Savez-vous quelles sont les trois entreprises les plus polluantes en France ? Ce sont trois banques ! Lorsque l’on s’efforce d’adopter des comportements éco-responsables, on pense rarement à l’impact de notre argent sur le climat. Pourtant, notre compte bancaire, lui aussi, pollue !
Rencontre avec Alexandre Poidatz, Chargé de plaidoyer Finance et Climat à Oxfam France.
Alexandre, pourquoi Oxfam travaille sur l’impact des banques sur le climat ?
Alexandre : Les banques sont au cœur de l’économie. Par les choix d’investissements ou de financements qu’elles font, c’est tout un modèle de société qu’elles façonnent. Avec l’épargne des particuliers placée sur leurs comptes, les banques investissent massivement dans les industries polluantes et les énergies fossiles. En apportant des soutiens financiers à des entreprises, projets, particuliers ou États, en France ou à l’international, elles soutiennent des activités économiques fortement émettrices de gaz à effet de serre. Ainsi, l’empreinte carbone des grandes banques françaises représente près de huit fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière. Les trois premières banques françaises – BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale – ont même chacune une empreinte carbone supérieure à celle du territoire français !
En quoi consiste ce travail ?
Chez Oxfam, nous sommes convaincus que pour changer les choses durablement face à l’urgence climatique, il faut agir à la racine. Nous travaillons depuis plusieurs années pour mesurer et mettre en lumière l’impact considérable des banques et des grandes entreprises sur le climat. En menant un travail de recherche précis et régulier sur les ravages écologiques de la finance, nous pouvons sensibiliser l’opinion publique et mettre la pression sur les décideurs politiques sur cette situation alarmante.
Quelles sont les demandes d’Oxfam ?
Nous militons pour une vraie transformation du modèle des banques. Les simples appels des responsables politiques et les engagements volontaires sont loin d’être à la hauteur et ne permettront pas d’atteindre les objectifs environnementaux… C’est pourquoi nous demandons à l’Etat d’inscrire une obligation légale – éco-responsabilité – pour les grandes entreprises de se conformer à une trajectoire contraignante de réduction de leur empreinte carbone et de sortie de leurs activités polluantes sous peine de sanctions financières.
Face à l’inaction du gouvernement sur ce sujet, depuis plusieurs années nous discutons également directement avec les acteurs du secteur bancaire, pour les convaincre de prendre eux-mêmes des engagements pour cesser de financer les énergies fossiles par exemple.
Nous demandons à l’Etat d’inscrire une obligation légale – éco-responsabilité – pour les grandes entreprises de se conformer à une trajectoire contraignante de réduction de leur empreinte carbone.
Est-ce qu’il y eu des avancées ?
Oui, il y en a eu. Malheureusement, aujourd’hui encore l’Etat refuse de prendre des mesures pour réguler les émissions des grandes entreprises et du secteur bancaire. En revanche, plusieurs banques ont pris des engagements forts ces dernières années. Toutes les grandes banques françaises se sont engagées à ne plus financer ou investir dans des entreprises ou projets dans le secteur du charbon. En octobre 2021, la Banque Postale a été la première banque au monde à s’engager à sortir complètement des énergies fossiles d’ici 2030 ! C’est le résultat de plusieurs années de travail avec nos partenaires, notamment les Amis de la Terre.
Que peut-on faire en tant que citoyen·ne ?
Nous avons toutes et tous un compte en banque : pour commencer, vous pouvez télécharger l’application Rift, qui vous permet d’évaluer l’utilisation qui est faite de votre argent par les acteurs financiers, ainsi que ses impacts environnementaux. Cette application vous permet également d’interpeller votre conseiller bancaire : un moyen direct et concret de faire changer les banques pour le climat !
Interpeller votre conseiller bancaire est un moyen direct et concret de faire changer les banques pour le climat !
