Tribunal sur le changement climatique au Bangladesh : la mer a pris mon mari

Le projet "{Climate hearings}" (Les voix du climat) donne l’occasion aux victimes du changement climatique de faire entendre leur voix à l’échelle locale, nationale et internationale dans le cadre d’événements publics. En 2009, Oxfam a organisé des "audiences" sur le climat dans plus de 36 pays, impliquant plus de 1,6 millions de personnes. D’autres "tribunaux climatiques" ont eu lieu en 2010, notamment au Bangladesh, le 8 novembre.

Billet de inlay Gree, bénévole pour Oxfam Grande Bretagne Quatre personnes, toutes victimes du changement climatique, ont témoigné devant un jury. Mamtaz Begum, une femme venue de Barguna, sur la côte sud du Bangladesh ravagée par un cyclone, est le premier témoin à monter sur la scène. _ La salle est comble. Plus de 1 200 personnes sont présentes. Elle semble terrifiée mais déterminée. "En 1999, commence-t-elle, la mer a pris mon mari. Il n’est plus jamais rentré à la maison. A l’époque, j’avais 24 ans." Elle fait une pause et soudain éclate en sanglots. On voit bien qu’elle a du mal à parler de tout cela et pourtant sa voix porte jusqu’au fond de la salle. "Mon fils aîné a dû travailler à l’âge de sept ans comme laboureur pour 20 Taka (environ 20 centimes de dollar) par jour pour nourrir notre famille. J’ai dû commencer à mendier." Dans la salle, plusieurs personnes essuient leurs larmes. La voix brisée, elle poursuit : "Je ne peux pas nourrir mes quatre enfants". Plus de 10 ans se sont écoulés depuis qu’elle a perdu son mari et pourtant, peu de choses ont changé. _ Les catastrophes et la destruction me sont toujours parvenues au travers du filtre de la télévision. Maintenant, je suis là et je l’entends dire quelque chose de totalement différent. On ne peut pas changer de chaîne. Elle n’est pas seulement une autre personne dans la misère filmée par la télévision, elle est Mamtaz Begum et tout ce qui va avec, une personne avec une histoire et une vie en dehors des caméras et des interviews. Le mari de Mamtaz est mort lors d’une tempête très violente, imprévisible et soudaine, un phénomène récent dans la Baie du Bengale. Un rapport de recherche (c, en anglais) dirigé par un scientifique international spécialiste du climat a été remis au tribunal comme preuve. Il indique que le réchauffement des températures à la surface de la mer provoque des tempêtes plus imprévisibles, plus fréquentes et plus éphémères que par le passé. Mamtaz nous explique que son mari a toujours été prudent. Mais l’alerte à la tempête est arrivée trop tard cette fois-là. A 24 ans, Mamtaz est devenue une jeune veuve mère de quatre enfants, à cause du changement climatique. C’est aujourd’hui que cela se passe, avec en première ligne des personnes comme Mamtaz qui, jusqu’à présent, sont largement livrées à elles-mêmes.

En savoir plus

es conséquences du changement climatique dans le village de Mamta[Le projet Climate Hearings->http://www.oxfam.org/fr/campaigns/climatechange/climate-hearings][Le tribunal climatique de New Delhi->Tribunal-sur-le-changement,969], le 16 novembre 2010 – [Notre dossier sur le sommet des Nations-unies pour le climat à Cancùn->Conference-de-Cancun,946], _ 29 novembre – 10 décembre 2010
 
||Communiqué envoyé dans le cadre d’une campagne lancée en septembre 2009 sur la lutte contre le changement climatique et réalisée avec l’aide financière de l’Union européenne. Le contenu de cette campagne relève de la seule responsabilité d’Oxfam France et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.|