader mais bien progresser, nous demandons à la France, à l’occasion du Forum Génération Égalité et dans les mois qui suivent, d’adopter un plan de relance féministe.

Je signe !